Dans un nouveau rapport intitulé « I used to have a home : Older people’s experience of war, displacement, and access to housing in Ukraine », l’organisme humanitaire documente l'impact disproportionné que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a sur les personnes âgées.
Lorsqu'elles peuvent fuir, les personnes âgées se retrouvent souvent dans l'incapacité de couvrir les frais de location. Elles se tournent alors vers des refuges ; des refuges qui n'ont pas les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins, en particulier si elles sont handicapées.
Il faut savoir que l’Ukraine est -avec le Japon ou l’Espagne- l’un des plus vieux pays au monde. De fait, un quart de sa population a plus de 60 ans. Une réalité démographique qui n’est pas anecdotique. En effet, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les ainés sont exposés de manière disproportionnée aux attaques.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, qui recueille des données sur les victimes civiles en Ukraine, les 60 ans et plus représenteraient plus du tiers (34%) des civils tués entre février et septembre 2022. Dans les cas où l’âge a été enregistré bien évidemment.
D'après l’association britannique pour les personnes âgées, HelpAge International, la proportion de personnes âgées touchées par la guerre en Ukraine est plus élevée que celle de tout autre conflit en cours. Pour autant, il faut savoir que c’est une « constante » : dans pratiquement toutes les guerres et toutes les catastrophes naturelles, les ainés sont toujours les plus touchés.
Comment fuir quand on est dépendant ? Comment trouver refuge dans un abri souterrain quand on se déplace en fauteuil roulant ? Comment récupérer sa pension pour s’assurer de quoi survivre quand tout s’écroule autour de vous ?
Ce nouveau rapport d’Amnesty International met en lumière l’impact dramatique de l’invasion russe sur les ainés en Ukraine et nous rappelle, une fois de plus, la place particulièrement exposée des personnes âgées dans les situations de crise.
Par choix ou parce qu’elles étaient dans l’impossibilité de fuir (handicap, dépendance, isolement…), de nombreuses personnes âgées sont restées chez elles, dans des conditions de vie dramatiques. Elles vivent dans des logements sans électricité, ni gaz, ni eau courante. Parfois, les fenêtres ou le toit sont endommagés et ne les protègent même plus de la pluie, de la neige ni du froid.
Nina, 70 ans, restée seule dans son appartement aux fenêtres cassées, en plein hiver, témoigne : « J'étais terrifié à l'idée que mes jambes gèlent. Je me suis assise dans ce que je pensais être le coin le plus sûr de la cuisine en cas d'onde de choc et j'ai apporté toute la literie et les oreillers que j'avais dans la maison, et je suis restée assise là pendant 10 jours. Tout ce que j'avais, c'était une petite torche. Je lui ai parlé. J'ai mis une couverture sur ma tête et j'ai allumé la torche en dessous et je l'ai supplié de ne pas s'éteindre ».
Hannah Selivon a 76 ans. Elle vit à Tchernihiv et dort sur matelas placé par des bénévoles dans sa baignoire, car sa salle de bains est la seule pièce qui a encore un plafond : « tout le monde dans notre rue est parti. Les seules qui restaient, c’était deux autres femmes âgées et moi... L'une d'elles était handicapée. Nous n'avions nulle part où aller. Je me cachais dans un trou de ma cave... Le 29 mars, des bombardements intensifs ont eu lieu et quand je suis sortie [de la cave], j'ai juste vu des flammes voler et [ma maison] brûler. Mes jambes ne bougeaient plus ».
Olena, 64 ans, dont la mobilité a été réduite après deux attaques cardiaques, témoigne : « j'habitais au huitième étage et le 18 mai, l'ascenseur a été mis hors service. Les travailleurs sociaux ont cessé de venir et je me suis retrouvée toute seule, dit-elle. Je ne pouvais rien manger. Je n'avais pas de médicaments. Des bénévoles m'ont trouvée en juin et m'ont dit que je devais évacuer.»
Svitlana, 64 ans, se trouvait dans un village occupé par les Russes près de Kharkiv. Son frère âgé de 61 ans, a eu une attaque cardiaque en avril 2022. Il a été hospitalisé, mais l’hôpital n’avait ni électricité ni eau courante. « Ils ne pouvaient rien faire, pas d’électrocardiogramme, pas d’encéphalogramme, ils n’avaient pas de médicaments », a-t-elle expliqué. Moins d’une semaine plus tard, son frère est mort d’une deuxième crise.
