Cancer du sein : quand l’étude des gènes peut éviter des chimiothérapies inutiles

Dans le cadre du salon intitulé Direction Santé au Féminin, qui se tiendra du 11 au 13 avril 2008 au Parc Floral de Paris le docteur Daniel Zarca, chirurgien sénologue cancérologue traitera de la thématique suivante « cancer du sein : quand l'étude des gènes peut éviter des chimiothérapies inutiles ». Voici donc, dans un premier temps, les grandes lignes de ce sujet qui sera largement repris, développé et débattu avec le grand public au cours de ce nouveau rendez-vous dédié à la santé familiale.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Jeudi 24 Janvier 2008

Bouleversement dans la vie d’une femme et de son couple, le cancer du sein touche chaque année près de 45.000 femmes en France. Parmi les traitements disponibles, la chimiothérapie est une arme certes efficace, mais dont les effets secondaires restent redoutables. Aujourd’hui, les progrès de la génomique permettent de savoir quelles femmes vont en tirer un vrai bénéfice.

Les progrès dans l’information, le suivi des femmes et le dépistage de cancers du sein à des stades précoces ont sans doute pour conséquence une diminution de la mortalité, les tumeurs étant plus souvent découvertes lorsqu’elles sont de petite taille et n’ont pas envahi les ganglions. Prédire comment un cancer va évoluer et prévoir l’efficacité des traitements disponibles est donc plus que jamais d’actualité.

Un des objectifs actuels est de pouvoir distinguer d’une part les patientes qu’il faudra soumettre un traitement agressif de chimiothérapie, et, d’autre part, les femmes qui ne nécessitent pas un tel traitement. Il s’agit bien d’une question majeure, connaissant les risques médicaux et l’impact sur la qualité de vie que les chimiothérapies représentent encore, malgré les progrès de ces traitements. .../...

Du pronostic du cancer à la prédiction de l’efficacité des traitements
Depuis des années, les médecins s’attachent, dès le diagnostic de cancer, à en déterminer les éléments de gravité. Ainsi, dans le cancer du sein, certains facteurs sont connus comme étant « statistiquement » de mauvais pronostic et justifient des traitements de chimiothérapie agressifs. Il s’agit là de données générales, vraies sur un ensemble de patientes, mais qu’en est-il à l’échelon individuel ? Pour chaque femme concernée, la question qui se pose en réalité est bien : j’ai un cancer, quel est le meilleur traitement pour moi ? Dois-je avoir une chimiothérapie ?

Une technique nouvelle et en pleine expansion permet aujourd’hui aux médecins de répondre à cette question : la génomique.

La génomique, carte d’identité de la tumeur
Ce qui distingue les cellules cancéreuses des cellules normales est de mieux en mieux connu. Ce sont des anomalies « intimes » des cellules formant la tumeur qui leur confèrent leur caractère agressif, comme la possibilité de se multiplier à l’infini, de se disperser dans un organe ou à distance, d’induire la formation de vaisseaux nourriciers, etc. Tous ces éléments sont sous la dépendance de l’expression de gènes spécifiques, qu’il est aujourd’hui possible de mettre en évidence grâce à l’étude de l’ADN des cellules tumorales, dès la biopsie diagnostique. Ainsi, aujourd’hui, 70 gènes peuvent ainsi être identifiés pour déterminer le profil de la tumeur.

L’ère des traitements des cancers « à la carte »
Concrètement aujourd’hui, les chimiothérapies sont proposées aux femmes atteintes des cancers les plus graves, mais quels sont les critères pertinents pour déterminer cette gravité ? Une vaste étude, l’essai MINDACT, concernant plus de 6 000 femmes atteintes de cancer du sein sans envahissement ganglionnaire, est en cours. Elle permettra de savoir si un choix de traitement basé sur les résultats de l’étude génomique des tumeurs est plus efficace qu’une stratégie basée sur les critères pronostiques classiques. Il semblerait que les critères classiques surestiment la gravité des cancers chez environ 25 % des femmes, auxquelles sont donc prescrites des chimiothérapies inutiles.

De plus, l’étude génomique permet de mieux prévoir les effets indésirables des différentes chimiothérapies chez une patiente donnée. L’étude des profils génomique s’applique potentiellement à un grand nombre de cancers : cancers du sein, mais aussi cancers du côlon, leucémies myéloïdes, etc. Le coût financier de ces tests, actuellement pratiqués hors de France, sont à mettre en balance avec les coûts directs et indirects de la chimiothérapie. Au-delà des aspects financiers, le retentissement des chimiothérapies sur la vie quotidienne des femmes est un élément majeur à prendre en compte. Ces conséquences et les souffrances induites par la chimiothérapie dans le quotidien des femmes font d’ailleurs l’objet d’une enquête, réalisée par la TNS Sofres.

Après une première période où les décisions thérapeutiques étaient basées sur des résultats statistiques, issus des études et des essais cliniques, nous sommes aujourd’hui au cœur d’une véritable révolution des pensées, puisque c’est à l’échelon individuel que va pouvoir être choisi le meilleur traitement du cancer, grâce aux progrès de la biologie moléculaire. Les médecins disposeront ainsi de critères précis et individuels pour proposer à leurs patientes le traitement le plus adapté à chacune.

Source : Direction Santé au Féminin










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