Le bien-être au coeur du nouvel ouvrage de Véronique Suissa

Véronique Suissa, la Directrice générale de l’Agence des médecines complémentaires Adaptées (A-MCA), sort le 6 novembre prochain son nouvel ouvrage intitulé « La société du bien-être – médecines douces, complémentaires, alternatives, un écosystème en mouvement » aux éditions Michalon. Le Professeur Emmanuel Hirsch, auteur de la préface, repositionne cet ouvrage au cœur de l’éthique. Nous les avons interviewés pour croiser leurs regards respectifs sur les enjeux de ce livre.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Mardi 24 Septembre 2024

Pourquoi avoir proposé un ouvrage associant « bien-être et médecines complémentaires » et l’avoir fait préfacer par le Pr Emmanuel Hirsch ?

Véronique SUISSA : La tendance actuelle consiste à considérer le bien-être comme un aspect subsidiaire alors qu’en pratique, il suscite l’intérêt de la société dans son ensemble.
 
Les médecines complémentaires sont souvent considérées comme un levier pour entretenir son bien-être au quotidien. Le rapport à la santé et au soin a évolué.
 
En milieu de soin –tant dans le domaine sanitaire que médico-social– les enjeux de bien-être des patients, du soin relationnel et d’une approche plus globale de l’accompagnement sont au cœur des réflexions et initiatives de terrain.
 
De nombreux hôpitaux et Ehpad déploient des approches complémentaires pour compléter leur offre en matière de soin. Cette démarche nécessite une réflexion structurée impliquant l’éthique du soin.
 
Le Pr Emmanuel Hirsch est une référence incontestable en matière d’éthique et son expertise pointue en santé intégrative est précieuse pour les professionnels comme pour le grand public.

Sa préface, qui honore ce travail, est une façon de repositionner le sujet au cœur d’une démarche éthique essentielle, a fortiori lorsqu’elle implique des personnes en situation de fragilité.
 
L’analyse du Pr Hirsch permet de souligner l’expertise des personnes et l’importance de mieux la considérer en milieu de soin.


 
D’après vous, quel est l’intérêt d’un tel ouvrage ?

Pr Emmanuel HIRSCH : L’opportunité de ce livre repose sur le contexte de fragilité du système de suivi médico-social des personnes. Aujourd’hui, nous disposons d’une médecine de pointe et d’un accès à des traitements extrêmement performants.
 
Pour autant, vivre au quotidien la maladie, le handicap ou la perte d’autonomie est devenu un parcours redoutable. Dans ce schéma, l’approche complémentaire est une manière de considérer la personne dans ses droits, ses valeurs et dans sa globalité.
 
Pendant longtemps, elle a été négligée, par exemple dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer, notamment par des professionnels affichant des démarches très médicalisées.
 
Certes, le médical a bien entendu une place de premier rang, mais il faut aussi comprendre le soin comme une autre forme d’attention et de prévenance. La dimension holistique doit être intégrée. Cette approche est éthique car soucieuse de l’autre.
 
Cela implique des compétences qui doivent être reconnues, faire l’objet de publications scientifiques et de méthodologies.

Véronique Suissa est justement dans cette démarche scientifique et concrète. Elle ne fait pas uniquement preuve de bonnes attentions.
 
Son ouvrage est étayé et d’ailleurs, les personnes qui sont associées à l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) ont une expertise de la technicité médicale et des apports complémentaires.
 
Ce livre a l’intelligence de respecter une offre qui doit être plurielle au niveau des champs disciplinaires à mobiliser, et cela va dans le sens de l’éthique telle que je l’entends.
 


Quelles sont les pistes pour structurer le domaine du bien-être et des pratiques complémentaires ?

Véronique SUISSA : La prévention en santé devrait constituer un enjeu pour le ministère de la Santé comme pour les entreprises et les centres de soin.
 
De façon générale, les concepts de « bien-grandir, bien-vivre, bien-vieillir » ne devraient pas être approchés comme des slogans mais bien comme une philosophie pour favoriser la santé. Il importe aussi de ne plus séparer de façon hermétique « la médecine » et « le bien-être ».
 
Dans cette optique, former les soignants à ces thématiques, renforcer la qualité de vie au travail des salariés par des actions de prévention ou encore mieux structurer la démarche dans et hors des établissements de soin sont des pistes à développer sur le terrain.
 


Quel est le message le plus important porté par votre livre ?

Pr Emmanuel HIRSCH : Celui d’oser ! Il faut aujourd’hui être transgressif par rapport à des pseudo-évidences et des dogmes. On discute actuellement de la réforme des études de médecines, et l’intelligence artificielle (IA) reconfigure justement le métier de médecin.
 
Pourtant, ce qui est important ce n’est pas l’IA mais l’intelligence humaine. La médecine est de plus en plus dans la protocolisation. Certes, c’est important, mais avec la médecine holistique, nous remettons du sens humain et de l’échange dans les rapports aux patients, dans l’attention à l’autre en tant que ce qu’il est. 
 
Nous avons besoin de cette exigence et cela ne va pas être un poids supplémentaire pour les médecins, au contraire. 
 


À qui s’adresse votre livre ?

Véronique SUISSA : À tous ! Prioritairement au grand public et en particulier aux citoyens qui s’intéressent à ces questions de société. Mais aussi aux patients et usagers de pratiques complémentaires qui manquent souvent de repères dans le domaine.
 
Il est aussi destiné aux acteurs de l’écosystème comme les praticiens, les médecins, soignants et chercheurs qui œuvrent dans le secteur. Ce livre peut également être utile aux dirigeants d’entreprises ou de centres de soin soucieux de développer des actions tournées vers le bien-être.
 
Enfin, il peut intéresser les acteurs réfractaires au bien-être et aux pratiques complémentaires car il se veut objectif, il n’est pas une ode au bien-être et fait aussi largement le point sur les charlatans de la santé.
 


Quel est l’intérêt d'un tel livre pour les seniors ?

Pr Emmanuel HIRSCH : Les gens doivent être reconnus dans leur expertise. D’un point de vue éthique, se réapproprier une autorité sur son autonomie et son vieillissement, c’est important.
 
Pour y parvenir, il faut des éléments de connaissance et de compréhension et ce livre y contribue. Il participe à cette réappropriation de cette capacité à décider.
 
On doit trouver un autre regard et un autre raisonnement sur le vieillissement, la maladie, la dépendance, la capacité de la personne à se réapproprier les outils pour prendre des décisions face à la maladie. Tous ces éléments sont d’une richesse absolue.
 
On a besoin d’une approche pratique et concrète, et non pas uniquement théorique. Il faudrait d’autres ouvrages de cette nature, de la part de personnes bénéficiant de cette expertise.




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