Quelle est la posture de l’A-MCA vis-à-vis des plateformes ?
L’A-MCA n’est pas contre le « concept de plateforme » en soi. Par exemple, dans le champ médical, paramédical et psychologique, les plateformes sont rentrées dans les mœurs et sont devenues très utiles. Mais les personnes référencées sont des professionnels de santé détenteurs de diplômes d’État.
Dans le domaine des MCA, le problème est que l’on se retrouve face à des praticiens dont les formations sont très inégales pour une même pratique. Les plateformes actuelles de MCA ne font pas la distinction entre les différentes formations et donnent ainsi accès à des praticiens solidement formés comme à des praticiens n’ayant pas l’expertise nécessaire pour accompagner les personnes.
De la même façon, ces plateformes réunissent un large spectre de pratiques sans aucun regard pour les normes existantes. Elles proposent à la fois des pratiques réglementées comme non réglementées, de praticiens formés détenteurs de diplômes reconnus comme de praticiens non formés.
Dans leur discours, elles mettent sur le même niveau des soins officiels dispensés par des psychologues ou des diététiciens, avec des séances proposées par des coachs de vie. Cette démarche donne l’illusion d’un même niveau d’assise entre les praticiens alors que leurs formations n’ont pas la même reconnaissance.
Or, un usager en recherche de praticien n’aura pas forcément le recul nécessaire pour observer cette distinction. Pour l’A-MCA, cette méthode est vectrice de désinformation et de risques pour l’usager.
Quels sont les risques liés au modèle actuel de ces plateformes ?
Les risques peuvent être de différentes natures et plus ou moins graves selon certains paramètres : le contexte initial de l’usager, le type de pratique utilisée, les qualifications du praticien, etc. En ce sens, les informations délivrées par ces plateformes sont cruciales, car elles participent des orientations potentiellement inadaptées, voire risquées pour la santé.
Ainsi, elles font parfois la promotion de pratiques inquiétantes. Nous avons par exemple tous vu la vidéo dans laquelle un praticien issu d’une de ces plateformes, déconseille son client de consulter son médecin alors qu’il prétexte des maux de ventre.
Les scandales récents ont également révélé que ces plateformes donnaient accès à des pratiques dénoncées par la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ou par la loi. Tout cela est grave et peut conduire à des pertes de chance.
Dans la même ligne, certains praticiens se présentent également comme expert de pratiques variées, sans lien entre elles, ce qui représente également un risque de dérive. Cette démarche sert le modèle économique aux plateformes dont l’objectif est de référencer un maximum de praticiens qui payent pour apparaître sur leurs sites. Et pour inciter les praticiens à rester, les plateformes leur proposent des formations pour augmenter leur clientèle.
Ce procédé s’avère particulièrement choquant, d’autant plus que l’on parle d’aider des praticiens en « manque d’expertise » à « augmenter leur business ». À l’inverse, de nombreux praticiens qualifiés ont une place à prendre, mais pas de n’importe quelle façon.
Renforcer les compétences des praticiens, à travers des formations solides est un enjeu permettant de garantir la qualité des interventions auprès des usagers et aider à leur professionnalisation.
Le diplôme du praticien est-il un gage de sécurité ?
Oui et non. Ce n’est pas parce qu’il y a un diplôme reconnu qu’il n’y a pas de « risque », tout comme ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de diplôme, qu’il y a dérive. Il s’agit là d’un point de complexité du sujet. De même que certaines formations « reconnues » sont parfois moins longues que celles proposées par des organisations privées.
Pour autant, en l’absence de cadre juridique, s’appuyer sur les normes réglementaires et universitaires constituent des points de repères. Et ce, d’autant plus face à la prolifération d’organismes privés formant des praticiens en l’espace d’un week-end.
Cela étant, le diplôme seul ne suffit pas toujours, a fortiori lorsqu’il s’agit d’accompagner des publics fragiles. Certains praticiens diplômés issus de ces plateformes peuvent avoir l’habitude d’accompagner des personnes en santé dans une logique de prévention.
