Disparition d’Annie Girardot : une grande actrice atteinte par la maladie d’Alzheimer

L’actrice Annie Girardot est décédée cette semaine à l’âge de 79 ans. Cela faisait plus d’une dizaine d’années que cette talentueuse comédienne était atteinte d’Alzheimer. Une maladie qu’elle n’a jamais cachée. D’ailleurs, en 2008, le reportage de Nicolas Baulieu intitulé « Ainsi va la vie » montrait le combat de l’artiste contre cette pathologie. Sa fille, Giulia Salvatori, a créé une association baptisée Agir pour Alzheimer qui vise à venir en aide aux aidants.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 03/03/2011

Avec Annie Girardot, toute une époque du cinéma français et italien disparait… 50 ans de carrière. Plus de 150 films. Trois Césars. Une grande artiste touchée depuis plus de dix ans par la maladie d’Alzheimer –dont elle était devenue finalement un symbole- s’en est allée cette semaine…

Petit retour sur les documents relatifs à l’actrice et à sa maladie. Tout d’abord, « Ainsi va la vie » de Nicolas Baulieu : le 21 septembre 2006, la famille d'Annie Girardot révèle que la comédienne est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Cette annonce, qui bouleverse la France entière, met fin à un long silence. Car depuis dix ans, Annie se bat en secret et en silence contre cette pathologie neurodégénérative. Pendant plusieurs mois, grâce à la confiance que son entourage et Annie elle-même accordent au réalisateur Nicolas Baulieu et une équipe de journalistes ont pu la filmer, la rencontrer, lui parler, l'accompagner à tous les stades de ce combat... Dans ce reportage, la comédienne a cette phrase bouleversante : « les films que j'ai tournés, les hommes que j'ai aimés, c'est la belle histoire de ma vie, sauf que maintenant… vous la connaissez mieux que moi ».

En plus de ce beau documentaire, citons également deux ouvrages. Tout d’abord, « Annie Girardot, la mémoire de ma mère », livre écrit par sa fille Giulia Salvatori en 2007. Extrait : « - Maman, tu n'es vraiment pas gentille avec moi ! Un frisson m'a parcourue. Elle faisait des mots croisés sur la table de la cuisine et c'est à moi, sa fille, qu'elle s'adressait ainsi. Dehors resplendissait le ciel toujours bleu de Sardaigne... - Comment m'as-tu appelée ? - Maman, pourquoi ? - Mais maman... C'est toi ma maman ! ». Depuis cette scène, Giulia Salvatori accompagne sa mère dans l’évolution de sa maladie.

Autre livre : « Annie te souviens-tu » de son secrétaire Léo Bardon en 2009. C'est l'histoire d'Annie et de Léo. Elle, c'est Annie Girardot. Elle est de ce monde, mais dans un pays étrange et cruel, dans un pays qui fabrique de l'oubli prématuré, en accéléré : Alzheimer. Lui, c'est Léo Bardon. Il était l'assistant personnel de l'actrice, un statut qui, face à la maladie, a dû évoluer. Aujourd'hui, il est vivant, mais un peu mort aussi. Amoché par un long combat dont il est sorti K.-O. A présent, dans le silence tonitruant de son absence, il parle d'elle, des dernières années passées à ses côtés, avant la maison de retraite, quand elle se souvenait et puis après, lorsque tout a commencé à s'effacer. C'est donc l'histoire d'Annie et de Léo qui s'amusent de la vie et défient la mémoire, c'est aussi celle d'Alzheimer qui gagne chaque jour un peu plus de terrain...

Rappelons également que la fille d’Annie Girardot a créé une association, Agir pour Alzheimer, qui a pour but de développer le soutien à l'entourage des malades.

Enfin, voici l’hommage rendu par Frédéric Mitterrand, ministre de la culture à Annie Giradot.
« C’est un moment douloureux pour le cinéma qui perd l’une de ses grandes étoiles, mais aussi pour le public, avec qui elle entretenait une longue et chaleureuse complicité.

L’admirable combat qu’elle menait contre la maladie en continuant à jouer (tourné en Russie, le film « Les brasseurs d’affaires » marquait ses 50 ans de carrière), nous l’aura montrée fidèle jusqu’au bout à son amour du cinéma. Elle fut une immense comédienne, bien sûr, mais aussi une dame au grand coeur, une femme engagée et volontaire à tous les âges de sa vie et de sa carrière.

Inoubliable Nadia dans « Rocco et ses frères », l’un de ses plus grands rôles en 1960, bouleversante Gabrielle Russier dans « Mourir d’aimer », elle s’était dédiée, à sa manière franche et originale, tour à tour bouffonne et dramatique, à la cause du féminisme : « La proie pour l’ombre » d’Alexandre Astruc, « Vivre pour vivre » de Lelouch, « Elle cause plus, elle flingue » d’Audiard, et tant d’autres comédies devenues des morceaux d’anthologie.

Annie Girardot incarnait un type d’héroïne moderne, fonceuse et frondeuse, qui séduisait autant qu’elle fascinait. Assez osée pour rechercher les métiers et les rôles les plus durs -chauffeur de taxi, médecin, commissaire de police – elle touchait encore à la parfaite vérité du jeu d’actrice en mère abusive dans « La Pianiste » de Michael Haneke en 2001. Avec sa gouaille généreuse, sa simplicité communicative et sa voix si caractéristique, elle était une actrice extraordinairement populaire.

Trois César, plus de 150 films, un rôle fétiche interprété au théâtre pendant près de trente ans, « Madame Marguerite » : la grande carrière d’Annie Girardot est semée de lauriers, de bonheurs mais aussi de moments de fragilité et d’émotion. Sa déclaration d’amour au cinéma, lors de la cérémonie des César en 1996, l’ovation dont elle fut suivie, resteront une manifestation inoubliable de son extraordinaire et généreux charisme. Elle a brûlé les planches comme elle a brûlé la vie : avec l’humanité et la profondeur dramatique qui plaisaient tant au public
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