Maladies cardiovasculaires : les recommandations de la Fédération Française de Cardiologie (Partie 1)

Mieux répondre à l’urgence, accompagner les cardiaques dans la réadaptation, lutter contre les inégalités dans la prise en charge… La Fédération Française de Cardiologie (FFC) présente ses recommandations et interpelle les pouvoirs publics sur l’urgence de la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires, à l’occasion de la 6ème édition de son Donocoeur. Détails. (partie 1).

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Mardi 21 Octobre 2014

Pour une stratégie nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires, par le Pr. Claude Le Feuvre, Président de la Fédération Française de Cardiologie

Maladies cardiovasculaires : les recommandations de la Fédération Française de Cardiologie (Partie 1)
"Avec en France 400 morts par jour, 2,2 millions de patients en affection longue durée, 20 millions de personnes à risque cardiovasculaire, 28 milliards d’euros de dépense annuelle, les maladies cardiovasculaires, qualifiées par l’OMS de prochaine « épidémie mondiale », n’ont pas la prise en charge qu’elles méritent. La lutte contre ces maladies se heurte à des difficultés majeures : l’inégalité entre les patients marquée par de fortes disparités sur le territoire ; l’insuffisance de la prise en charge sociale de nombreux malades cardiaques ; la recrudescence des maladies cardiovasculaires ; les femmes, ces grandes oubliées pour lesquelles les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité en France.
 
Un Livre Blanc « Pour un Plan Coeur » vient de voir le jour. Il est la première étape d’une démarche pour une stratégie nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires, portée par 22 grandes organisations et réseaux de professionnels et rassemblant plus de 500 000 patients concernés par ces pathologies. Il sera officiellement présenté le vendredi 17 octobre 2014 au Conseil économique, social et environnemental, puis remis aux Ministères des Affaires sociales et de la Santé, de l’enseignement supérieur et de la recherche, des Sports, de la Jeunesse, de l’Education.
 
L’étape suivante sera l’application sur le terrain des recommandations figurant dans ce Livre Blanc. De nombreux décideurs et Directeurs Généraux d’Agences Régionales de Santé ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt de déployer en région cette stratégie nationale de prévention, de recherche, de prise en charge et d’accompagnement des personnes touchées ou menacées par une maladie cardiovasculaire
».

Les maladies cardiovasculaires tuent chaque année 147 000 Français. Elles sont la première cause de mortalité chez la femme dans l’hexagone et la première cause de mortalité dans le monde. Responsables de situations d’invalidité et de diminution de la qualité de vie, leur poids économique est considérable : les maladies cardiovasculaires sont à l’origine de 10 % des séjours hospitaliers et constituent environ 30 % des affections de longue durée prises en charge par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Selon les prévisions de l’OMS, le nombre de morts des suites de maladies cardiovasculaires dans le monde pourrait atteindre 23,4 millions en 2030.

Face à ce constat alarmant la Fédération Française de Cardiologie tirait dès 2009 la sonnette d’alarme en lançant une pétition « Pour un Plan Cœur » qui marquait le début d’un mouvement en faveur d’une mobilisation nationale au secours des personnes touchées ou menacées par les maladies cardiovasculaires.

En septembre 2010, la première « Table ronde nationale » réunissait les plus grands noms de la cardiologie et le Groupe de Réflexion sur la Recherche Cardiovasculaire. Ce rendez-vous a permis d’acter la mise en oeuvre d’États Généraux organisés dans toute la France autour de trois idées centrales :

- les maladies cardiovasculaires ne concernent pas seulement le domaine de la santé. Recherche, éducation, travail, elles affectent tous les pans de la société française ;

- la parole des malades est déterminante pour mobiliser toutes les idées et toutes les énergies ;

- c’est à partir des réalités du terrain et des régions que doivent se construire les chantiers de la future stratégie nationale.
 
