Cette grande enquête du Credoc révèle que dans un contexte de tensions multiples, c’est autour des maltraitances que se cristallisent les inquiétudes des Français, en particulier à l’égard des personnes âgées ou handicapées.
La maltraitance envers les personnes âgées dépendantes : les prises de conscience
- Après la canicule de l’été 2003, les mesures d’isolement mises en œuvre dans les EHPAD pour protéger les aînés du virus ont sensibilisé l’opinion publique à l’isolement des personnes âgées dépendantes
- L’épidémie de Covid-19 a mis en lumière des situations problématiques en EHPAD
- Plus récemment, en février 2022, le « scandale Orpea » et la mise en examen du groupe pour « maltraitance institutionnelle » envers les résidents faisant suite à la publication du livre « Les Fossoyeurs » le 26 janvier 2022
Parmi les principaux enseignements de cette enquête réalisée auprès de 3.000 Français, nous pouvons noter que :
- 70% de nos compatriotes sont inquiets pour eux ou leur proche au sujet du risque de maltraitance, second risque le plus élevé après la maladie grave. Cette inquiétude est plus élevée encore chez ceux qui se sentent isolés, ou qui sont dans une situation de maladie chronique ou de handicap.
- 4 Français sur 10 disent craindre d’être personnellement concernés un jour par la maltraitance
- 6 Français sur 10 pensent que l’on ne parle pas assez du risque de maltraitance envers les personnes âgées et les personnes handicapées
- Pour répondre à ce risque, la police et la gendarmerie sont identifiés comme les interlocuteurs privilégiés pour dénoncer ces maltraitances pour 61% des Français.
- Les Ehpad sont cités par un Français sur deux comme un lieu à risque de maltraitance, le domicile des personnes ou celui de leurs proches et les établissements d’accueil pour les personnes en situation de handicap sont ensuite identifiés
- Dans une précédente étude du CREDOC, 42% des proches de personnes âgées bientôt concernées par l’entrée en structure d’accueil indiquaient n’avoir pas osé aborder le sujet de l’entrée en structure d’accueil.
La peur des représailles est le premier motif cité par les Français pour justifier que tous les faits de maltraitance ne soient pas signalés, un motif est un peu plus souvent mis en avant par les femmes et les 60 ans et plus… Par ailleurs, la crainte de devoir engager des poursuites judiciaires arrive ensuite, notamment chez les plus de 60 ans.
Cette enquête confirme ainsi la conviction du ministre que la politique publique de lutte contre la maltraitance des adultes vulnérables doit être une dimension majeure de son action, pour répondre aux aspirations profondes des Français, et en particulier des plus vulnérables d’entre eux.
Le ministre souhaite aller plus loin. En réponse aux inquiétudes des Français, des Etats généraux de la maltraitance seront lancés en février. Ils donneront la parole à toutes les instances représentatives des personnes concernées et des professionnels et aux parties prenantes associatives et se dérouleront jusqu’à l’été 2023.
Définition de la maltraitance
« Il y a maltraitance d’une personne en situation de vulnérabilité lorsqu’un geste, une parole, une action ou un défaut d’action, compromet ou porte atteinte à son développement, à ses droits, à ses besoins fondamentaux, et/ou à sa santé et que cette atteinte intervient dans une relation de confiance, de dépendance, de soin ou d’accompagnement. Les situations de maltraitance peuvent être ponctuelles ou durables, intentionnelles ou non ; leur origine peut être individuelle, collective ou institutionnelle. Les violences et les négligences peuvent revêtir des formes multiples et associées au sein de ces situations. » (Loi du 7 février 2022, article 23)