Or, en les mettant à disposition, c’est prendre le risque qu’un usager extrêmement fragile y fasse appel, tandis que le praticien ne détient pas l’expertise requise dans le domaine pour lequel il est sollicité.
Pour réduire ce type de risques, il conviendrait a minima de renforcer l’expertise de tous les praticiens souhaitant intégrer ces plateformes, par une formation complémentaire obligatoire centrée sur l’accompagnement des « publics fragiles » tout en exigeant un diplôme reconnu. Et cela, en complément des spécialisations éventuelles.
Quel modèle de plateforme permettrait un usage adapté et sécurisé des MCA ?
À mon sens, un modèle adapté de plateforme serait centré sur la qualité et non sur la quantité des pratiques comme des praticiens. Cela impliquerait de réduire le spectre des pratiques proposées pour rendre uniquement accessibles les pratiques détenant un cadre législatif et/ou de formation. Il s’agirait ainsi d’intégrer exclusivement les praticiens titulaires d’un diplôme réglementaire (RNCP) ou Universitaire (DU).
Cela étant, le diplôme ne suffit pas, en considérant que des usagers peuvent être en position de fragilité et que les praticiens, quand bien même diplômés, lorsqu’ils ne sont pas professionnels de santé, n’ont pas forcément l’expertise (ex. pas de spécialisation) pour accompagner des publics fragiles. Par conséquent, une formation complémentaire visant à sensibiliser les praticiens aux spécificités de l’accompagnement des publics fragiles me semble obligatoire pour intégrer une plateforme de MCA.
De même, que de pouvoir justifier annuellement et pour tout praticien, une démarche continue d’actualisation des savoirs (ex. séminaires professionnels, supervisions, spécialisations, etc.). De plus, promouvoir un praticien n’est pas un acte neutre. Il s’agirait également d’analyser chaque CV et de rencontrer individuellement chaque praticien souhaitant intégrer la plateforme.
Cela peut paraître long, fastidieux et peu rentable, mais reste une démarche nécessaire, afin d’assurer la qualité et la sécurité d’une mise en relation.
À titre d’exemple, même un praticien détenteur d’un diplôme reconnu peut véhiculer des discours non pertinents qu’il est difficile de vérifier sans l’avoir rencontré en amont.
Enfin, une telle plateforme gagnerait à s’intégrer à une autre plus globalisante et non réservée aux praticiens, c’est-à-dire une plateforme rassemblant des professionnels médicaux (ex. médecins) ; paramédicaux (ex. infirmiers, kinésithérapeutes, diététicien, etc.) et praticiens de MCA titulaires d’un diplôme reconnu et d’une formation complémentaire « publics fragiles » obligatoire (ex. sophrologue, réflexologues, chiropracteurs, ostéopathes, art-thérapeutes, etc.).
Il s’agit du concept même de la santé intégrative. Mais attention, la démarche d’intégration en santé ne veut pas dire intégrer tout, n’importe quoi et n’importe comment.
En l’absence de plateforme de qualité, comment procède l’A-MCA lorsqu’elle coopère avec des praticiens ?
Avant tout, dans la mesure où nous n’avons pas rencontré individuellement les milliers de praticiens de notre réseau, nous ne diffusons pas notre listing au grand public. Cependant, cela ne nous empêche pas de travailler directement avec les praticiens, mais de manière structurée et responsable.
Dans le cadre de notre réseau citoyen, nous menons, par exemple des ateliers de travail avec les représentants des organisations de praticiens en vue de réfléchir ensemble aux critères qualité/sécurité d’intervention pour chacune des pratiques.
Nous organisons des séminaires à thématiques rassemblant des praticiens issus de différentes disciplines (ostéopathie, art-thérapie, sophrologie, réflexologie, etc.), afin de sensibiliser à des thématiques phares, telles que l’éthique en santé ou la lutte contre les dérives.