Parmi les personnes âgées qui ont perdu leur logement ou ont été déplacées par le conflit, elles sont nombreuses à avoir eu du mal à retrouver un logement convenable. Le problème : les retraites sont souvent bien inférieures au minimum vital et les prix des loyers a augmenté. Résultat : beaucoup risquent de ne plus avoir accès du tout à un logement.
Nina Silakova, 73 ans, déplacée de la région de Louhansk, a été expulsée deux fois des appartements qu’elle louait. Nina redoute de ne pas arriver à trouver un troisième appartement : « il n'y a pas de logement à ce prix dans la ville parce que nous sommes tellement [de personnes déplacées]... Je ne sais pas vers qui me tourner... Dois-je sortir dans la rue, me poster là et demander aux gens ? Ils vont juste passer et penser que je suis une vieille grand-mère malade. »
Les abris, quant à eux, sont en grande partie physiquement inaccessibles aux personnes âgées handicapées. En conséquence, des milliers de personnes âgées handicapées n'ont d'autre choix que de se tourner vers une institution publique. Rien qu'entre février et juillet 2022, au moins 4 000 personnes âgées ont été placées dans ces institutions après avoir perdu leur logement du fait du conflit, selon les déclarations du ministère ukrainien de la Politique sociale.
Olha Volkova, qui gère un foyer pour personnes âgées déplacées souffrant de handicaps à Dniepr, a déclaré : « Environ 60 % d’entre elles [sont envoyées dans des institutions]. Elles ne peuvent pas se permettre de payer un loyer, ni l’eau et l’électricité, ni à manger. Nous devons donc les envoyer dans des maisons de retraite. »
Lorsqu'elles peuvent fuir, les personnes âgées se retrouvent souvent dans l'incapacité de couvrir les frais de location. Elles se tournent alors vers des refuges ; des refuges qui n'ont pas les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins, en particulier si elles sont handicapées.
Il faut savoir que l’Ukraine est -avec le Japon ou l’Espagne- l’un des plus vieux pays au monde. De fait, un quart de sa population a plus de 60 ans. Une réalité démographique qui n’est pas anecdotique. En effet, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les ainés sont exposés de manière disproportionnée aux attaques.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, qui recueille des données sur les victimes civiles en Ukraine, les 60 ans et plus représenteraient plus du tiers (34%) des civils tués entre février et septembre 2022. Dans les cas où l’âge a été enregistré bien évidemment.
D'après l’association britannique pour les personnes âgées, HelpAge International, la proportion de personnes âgées touchées par la guerre en Ukraine est plus élevée que celle de tout autre conflit en cours. Pour autant, il faut savoir que c’est une « constante » : dans pratiquement toutes les guerres et toutes les catastrophes naturelles, les ainés sont toujours les plus touchés.
Comment fuir quand on est dépendant ? Comment trouver refuge dans un abri souterrain quand on se déplace en fauteuil roulant ? Comment récupérer sa pension pour s’assurer de quoi survivre quand tout s’écroule autour de vous ?
Ce nouveau rapport d’Amnesty International met en lumière l’impact dramatique de l’invasion russe sur les ainés en Ukraine et nous rappelle, une fois de plus, la place particulièrement exposée des personnes âgées dans les situations de crise.
Par choix ou parce qu’elles étaient dans l’impossibilité de fuir (handicap, dépendance, isolement…), de nombreuses personnes âgées sont restées chez elles, dans des conditions de vie dramatiques. Elles vivent dans des logements sans électricité, ni gaz, ni eau courante. Parfois, les fenêtres ou le toit sont endommagés et ne les protègent même plus de la pluie, de la neige ni du froid.
Nina, 70 ans, restée seule dans son appartement aux fenêtres cassées, en plein hiver, témoigne : « J'étais terrifié à l'idée que mes jambes gèlent. Je me suis assise dans ce que je pensais être le coin le plus sûr de la cuisine en cas d'onde de choc et j'ai apporté toute la literie et les oreillers que j'avais dans la maison, et je suis restée assise là pendant 10 jours. Tout ce que j'avais, c'était une petite torche. Je lui ai parlé. J'ai mis une couverture sur ma tête et j'ai allumé la torche en dessous et je l'ai supplié de ne pas s'éteindre ».