Au cours de ces Etats Généraux, 21 grandes organisations et réseaux (représentant près de 500 000 patients à travers la France) ont participé, aux côtés de la FFC, à l’élaboration de recommandations pour une politique nationale de lutte contre les maladies cardiovasculaires.

Six grands rendez-vous, ont ouvert le débat sur les questions suivantes :

- Comment répondre à l’urgence face à une maladie cardiovasculaire ?

- Comment améliorer le suivi au cours d’une maladie cardiovasculaire ?

- Comment mieux dépister et prendre en charge les femmes ces grandes oubliées de la maladie cardiaque ?

- Comment « booster » la recherche en cardiologie ?

- Comment optimiser la réinsertion sociale des personnes malades ?
 
Comment faire de la prévention un principe de réalité ?

« Ces rendez-vous participatifs en régions associés à la plateforme collaborative dédiée (www.plancoeur.fr) ont donné l’occasion aux professionnels, aux patients et à tout public concernés de poser toutes leurs questions, de faire remonter l’information, de confronter, d’évaluer et de hiérarchiser toutes les idées et propositions. C’est ce processus de ʺ co-productionʺ qui donne lieu deux ans après à ce Livre Blanc et à des recommandations concrètes sur ce grand enjeu de santé publique qui ne bénéficie pas encore d’une stratégie nationale et d’une mobilisation collective à sa mesure », explique le professeur Jean-François Toussaint, cardiologue et porte-parole de la démarche « Vers un Plan Cœur ».
 

​Les sept recommandations « phares » de la FFC :

1/ Mieux répondre à l’urgence…  Favoriser l’implantation des défibrillateurs et la formation à leur utilisation dans les territoires les plus démunis ou les plus éloignés

2/ Accompagner les personnes après un accident cardio-vasculaire ou neuro-vasculaire…  Améliorer l’attractivité des carrières des médecins rééducateurs mais aussi des kinésithérapeutes et autres professionnels (éducateurs etc.) exerçant en établissement de santé

3/ Les femmes, les grandes oubliées de la maladie cardiovasculaire…  Identifier les femmes à risque de maladies cardiovasculaires et leur proposer des prises en charge adaptées, en particulier au moment des trois phases clés, contraception, grossesse et ménopause

4/ Les malades cardiaques congénitaux : des enfants malades qui deviennent des adultes…. Faciliter les démarches administratives notamment auprès de la Caisse d’allocations familiales (CAF) et de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) en instituant un référent unique pour ces patients

5/ Après la maladie se réinsérer...  Instaurer un droit spécifique à la reconversion professionnelle

6/ La recherche en santé cardiovasculaire…  Mettre en place les structures et les organisations permettant le développement d’une politique de recherche prioritaire dans le domaine des maladies cardio-neuro-vasculaires

7/ Prévention et principe de réalité…  Prévenir l’initiation au tabagisme chez les enfants à l’école mais aussi dans les familles

​La Fédération Française de Cardiologie : acteur à part entière dans la lutte contre le tabagisme

La Fédération Française de Cardiologie, membre fondateur de l’Alliance contre le tabac, lutte avec opiniâtreté contre le tabagisme avec ses partenaires du Plan Coeur : l’Alliance contre le tabac et la Société Française de Tabacologie.

La FFC se félicite aujourd’hui de l’annonce du Programme National de Réduction du Tabagisme (PNRT) dont les mesures sont largement partagées et revendiquées dans le Livre Blanc « pour un Plan Coeur » :

- Prévenir l’initiation au tabagisme chez les enfants à l’école mais aussi dans les familles

- Appliquer les dispositions de la convention–cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT) et en particulier instaurer des paquets de cigarettes neutres (Cela fera 10 ans, le dimanche 19 octobre 2014, que notre pays a ratifié ce traité international de Santé Publique au côté de plus de 170 pays)

- Mettre en place un système de prise en charge simplifié et intégral de la dépendance tabagique, sur le plan médical, paramédical et médicamenteux

- Viser la suppression de la consommation du tabac à l’horizon 2050

Le tabagisme est vécu par la population surtout comme un facteur de risque de cancer du poumon. Le public doit prendre conscience qu’il est un fléau pour les pathologies cardio-vasculaires.
 