Par ailleurs, nous recrutons régulièrement des praticiens dans le cadre de projets. Ce recrutement se fait à l’image des recommandations citées plus haut, c’est-à-dire au cas par cas, de façon individuelle.
Notamment, nous déployons au sein de structures, comme des EHPAD ou des associations de praticiens, mais pas de n’importe quelle façon. Nous identifions avec la structure, le public, par exemple, les salariés et les soignants. Ensuite, nous portons une réflexion sur la pertinence des pratiques en lien avec la demande institutionnelle, les objectifs visés et les normes, et des diplômes existants.
Enfin, nous établissons des critères personnalisés. Outre les critères de diplômes (a minima RNCP ou DU), le praticien doit pouvoir justifier d’un exercice régulier de la pratique, avoir une expérience auprès du public ciblé, être inscrit dans une démarche d’actualisation des savoirs dans une logique de formation continue, éventuellement avoir une expertise dans l’accompagnement de groupe, être familiarisé avec son secteur d’intervention.
Ensuite, l’analyse du CV du praticien est effectuée par au moins deux experts de l’A-MCA, puis complétée par un entretien individuel. Notre approche est individualisée. Elle est certes plus longue, plus lourde et peu rentable, mais elle répond à l’éthique et au sérieux nécessaires qu’engage la thématique.
Avez-vous été sollicités par ces plateformes ?
Oui, régulièrement. Des plus connues aux plus discrètes qui émergent. Elles souhaitent généralement devenir partenaire, afin de bénéficier de l’aura de l’A-MCA. Naturellement, nous avons toujours refusé, et en toute transparence, nous en avons toujours exposé les raisons, celles évoquées plus haut.
La philosophie de ces modèles de plateformes n’est pas la nôtre. Pour exemple, une célèbre plateforme s’est rapprochée de l’A-MCA l’année dernière pour prendre conseil, afin de mieux « sécuriser leurs pratiques ». Nous ne refusons jamais de conseiller lorsqu’il s’agit de sécuriser et de réduire les dérives.
À l’époque, j’avais conseillé, entre autres, de retirer toutes les pratiques sans cadre, de distinguer, au sein de leur plateforme, les soins officiels (ex. diététique, soutien psychologique, etc.) et MCA (ex. art-thérapie, réflexologie, etc.), de stopper la promotion des pratiques ayant fait l’objet d’alertes par la Miviludes, ou celles dénoncées par la loi.
Un an après, aucune de ces recommandations n’a été suivie. J’apprends également que des formations sont déployées permettant d’augmenter la clientèle des praticiens et non leurs expertises. Aujourd’hui, sans être étonnée, j’observe les scandales à répétition dont elle fait l’objet et m’en désole pour les usagers.
Comment les personnes peuvent-elles s’assurer du sérieux des praticiens sollicités ?
Avant tout chose, dès lors qu’elles ont un symptôme, il importe de consulter leur médecin traitant. Ensuite, si elles souhaitent s’orienter vers un praticien MCA, elles peuvent s’appuyer sur un certain nombre de signes d’alerte.
Les usagers doivent être sensibles au discours du praticien, notamment lorsque celui-ci déconseille le recours au médecin ou aux médicaments. Le coût exorbitant est également un signe d’alerte, d’autant plus si le praticien incite à revenir régulièrement. Enfin, elles doivent s’interroger sur la pratique en tant que telle. Notamment si elle prétend « guérir d’une maladie », ou bien s’assurer qu’elle ne fait pas l’objet d’alerte auprès de la Miviludes.
Dans le cas d’un praticien diplômé dont le discours semble adéquat, il semble également possible de lui demander s’il exerce régulièrement et s’il a suivi des formations complémentaires spécifiques. De nombreux praticiens formés pourront exposer clairement les fondements de leur pratique et sans expertise du public ou du contexte, et n’hésiteront pas à indiquer la limite de leurs compétences.
