Ces questions se posent concrètement aux résidents, aux proches, comme aux professionnels, depuis leur entrée dans l’établissement jusqu’à la fin de leur séjour, qui correspond souvent… à la fin de leur vie. Elles concernent des situations très diverses, mais également les gestes de tous les jours, les plus anodins parfois.
La réflexion éthique de Partage et Vie, initiée en 2019, se fonde sur des enquêtes menées au sein des établissements, sur des ateliers thématiques et des débats interdisciplinaires conduits au cours de son événement annuel du mois de juin, les Estivales.
« Droit, éthique et dépendance » est le 3e ouvrage publié par Partage et Vie. Nourri d’exemples vécus et d’analyses, il est dirigé cette année par le philosophe Roger-Pol Droit, conseiller pour la réflexion éthique de Partage et Vie, et la vice-présidente du Comité consultatif national d’éthique et conseillère scientifique à la fondation Partage et Vie, Karine Lefeuvre.
La réflexion éthique de Partage et Vie, initiée en 2019, se fonde sur des enquêtes menées au sein des établissements, sur des ateliers thématiques et des débats interdisciplinaires conduits au cours de son événement annuel du mois de juin, les Estivales.
« Droit, éthique et dépendance » est le 3e ouvrage publié par Partage et Vie. Nourri d’exemples vécus et d’analyses, il est dirigé cette année par le philosophe Roger-Pol Droit, conseiller pour la réflexion éthique de Partage et Vie, et la vice-présidente du Comité consultatif national d’éthique et conseillère scientifique à la fondation Partage et Vie, Karine Lefeuvre.
Roger-Pol Droit : extraits de l’introduction, Construire à plusieurs
« La pandémie a mis en lumière les liens, souvent vécus de manière conflictuelle, de l’éthique et du droit dans le domaine de la dépendance. Celles et ceux qui travaillent dans ce secteur, mais aussi les résidents et leurs proches, ont éprouvé le sentiment de se heurter, de manière pénible, douloureuse, à des textes réglementaires dont les conséquences étaient contraires à leur éthique.
Ces multiples tensions ont laissé des traces. Des attitudes de défiance ou de scepticisme se sont parfois installées, suggérant même, de manière dangereuse, une opposition plus ou moins permanente et constitutive entre l’éthique et le droit. Comme si les lois étaient élaborées à des années-lumière du terrain et des réalités humaines.
Le quotidien des soignants est l’occasion d’innombrables situations concrètes, de multiples tensions, petites et grandes, entre éthique et droit. Cette fois, il ne s’agit plus d’exceptions comme l’urgence sanitaire.
Ces tensions silencieuses, nous avons voulu que les professionnels en parlent, disent comment elles sont vécues. Au plus près des gestes et des réflexions de chaque jour, l’on commence à comprendre que les relations entre éthique et droit ne sont pas un sujet purement théorique, mais bien une réalité complexe, affective et réflexive à la fois.
Le travail de l'éthique est d’abord essentiellement un travail d'ajustement, une recherche de « sur-mesure » au quotidien et au cas par cas. Or, ceci n’a rien à voir avec la transgression de la loi. Il s'agit au contraire de l'appliquer, mais dans des circonstances toujours particulières.
Cet ajustement continu, permanent, évolutif, il faut l'inventer heure par heure, à plusieurs, avec la personne elle-même, autant que possible, et en compagnie de tous – directeurs d’établissement, médecins, soignants, experts de différentes disciplines, proches.
Ce travail de l'éthique est permanent, à la fois collectif et individualisé. Il s’efforce de réduire l’écart entre la généralité des textes de lois et la singularité des personnes pour parvenir à construire en commun les bons comportements ».
Ces multiples tensions ont laissé des traces. Des attitudes de défiance ou de scepticisme se sont parfois installées, suggérant même, de manière dangereuse, une opposition plus ou moins permanente et constitutive entre l’éthique et le droit. Comme si les lois étaient élaborées à des années-lumière du terrain et des réalités humaines.
Le quotidien des soignants est l’occasion d’innombrables situations concrètes, de multiples tensions, petites et grandes, entre éthique et droit. Cette fois, il ne s’agit plus d’exceptions comme l’urgence sanitaire.
Ces tensions silencieuses, nous avons voulu que les professionnels en parlent, disent comment elles sont vécues. Au plus près des gestes et des réflexions de chaque jour, l’on commence à comprendre que les relations entre éthique et droit ne sont pas un sujet purement théorique, mais bien une réalité complexe, affective et réflexive à la fois.
Le travail de l'éthique est d’abord essentiellement un travail d'ajustement, une recherche de « sur-mesure » au quotidien et au cas par cas. Or, ceci n’a rien à voir avec la transgression de la loi. Il s'agit au contraire de l'appliquer, mais dans des circonstances toujours particulières.
Cet ajustement continu, permanent, évolutif, il faut l'inventer heure par heure, à plusieurs, avec la personne elle-même, autant que possible, et en compagnie de tous – directeurs d’établissement, médecins, soignants, experts de différentes disciplines, proches.
Ce travail de l'éthique est permanent, à la fois collectif et individualisé. Il s’efforce de réduire l’écart entre la généralité des textes de lois et la singularité des personnes pour parvenir à construire en commun les bons comportements ».