Cette pièce, de plus de deux heures, fut jouée à Paris sans grand succès une vingtaine d’années plus tard.
En 1951, pour des raisons mal connues, le dramaturge remodela complètement son œuvre pour en donner une version plus courte, d’une heure un quart environ, celle qui est donnée ici.
Cette pièce met en scène quatre personnages, deux hommes et deux femmes, qui se livrent pour des raisons propres à chacun, à des échanges de couples. Un thème qui pourrait faire penser au vaudeville, très à la mode en cette fin de dix-neuvième siècle.
Mais nous sommes chez Claudel, et pas au boulevard, un Claudel déjà mystique mais encore cynique qui a fait de ce thème scabreux une épopée lyrique et poétique, pour autant plus spirituelle que religieuse, où d’ailleurs les échanges transcendent les seules inversions de couple.
C’est Didier Long, maintes fois nominé aux Molières, qui relève le défi de monter une nouvelle fois cette pièce exigeante. Il a lui-même choisi cette deuxième version qu’il trouve « plus moderne, plus espérante et plus nuancée que l’originale ».
Il a confié la scénographie à Nicolas Sire, qui a eu la lourde tâche de « faire rentrer au Poche la poésie de Claudel » et cette collaboration est parfaitement réussie.
Le décorateur a conçu un décor unique pour les trois actes, suggérant les demeures des protagonistes et aussi les éléments qui les entourent : la mer, le sable, le feu. Il a remplacé la balancelle par une balançoire, plus adéquate à cet espace restreint.
Le metteur en scène a choisi quatre acteurs jeunes et séduisants, suggérant ainsi toutes les possibilités d’échanges. Claudel lui-même considérait être tous les personnages, « l’actrice, l’épouse délaissée, le jeune sauvage et le négociant calculateur ».
François Deblock, qui reçut le Molière de la révélation masculine en 2015, est Louis Laine, cet américain d’origine indienne qui a ramené de France la prude et solide Marthe, jouée par Pauline Belle.
Mathilde Bisson campe une Lechy séduisante et sexy, avec une diction parfaite et une gestuelle très étudiée. Wallerand Denormandie, qu’on avait découvert récemment dans « Fleur de Cactus » au Théâtre Antoine, endosse le rôle du riche négociant, Thomas Bellock Nageoire (sic), bel homme sans scrupules et pourtant très attachant.
Tous les quatre savent parfaitement traduire sur scène la simplicité apparente de leurs personnages, laissant bien vite transparaître des zones d’ombre et de complexité.
Grace à eux la langue de Claudel nous apparait dans toute sa richesse, faite de contrastes entre des propos ordinaires, parfois crus, et de soudaines envolées lyriques. Et c’est sûrement ce qui nous maintient en haleine jusqu’au bout, assurant sans conteste la réussite de cet audacieux spectacle.
Alex Kiev
En 1951, pour des raisons mal connues, le dramaturge remodela complètement son œuvre pour en donner une version plus courte, d’une heure un quart environ, celle qui est donnée ici.
Cette pièce met en scène quatre personnages, deux hommes et deux femmes, qui se livrent pour des raisons propres à chacun, à des échanges de couples. Un thème qui pourrait faire penser au vaudeville, très à la mode en cette fin de dix-neuvième siècle.
Mais nous sommes chez Claudel, et pas au boulevard, un Claudel déjà mystique mais encore cynique qui a fait de ce thème scabreux une épopée lyrique et poétique, pour autant plus spirituelle que religieuse, où d’ailleurs les échanges transcendent les seules inversions de couple.
C’est Didier Long, maintes fois nominé aux Molières, qui relève le défi de monter une nouvelle fois cette pièce exigeante. Il a lui-même choisi cette deuxième version qu’il trouve « plus moderne, plus espérante et plus nuancée que l’originale ».
Il a confié la scénographie à Nicolas Sire, qui a eu la lourde tâche de « faire rentrer au Poche la poésie de Claudel » et cette collaboration est parfaitement réussie.
Le décorateur a conçu un décor unique pour les trois actes, suggérant les demeures des protagonistes et aussi les éléments qui les entourent : la mer, le sable, le feu. Il a remplacé la balancelle par une balançoire, plus adéquate à cet espace restreint.
Le metteur en scène a choisi quatre acteurs jeunes et séduisants, suggérant ainsi toutes les possibilités d’échanges. Claudel lui-même considérait être tous les personnages, « l’actrice, l’épouse délaissée, le jeune sauvage et le négociant calculateur ».
François Deblock, qui reçut le Molière de la révélation masculine en 2015, est Louis Laine, cet américain d’origine indienne qui a ramené de France la prude et solide Marthe, jouée par Pauline Belle.
Mathilde Bisson campe une Lechy séduisante et sexy, avec une diction parfaite et une gestuelle très étudiée. Wallerand Denormandie, qu’on avait découvert récemment dans « Fleur de Cactus » au Théâtre Antoine, endosse le rôle du riche négociant, Thomas Bellock Nageoire (sic), bel homme sans scrupules et pourtant très attachant.
Tous les quatre savent parfaitement traduire sur scène la simplicité apparente de leurs personnages, laissant bien vite transparaître des zones d’ombre et de complexité.
Grace à eux la langue de Claudel nous apparait dans toute sa richesse, faite de contrastes entre des propos ordinaires, parfois crus, et de soudaines envolées lyriques. Et c’est sûrement ce qui nous maintient en haleine jusqu’au bout, assurant sans conteste la réussite de cet audacieux spectacle.
Alex Kiev
L’Échange, de Paul Claudel
Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Du mardi au samedi 21h dimanche 17h
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Du mardi au samedi 21h dimanche 17h