L’A-MCA n’est pas contre le « concept de plateforme » en soi. Par exemple, dans le champ médical, paramédical et psychologique, les plateformes sont rentrées dans les mœurs et sont devenues très utiles. Mais les personnes référencées sont des professionnels de santé détenteurs de diplômes d’État.
Dans le domaine des MCA, le problème est que l’on se retrouve face à des praticiens dont les formations sont très inégales pour une même pratique. Les plateformes actuelles de MCA ne font pas la distinction entre les différentes formations et donnent ainsi accès à des praticiens solidement formés comme à des praticiens n’ayant pas l’expertise nécessaire pour accompagner les personnes.
De la même façon, ces plateformes réunissent un large spectre de pratiques sans aucun regard pour les normes existantes. Elles proposent à la fois des pratiques réglementées comme non réglementées, de praticiens formés détenteurs de diplômes reconnus comme de praticiens non formés.
Dans leur discours, elles mettent sur le même niveau des soins officiels dispensés par des psychologues ou des diététiciens, avec des séances proposées par des coachs de vie. Cette démarche donne l’illusion d’un même niveau d’assise entre les praticiens alors que leurs formations n’ont pas la même reconnaissance.
Or, un usager en recherche de praticien n’aura pas forcément le recul nécessaire pour observer cette distinction. Pour l’A-MCA, cette méthode est vectrice de désinformation et de risques pour l’usager.
Quels sont les risques liés au modèle actuel de ces plateformes ?
Les risques peuvent être de différentes natures et plus ou moins graves selon certains paramètres : le contexte initial de l’usager, le type de pratique utilisée, les qualifications du praticien, etc. En ce sens, les informations délivrées par ces plateformes sont cruciales, car elles participent des orientations potentiellement inadaptées, voire risquées pour la santé.
Ainsi, elles font parfois la promotion de pratiques inquiétantes. Nous avons par exemple tous vu la vidéo dans laquelle un praticien issu d’une de ces plateformes, déconseille son client de consulter son médecin alors qu’il prétexte des maux de ventre.
Les scandales récents ont également révélé que ces plateformes donnaient accès à des pratiques dénoncées par la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ou par la loi. Tout cela est grave et peut conduire à des pertes de chance.
Dans la même ligne, certains praticiens se présentent également comme expert de pratiques variées, sans lien entre elles, ce qui représente également un risque de dérive. Cette démarche sert le modèle économique aux plateformes dont l’objectif est de référencer un maximum de praticiens qui payent pour apparaître sur leurs sites. Et pour inciter les praticiens à rester, les plateformes leur proposent des formations pour augmenter leur clientèle.
Ce procédé s’avère particulièrement choquant, d’autant plus que l’on parle d’aider des praticiens en « manque d’expertise » à « augmenter leur business ». À l’inverse, de nombreux praticiens qualifiés ont une place à prendre, mais pas de n’importe quelle façon.
Renforcer les compétences des praticiens, à travers des formations solides est un enjeu permettant de garantir la qualité des interventions auprès des usagers et aider à leur professionnalisation.
Le diplôme du praticien est-il un gage de sécurité ?
Oui et non. Ce n’est pas parce qu’il y a un diplôme reconnu qu’il n’y a pas de « risque », tout comme ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de diplôme, qu’il y a dérive. Il s’agit là d’un point de complexité du sujet. De même que certaines formations « reconnues » sont parfois moins longues que celles proposées par des organisations privées.
Pour autant, en l’absence de cadre juridique, s’appuyer sur les normes réglementaires et universitaires constituent des points de repères. Et ce, d’autant plus face à la prolifération d’organismes privés formant des praticiens en l’espace d’un week-end.
Cela étant, le diplôme seul ne suffit pas toujours, a fortiori lorsqu’il s’agit d’accompagner des publics fragiles. Certains praticiens diplômés issus de ces plateformes peuvent avoir l’habitude d’accompagner des personnes en santé dans une logique de prévention.