Hannah Selivon a 76 ans. Elle vit à Tchernihiv et dort sur matelas placé par des bénévoles dans sa baignoire, car sa salle de bains est la seule pièce qui a encore un plafond : « tout le monde dans notre rue est parti. Les seules qui restaient, c’était deux autres femmes âgées et moi... L'une d'elles était handicapée. Nous n'avions nulle part où aller. Je me cachais dans un trou de ma cave... Le 29 mars, des bombardements intensifs ont eu lieu et quand je suis sortie [de la cave], j'ai juste vu des flammes voler et [ma maison] brûler. Mes jambes ne bougeaient plus ».
Olena, 64 ans, dont la mobilité a été réduite après deux attaques cardiaques, témoigne : « j'habitais au huitième étage et le 18 mai, l'ascenseur a été mis hors service. Les travailleurs sociaux ont cessé de venir et je me suis retrouvée toute seule, dit-elle. Je ne pouvais rien manger. Je n'avais pas de médicaments. Des bénévoles m'ont trouvée en juin et m'ont dit que je devais évacuer.»
Svitlana, 64 ans, se trouvait dans un village occupé par les Russes près de Kharkiv. Son frère âgé de 61 ans, a eu une attaque cardiaque en avril 2022. Il a été hospitalisé, mais l’hôpital n’avait ni électricité ni eau courante. « Ils ne pouvaient rien faire, pas d’électrocardiogramme, pas d’encéphalogramme, ils n’avaient pas de médicaments », a-t-elle expliqué. Moins d’une semaine plus tard, son frère est mort d’une deuxième crise.
Parmi les personnes âgées qui ont perdu leur logement ou ont été déplacées par le conflit, elles sont nombreuses à avoir eu du mal à retrouver un logement convenable. Le problème : les retraites sont souvent bien inférieures au minimum vital et les prix des loyers a augmenté. Résultat : beaucoup risquent de ne plus avoir accès du tout à un logement.
Nina Silakova, 73 ans, déplacée de la région de Louhansk, a été expulsée deux fois des appartements qu’elle louait. Nina redoute de ne pas arriver à trouver un troisième appartement : « il n'y a pas de logement à ce prix dans la ville parce que nous sommes tellement [de personnes déplacées]... Je ne sais pas vers qui me tourner... Dois-je sortir dans la rue, me poster là et demander aux gens ? Ils vont juste passer et penser que je suis une vieille grand-mère malade. »
Les abris, quant à eux, sont en grande partie physiquement inaccessibles aux personnes âgées handicapées. En conséquence, des milliers de personnes âgées handicapées n'ont d'autre choix que de se tourner vers une institution publique. Rien qu'entre février et juillet 2022, au moins 4 000 personnes âgées ont été placées dans ces institutions après avoir perdu leur logement du fait du conflit, selon les déclarations du ministère ukrainien de la Politique sociale.
Olha Volkova, qui gère un foyer pour personnes âgées déplacées souffrant de handicaps à Dniepr, a déclaré : « Environ 60 % d’entre elles [sont envoyées dans des institutions]. Elles ne peuvent pas se permettre de payer un loyer, ni l’eau et l’électricité, ni à manger. Nous devons donc les envoyer dans des maisons de retraite. »
Quels sont les traités internationaux relatifs aux droits des personnes âgées
À l'heure actuelle, il n'existe aucun traité mondial sur les droits des personnes âgées. Les conclusions de ce rapport montrent clairement que les personnes âgées présentent des vulnérabilités croisées qui, ensemble, les exposent à des risques accrus en cas de crise.
À l'heure qu'il est, les droits des personnes âgées sont protégés par un ensemble disparate de traités internationaux de portée universelle ou concernant d'autres groupes. La communauté internationale devrait œuvrer à l'élaboration d'une convention spécifique aux personnes âgées, afin de sauvegarder leurs droits.
Source
À l'heure actuelle, il n'existe aucun traité mondial sur les droits des personnes âgées. Les conclusions de ce rapport montrent clairement que les personnes âgées présentent des vulnérabilités croisées qui, ensemble, les exposent à des risques accrus en cas de crise.
À l'heure qu'il est, les droits des personnes âgées sont protégés par un ensemble disparate de traités internationaux de portée universelle ou concernant d'autres groupes. La communauté internationale devrait œuvrer à l'élaboration d'une convention spécifique aux personnes âgées, afin de sauvegarder leurs droits.
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