La FFC rappelle que le tabagisme :

· est responsable de 25% des décès cardiovasculaires survenant avant 70 ans… première cause de mortalité cardiovasculaire évitable !

· est directement responsable de 70 à 80% des infarctus du myocarde des sujets de moins de 50 ans, tant hommes que femmes…

· En France, 25% des décès liés au tabagisme sont des décès cardiovasculaires (18000/73000). Ce chiffre monte à 30% chez les femmes (5000/14000).

· La seule tranche d’âge dans laquelle l’incidence des infarctus a augmenté entre 2002 et 2008 est celle des femmes de 35 à 55 ans, à rapprocher d’une augmentation de 7% de la prévalence du tabagisme dans cette même tranche d’âge entre 2005 et 2010

· Les jeunes de 10 à 15 ans (enquêtes de la FFC « Jamais la première ») continuent à entrer en tabagisme de façon préoccupante. 7% de cette tranche d’âge sont des fumeurs réguliers soit, 260 000 jeunes fumeurs qui seront les fumeurs adultes de demain !

​Comment mieux répondre à l’urgence ?

Quand un accident cardiovasculaire survient brutalement, la prise en charge rapide et efficace est obligatoire pour réduire le risque de décès, limiter les graves séquelles et favoriser la récupération des capacités le plus rapidement possible. On sait que chaque minute compte, or l’appel du 15 n’est pas rentré dans les moeurs des Français malgré les nombreuses campagnes d’information et de sensibilisation ! « Pourtant, c’est dans les 5 premières minutes que se joue le pronostic. Savoir donner l’alerte est crucial pour permettre au patient d’accéder à la meilleure prise en charge » rappelle le professeur Jacques Beaune, Président d’honneur de la FFC.
 
Quels sont les enjeux pour les trois grandes situations d’urgence en santé cardio-neuro-vasculaire ?

- Pour la douleur thoracique (insuffisances coronaires aiguës et infarctus du myocarde), 30% des personnes ayant fait un infarctus meurent avant d’avoir un premier contact médical. Les différentes sociétés savantes fixent à trente minutes le premier contact médical, or dans le meilleur des cas, le délai d’intervention médian se situe aux alentours d’une heure.

- En ce qui concerne l’arrêt cardiaque, c’est dans les 5 premières minutes que se joue le pronostic. La campagne « une vie =3gestes » (Appeler le 15, masser, défibriller) doit être amplifiée.

- Enfin, lorsqu’il s’agit d’un accident vasculaire cérébral, le patient arrivé à l’hôpital doit être traité selon les recommandations en vigueur dans l’heure qui suit son admission. On estime aujourd’hui que pour améliorer la survie des malades sans séquelles, les délais intra-hospitaliers devraient être ramenés à 45 minutes voire 30 minutes en incluant la réalisation du scanner cérébral.
 
Pour mieux répondre à l’urgence, la FFC rappelle les trois actions essentielles :

Apprendre à reconnaître les signes avant - coureurs de l’accident cardiaque

Quand il s’agit d’un infarctus, la personne peut présenter dans les jours et les heures qui précèdent une douleur thoracique prolongée pouvant s’étendre jusqu’aux bras, une sensation d’oppression, de serrement, voire d’écrasement.
 
Pour l’arrêt cardiaque, celui-ci peut être précédé de palpitations anormales ou de malaise général.

Faute de reconnaissance des signes avant-coureurs, le constat est alarmant : près de 40% des personnes atteintes de syndromes coronaires aigus ne sont pas hospitalisées et/ou décèdent avant l’hospitalisation. 30% des personnes ayant fait un infarctus meurent avant d’avoir un premier contact médical.
 