Or, en les mettant à disposition, c’est prendre le risque qu’un usager extrêmement fragile y fasse appel, tandis que le praticien ne détient pas l’expertise requise dans le domaine pour lequel il est sollicité.
Pour réduire ce type de risques, il conviendrait a minima de renforcer l’expertise de tous les praticiens souhaitant intégrer ces plateformes, par une formation complémentaire obligatoire centrée sur l’accompagnement des « publics fragiles » tout en exigeant un diplôme reconnu. Et cela, en complément des spécialisations éventuelles.
Quel modèle de plateforme permettrait un usage adapté et sécurisé des MCA ?
À mon sens, un modèle adapté de plateforme serait centré sur la qualité et non sur la quantité des pratiques comme des praticiens. Cela impliquerait de réduire le spectre des pratiques proposées pour rendre uniquement accessibles les pratiques détenant un cadre législatif et/ou de formation. Il s’agirait ainsi d’intégrer exclusivement les praticiens titulaires d’un diplôme réglementaire (RNCP) ou Universitaire (DU).
Cela étant, le diplôme ne suffit pas, en considérant que des usagers peuvent être en position de fragilité et que les praticiens, quand bien même diplômés, lorsqu’ils ne sont pas professionnels de santé, n’ont pas forcément l’expertise (ex. pas de spécialisation) pour accompagner des publics fragiles. Par conséquent, une formation complémentaire visant à sensibiliser les praticiens aux spécificités de l’accompagnement des publics fragiles me semble obligatoire pour intégrer une plateforme de MCA.
De même, que de pouvoir justifier annuellement et pour tout praticien, une démarche continue d’actualisation des savoirs (ex. séminaires professionnels, supervisions, spécialisations, etc.). De plus, promouvoir un praticien n’est pas un acte neutre. Il s’agirait également d’analyser chaque CV et de rencontrer individuellement chaque praticien souhaitant intégrer la plateforme.
Cela peut paraître long, fastidieux et peu rentable, mais reste une démarche nécessaire, afin d’assurer la qualité et la sécurité d’une mise en relation.
À titre d’exemple, même un praticien détenteur d’un diplôme reconnu peut véhiculer des discours non pertinents qu’il est difficile de vérifier sans l’avoir rencontré en amont.
Enfin, une telle plateforme gagnerait à s’intégrer à une autre plus globalisante et non réservée aux praticiens, c’est-à-dire une plateforme rassemblant des professionnels médicaux (ex. médecins) ; paramédicaux (ex. infirmiers, kinésithérapeutes, diététicien, etc.) et praticiens de MCA titulaires d’un diplôme reconnu et d’une formation complémentaire « publics fragiles » obligatoire (ex. sophrologue, réflexologues, chiropracteurs, ostéopathes, art-thérapeutes, etc.).
Il s’agit du concept même de la santé intégrative. Mais attention, la démarche d’intégration en santé ne veut pas dire intégrer tout, n’importe quoi et n’importe comment.
En l’absence de plateforme de qualité, comment procède l’A-MCA lorsqu’elle coopère avec des praticiens ?
Avant tout, dans la mesure où nous n’avons pas rencontré individuellement les milliers de praticiens de notre réseau, nous ne diffusons pas notre listing au grand public. Cependant, cela ne nous empêche pas de travailler directement avec les praticiens, mais de manière structurée et responsable.
Dans le cadre de notre réseau citoyen, nous menons, par exemple des ateliers de travail avec les représentants des organisations de praticiens en vue de réfléchir ensemble aux critères qualité/sécurité d’intervention pour chacune des pratiques.
Nous organisons des séminaires à thématiques rassemblant des praticiens issus de différentes disciplines (ostéopathie, art-thérapie, sophrologie, réflexologie, etc.), afin de sensibiliser à des thématiques phares, telles que l’éthique en santé ou la lutte contre les dérives.
