Délaissant la Grèce antique, notre auteur facétieux transpose l’action de nos jours (ceux de l’époque de la création) et en situe l’action dans le midi de la France (en zone libre, donc, mais c’est peut-être un hasard).
Orphée, qui voyage avec son père, joue du violon tandis qu’Eurydice accompagne sa mère dans une tournée théâtrale.
Si les deux tourtereaux tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre, on découvre pourtant, progressivement, que la jeune fille n’est pas l’oie blanche qu’on aurait imaginée et que les choses ne vont pas être aussi simples que prévu.
Notre Eurydice décède bien vite dans un accident de bus et, c’est par l’entremise d’un Monsieur Henri, énigmatique à souhait (réminiscence de Charon ?), que les deux amoureux pourront se revoir à nouveau, sous la condition que l’on sait, mais que Anouilh modifie très vite, à sa manière…
Le texte est d’une grande force, à la fois féroce et grinçant comme l’est celui de toutes les Pièces Noires, mais aussi poétique et touchant comme dans les plus belles Pièces Roses.
Il y oppose de façon magistrale la noirceur de l’âme des adultes à l’intrépide candeur de la jeunesse dans des dialogues qui sont de grands moments de théâtre.
La pièce, peu jouée, fut reprise avec succès dans les années 90, avec les Wilson père et fils accompagnant la toute jeune et fraiche Sophie Marceau de l’époque.
La Compagnie du Colimaçon se réapproprie ce texte admirable pour en faire une production intemporelle qui restitue à merveille l’univers dual d’Anouilh.
Donnée cet hiver au Poche Montparnasse, Benoit Lavigne a le plaisir de l’accueillir ce printemps dans son théâtre du Lucernaire.
Il en a confié la mise en scène à Emmanuel Gaury, qui confesse, dans sa note d’intention, avoir voulu « rester au plus près de l’œuvre » sans y rajouter une quelconque « réécriture personnelle ».
Les sept acteurs -sept, en effet, c’est un spectacle de troupe- ont la complicité nécessaire pour restituer avec clarté toutes les facettes de l’écriture complexe du dramaturge.
Toutes et tous méritent également notre admiration, de Bérénice Boccara à Lou Lefevre, qui alternent dans le rôle d’Eurydice, de Gaspard Cuillé, tendre et naïf Orphée à Benjamin Romieux, séduisant et inquiétant Monsieur Henri, jusqu’à Jérôme Godgrand, sous les traits de Vincent Dulac, l’impresario, à qui incombe la tâche d’une des tirades les plus cyniques du théâtre d’Anouilh.
Les lumières délicates de Dan Imbert et la musique poignante de Mathieu Rannou contribuent encore à cette belle heure de plaisir.
Alex Kiev
Orphée, qui voyage avec son père, joue du violon tandis qu’Eurydice accompagne sa mère dans une tournée théâtrale.
Si les deux tourtereaux tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre, on découvre pourtant, progressivement, que la jeune fille n’est pas l’oie blanche qu’on aurait imaginée et que les choses ne vont pas être aussi simples que prévu.
Notre Eurydice décède bien vite dans un accident de bus et, c’est par l’entremise d’un Monsieur Henri, énigmatique à souhait (réminiscence de Charon ?), que les deux amoureux pourront se revoir à nouveau, sous la condition que l’on sait, mais que Anouilh modifie très vite, à sa manière…
Le texte est d’une grande force, à la fois féroce et grinçant comme l’est celui de toutes les Pièces Noires, mais aussi poétique et touchant comme dans les plus belles Pièces Roses.
Il y oppose de façon magistrale la noirceur de l’âme des adultes à l’intrépide candeur de la jeunesse dans des dialogues qui sont de grands moments de théâtre.
La pièce, peu jouée, fut reprise avec succès dans les années 90, avec les Wilson père et fils accompagnant la toute jeune et fraiche Sophie Marceau de l’époque.
La Compagnie du Colimaçon se réapproprie ce texte admirable pour en faire une production intemporelle qui restitue à merveille l’univers dual d’Anouilh.
Donnée cet hiver au Poche Montparnasse, Benoit Lavigne a le plaisir de l’accueillir ce printemps dans son théâtre du Lucernaire.
Il en a confié la mise en scène à Emmanuel Gaury, qui confesse, dans sa note d’intention, avoir voulu « rester au plus près de l’œuvre » sans y rajouter une quelconque « réécriture personnelle ».
Les sept acteurs -sept, en effet, c’est un spectacle de troupe- ont la complicité nécessaire pour restituer avec clarté toutes les facettes de l’écriture complexe du dramaturge.
Toutes et tous méritent également notre admiration, de Bérénice Boccara à Lou Lefevre, qui alternent dans le rôle d’Eurydice, de Gaspard Cuillé, tendre et naïf Orphée à Benjamin Romieux, séduisant et inquiétant Monsieur Henri, jusqu’à Jérôme Godgrand, sous les traits de Vincent Dulac, l’impresario, à qui incombe la tâche d’une des tirades les plus cyniques du théâtre d’Anouilh.
Les lumières délicates de Dan Imbert et la musique poignante de Mathieu Rannou contribuent encore à cette belle heure de plaisir.
Alex Kiev
Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Du mardi au samedi 18h30
Dimanche 15h
Jusqu’au 5 mai 2024
53 rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Du mardi au samedi 18h30
Dimanche 15h
Jusqu’au 5 mai 2024