Lionel Naccache met en lumière certaines propriétés majeures du fonctionnement de la mémoire, étudiées et établies depuis le XIXe siècle.
Il rappelle la différence entre deux grands types de mémoire, l’une consciente, concernant les épisodes de notre vie, l’autre engrangeant des apprentissages gestuels, et montre que cette dernière persiste, et peut s’accroître, même si la première se détériore et dé[1]cline. En fait, parler de « la » mémoire humaine est une erreur.
Mieux vaut parler « des » mémoires, distinctes par leur processus et leur organisation. Son analyse débouche sur une série de conseils pra[1]tiques pour maintenir et améliorer les relations avec les personnes dont la mémoire flanche.
On dénombre aujourd’hui une dizaine de systèmes mnésiques différents et relativement indépendants qui concourent à façonner ce que nous appelons, d’un mot, notre « mémoire » : mémoire épisodique consciente de notre existence, mémoire sémantique, mémoire émotionnelle par conditionnement, mémoire procédurale, mémoires sensorielles aussi nombreuses que nos différents sens, etc. […]
L’une des conséquences de cette découverte est l’importance à attribuer à nos différentes formes de mémoire lorsqu’il s’agit de rééduquer ou d’accompagner un patient qui souffre d’une maladie neurologique qui affecte notamment l’une d’entre elles.
À commencer par l’attention allouée aux formes de mémoire implicites et non conscientes chez les patients atteints d’une maladie d’Alzheimer.
Il est possible de dégager des repères de navigation [pour] maintenir, malgré les affres de la maladie, une relation singulière du moment présent avec la personne qui nous fait face…
Ne pas chercher la confrontation à tout prix avec ce qui échappe au patient ou avec ses faux souvenirs, ses fabulations, ses idées interprétatives plus ou moins persécutées ; mais ne pas s’interdire non plus de connecter la personne à des éléments clés de son identité subjective lorsque cela fait sens dans l’échange avec elle ou lui ; se laisser guider par la réaction du patient ; prendre en compte l’oubli –et l’oubli de l’oubli–, qui participe à l’intensité émotionnelle de la réaction du fait que le patient semble découvrir pour la première fois ses failles mnésiques ;
[…]
Garder à l’esprit qu’un ensemble de traces implicites, notamment de la posture de gentillesse ou pas des soignants, va continuer à alimenter la vie mentale consciente du patient, même sans qu’il se souvienne explicitement des scènes vécues avec eux ;comprendre qu’à chaque instant la situation ou le contexte peuvent imprimer des sortes d’injonctions au patient qui est amoindri dans sa faculté projective. […] ».
Il rappelle la différence entre deux grands types de mémoire, l’une consciente, concernant les épisodes de notre vie, l’autre engrangeant des apprentissages gestuels, et montre que cette dernière persiste, et peut s’accroître, même si la première se détériore et dé[1]cline. En fait, parler de « la » mémoire humaine est une erreur.
Mieux vaut parler « des » mémoires, distinctes par leur processus et leur organisation. Son analyse débouche sur une série de conseils pra[1]tiques pour maintenir et améliorer les relations avec les personnes dont la mémoire flanche.
On dénombre aujourd’hui une dizaine de systèmes mnésiques différents et relativement indépendants qui concourent à façonner ce que nous appelons, d’un mot, notre « mémoire » : mémoire épisodique consciente de notre existence, mémoire sémantique, mémoire émotionnelle par conditionnement, mémoire procédurale, mémoires sensorielles aussi nombreuses que nos différents sens, etc. […]
L’une des conséquences de cette découverte est l’importance à attribuer à nos différentes formes de mémoire lorsqu’il s’agit de rééduquer ou d’accompagner un patient qui souffre d’une maladie neurologique qui affecte notamment l’une d’entre elles.
À commencer par l’attention allouée aux formes de mémoire implicites et non conscientes chez les patients atteints d’une maladie d’Alzheimer.
Il est possible de dégager des repères de navigation [pour] maintenir, malgré les affres de la maladie, une relation singulière du moment présent avec la personne qui nous fait face…
Ne pas chercher la confrontation à tout prix avec ce qui échappe au patient ou avec ses faux souvenirs, ses fabulations, ses idées interprétatives plus ou moins persécutées ; mais ne pas s’interdire non plus de connecter la personne à des éléments clés de son identité subjective lorsque cela fait sens dans l’échange avec elle ou lui ; se laisser guider par la réaction du patient ; prendre en compte l’oubli –et l’oubli de l’oubli–, qui participe à l’intensité émotionnelle de la réaction du fait que le patient semble découvrir pour la première fois ses failles mnésiques ;
[…]
Garder à l’esprit qu’un ensemble de traces implicites, notamment de la posture de gentillesse ou pas des soignants, va continuer à alimenter la vie mentale consciente du patient, même sans qu’il se souvienne explicitement des scènes vécues avec eux ;comprendre qu’à chaque instant la situation ou le contexte peuvent imprimer des sortes d’injonctions au patient qui est amoindri dans sa faculté projective. […] ».