Les aidants ont besoin d'être pris par la main pour réussir à souffler

Directrice du développement de Nouveau Souffle, Hélène de Chantérac, coach professionnelle, est à l’écoute des aidants depuis dix ans, dans le cadre de protocoles d'accompagnement sur mesure, basés sur les neurosciences et des techniques de coaching.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 13/12/2024

Quelle est votre approche pour permettre à l’aidant de réaliser son besoin de répit ?
Beaucoup d'aidants arrivent au premier rendez-vous complètement épuisés, sentant qu’ils vont raquer.
 
Il faut vraiment les prendre par la main pour les laisser exprimer ce qui peut être lourd. Il y a un réel manque de conscience de leur besoin de souffler, avec souvent un sentiment de culpabilité.
 
Nous les questionnons sur ce qui les fatigue le plus : la gestion des nuits, la toilette de leur proche, la charge nerveuse due aux troubles comportementaux, etc…
 
Nous essayons, avec eux, de trouver les solutions à mettre en place pour réduire cette fatigue. Qu’il s’agisse de la mobilisation de professionnels ou de l’entourage, l’objectif est de parvenir à cultiver des manières de se ressourcer durablement.
 
Quelles solutions concrètes proposez-vous ?
De nombreuses propositions existent, désormais répertoriées dans le grand portail national « Ma Boussole Aidants ». Nous avons bien-sûr le réflexe d’orienter l’aidant vers les services publics appelés les plateformes d’accompagnement et de répit, qui sont près de 250 sur l’ensemble du territoire.
 
Mais notre travail consiste précisément à prendre le temps d’écouter l’aidant et de le questionner, afin de le réorienter vers ce qui lui convient le mieux. Il y a tellement de possibilités que cela peut parfois décourager.
 
Un accompagnement individuel permet de mieux apprécier les besoins de chacun. Est-ce qu’il s’agit de partir quelques jours avec son proche ? De bénéficier d’un séjour de répit seul ? De trouver de l’aide chaque semaine ? De profiter d’activités régulières ?
 
On va travailler sur les éventuels freins (culpabilité, problèmes financiers, problèmes de transport, manque d’énergie…) qui empêchent de mettre en place cette dynamique de répit et de lâcher prise. Il arrive aussi que nous encouragions l’aidant à engager une thérapie auprès d’un professionnel de santé.
 
Pouvez-vous donner un exemple des bienfaits d’un coaching ?
Je pense à une personne aidante qui accompagnait sa mère dépressive, souffrant d’une maladie dégénérative.
 
Elle avait beaucoup de difficultés à laisser de la place à ses frères et sœur mais aussi aux professionnels de l’établissement dans lequel était accueillie sa mère.
 
Elle était très présente -trop présente- au point d’avoir des problèmes dans son travail et sa propre famille. Le coaching l’a amenée à réfléchir à sa juste place et à laisser un peu plus de place aux autres. Elle a pris une décision assez radicale : partir faire le tour du monde pendant un an.
 
Cela a créé une autre relation avec sa mère et a transformé sa vie. Lors de la dernière séance, cette personne m’a confié : « je n’aurais jamais pris cette décision de partir et de lâcher sans cet accompagnement avec vous. »
 
Quelle proposition faites-vous au gouvernement ?
Nous appelons à mettre en place au niveau national « un plan personnalisé répit » qui serait proposé aux aidants dans le cadre des plans APA quand on accompagne un proche âgé, du plan d’aide de la MDPH quand on accompagne un proche avec un handicap ou des programmes d’éducation thérapeutique de prise en charge des maladies chroniques.

Ce « plan personnalisé répit » consistera en un accompagnement individuel, pouvant s’inspirer de ce que nous expérimentons avec succès depuis plusieurs années au sein de l’association Nouveau Souffle, afin de bien orienter les aidants selon leurs besoins et de valoriser les différents dispositifs de répit qui existent.










Retrouvez Senioractu.com sur
Facebook
X
Facebook
X