Par ailleurs, nous recrutons régulièrement des praticiens dans le cadre de projets. Ce recrutement se fait à l’image des recommandations citées plus haut, c’est-à-dire au cas par cas, de façon individuelle.
Notamment, nous déployons au sein de structures, comme des EHPAD ou des associations de praticiens, mais pas de n’importe quelle façon. Nous identifions avec la structure, le public, par exemple, les salariés et les soignants. Ensuite, nous portons une réflexion sur la pertinence des pratiques en lien avec la demande institutionnelle, les objectifs visés et les normes, et des diplômes existants.
Enfin, nous établissons des critères personnalisés. Outre les critères de diplômes (a minima RNCP ou DU), le praticien doit pouvoir justifier d’un exercice régulier de la pratique, avoir une expérience auprès du public ciblé, être inscrit dans une démarche d’actualisation des savoirs dans une logique de formation continue, éventuellement avoir une expertise dans l’accompagnement de groupe, être familiarisé avec son secteur d’intervention.
Ensuite, l’analyse du CV du praticien est effectuée par au moins deux experts de l’A-MCA, puis complétée par un entretien individuel. Notre approche est individualisée. Elle est certes plus longue, plus lourde et peu rentable, mais elle répond à l’éthique et au sérieux nécessaires qu’engage la thématique.
Avez-vous été sollicités par ces plateformes ?
Oui, régulièrement. Des plus connues aux plus discrètes qui émergent. Elles souhaitent généralement devenir partenaire, afin de bénéficier de l’aura de l’A-MCA. Naturellement, nous avons toujours refusé, et en toute transparence, nous en avons toujours exposé les raisons, celles évoquées plus haut.
La philosophie de ces modèles de plateformes n’est pas la nôtre. Pour exemple, une célèbre plateforme s’est rapprochée de l’A-MCA l’année dernière pour prendre conseil, afin de mieux « sécuriser leurs pratiques ». Nous ne refusons jamais de conseiller lorsqu’il s’agit de sécuriser et de réduire les dérives.
À l’époque, j’avais conseillé, entre autres, de retirer toutes les pratiques sans cadre, de distinguer, au sein de leur plateforme, les soins officiels (ex. diététique, soutien psychologique, etc.) et MCA (ex. art-thérapie, réflexologie, etc.), de stopper la promotion des pratiques ayant fait l’objet d’alertes par la Miviludes, ou celles dénoncées par la loi.
Un an après, aucune de ces recommandations n’a été suivie. J’apprends également que des formations sont déployées permettant d’augmenter la clientèle des praticiens et non leurs expertises. Aujourd’hui, sans être étonnée, j’observe les scandales à répétition dont elle fait l’objet et m’en désole pour les usagers.
Comment les personnes peuvent-elles s’assurer du sérieux des praticiens sollicités ?
Avant tout chose, dès lors qu’elles ont un symptôme, il importe de consulter leur médecin traitant. Ensuite, si elles souhaitent s’orienter vers un praticien MCA, elles peuvent s’appuyer sur un certain nombre de signes d’alerte.
Les usagers doivent être sensibles au discours du praticien, notamment lorsque celui-ci déconseille le recours au médecin ou aux médicaments. Le coût exorbitant est également un signe d’alerte, d’autant plus si le praticien incite à revenir régulièrement. Enfin, elles doivent s’interroger sur la pratique en tant que telle. Notamment si elle prétend « guérir d’une maladie », ou bien s’assurer qu’elle ne fait pas l’objet d’alerte auprès de la Miviludes.
Dans le cas d’un praticien diplômé dont le discours semble adéquat, il semble également possible de lui demander s’il exerce régulièrement et s’il a suivi des formations complémentaires spécifiques. De nombreux praticiens formés pourront exposer clairement les fondements de leur pratique et sans expertise du public ou du contexte, et n’hésiteront pas à indiquer la limite de leurs compétences.