Il est impératif de former le grand-public à la reconnaissance des signes et des symptômes qui nécessitent une intervention d’urgence.

Avoir le réflexe d’appeler le numéro d’urgence

Les personnes qui souffrent de fortes douleurs thoraciques doivent avoir le réflexe d’appeler le 15, leur entourage ou tout autre témoin également. Donner l’alerte très vite est crucial dans la lutte contre le temps pour accéder à la meilleure prise en charge médicale. La stratégie publique pour promouvoir l’action citoyenne en cas d’urgence doit gagner en efficacité et effectivité: le numéro d’urgence doit être bien identifié et identifiable.
 
En France se sont trois numéros différents qui peuvent être appelés :

- Le 15 donne directement accès au Centre de réception et de régulation des appels du SAMU,

- Le 18 permet de joindre les sapeurs-pompiers,

- Le 112 est le numéro d’urgence unique pour tous les pays membre de l’Union Européenne.
Ne serait-il pas pertinent d’unifier le numéro d’appel pour toutes les urgences médicales ! Un numéro d’appel unique permettrait d’optimiser la complémentarité et la coordination des moyens entre les équipes du Samu et celles des pompiers selon le degré de l’urgence.
 
Apprendre les gestes qui sauvent pour optimiser les premiers secours

Sans prise en charge immédiate, plus de 90% des arrêts cardiaques sont fatals. 7 fois sur 10, ils surviennent devant témoin, mais moins de 20% de ces témoins connaissent les gestes de premiers secours. Or, 4 victimes sur 5 qui survivent à un arrêt cardiaque ont bénéficié de ces gestes simples pratiqués par le premier témoin. Le taux de survie à un arrêt cardiaque en France est de 5% ; il est 4 à 5 fois plus élevé dans les pays où les lieux publics sont équipés en défibrillateurs automatisés externes et où la population est formée aux gestes qui sauvent.
 
Alors que 95% des Norvégiens ont été initiés aux gestes qui sauvent, les Français dans leur grande majorité ne les maîtrisent pas et sont démunis en cas d’accidents ! Le tout premier acte est de prévenir les secours mais cela ne suffit pas. Chaque minute qui passe avant leur arrivée, c'est 10% de chances de survie en moins, sauf si un témoin sait pratiquer ʺ les gestes qui sauvent ʺ .
 
Osez ! Le pire est de ne rien faire…

Chacun d’entre nous peut être confronté, à n’importe quel moment et n’importe où, à un arrêt cardiaque. Victime, proche d’une victime, témoin, l’arrêt cardiaque n’est pas forcément fatal. Notre coeur peut repartir s’il est pris en charge à temps. Ce sont des gestes simples qui ne nécessitent que trois heures de formation. C'est pourquoi la Fédération Française de Cardiologie sensibilise régulièrement les Français à accomplir l'acte citoyen de se former » rappelle le Professeur Claude Le Feuvre. Depuis mai 2007, toute personne a le droit d’utiliser un défibrillateur automatisé externe. Cependant, pour la FFC, l’implantation et l’accès à ces appareils ne sont pas suffisants : il faut multiplier la présence de ces appareils simples et extrêmement efficaces dans les lieux publics, les commerces et les entreprises.
 
Pour mieux reconnaître les symptômes et apprendre les gestes qui sauvent, la Fédération Française de Cardiologie propose une brochure et un dépliant de poche ʺ Les gestes qui sauventʺ téléchargeables gratuitement sur son site (www.fedecardio.org)
 
La FFC met par ailleurs l’accent sur l’insuffisance de formations auprès des enfants. En France, former aux gestes qui sauvent se fait sur la base du volontariat. Certaines écoles ont souscrit aux formations et d’autres non ! Grâce aux ʺ Parcours du coeur Scolairesʺ , organisés chaque année en avril, dans les écoles primaires et les collèges, la FFC apprend aux enfants et adolescents les gestes qui sauvent.
© www.fedecardio.org










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