Dans quel contexte a été lancé cet appel à projets ? Qu’est-ce qui l’a motivé ?
La FRM a décidé de donner une impulsion particulière à la recherche sur les maladies neurodégénératives et notamment sur la maladie d’Alzheimer. Les maladies neurodégénératives touchent en effet un nombre important de personnes, à différents âges de la vie, et parmi elles, la maladie d’Alzheimer est la plus fréquente : 900 000 personnes en souffrent actuellement en France.
Mais à ce jour, aucun traitement curatif n’a encore été trouvé et nous n’arrivons toujours pas à poser de diagnostic précoce avant même les premiers symptômes. Les chercheurs peinent encore à comprendre les mécanismes à l’origine de la maladie. Enfin, côté recherche privée, il est à déplorer l’absence de centres de recherches dédiés et le manque de moyens alloués.
Quels sont ses objectifs ?
Notre réflexion s’est articulée autour de 3 axes. Le premier est que pour faire avancer la recherche sur la maladie, il faut croiser les points de vue et faire intervenir de nouveaux acteurs, mettre en relation des chercheurs qui travaillent déjà en neurosciences avec d’autres disciplines comme l’immunologie, la chimie, la biologie structurale, la biologie des systèmes, l’épidémiologie, l’imagerie…
Cet aspect pluridisciplinaire est d’ailleurs l’une des caractéristiques de la FRM qui soutient des recherches dans tous les domaines. Le deuxième est qu’il faut financer des projets qui permettront de mieux comprendre les mécanismes de la maladie et de trouver de nouvelles pistes de causalité au-delà des pistes évoquées jusqu’ici comme les agrégats toxiques de protéines anormales.
Le troisième est de pallier le manque de moyens alloués à la recherche contre la maladie d’Alzheimer.
Dans le domaine des financements caritatifs français, environ 5 millions d’euros sont dédiés chaque année à cette maladie. Notre appel à projets, mené en partenariat avec la Fondation Alzheimer, dont le budget s’élèvera à 5 millions d’euros, permettra ainsi en 2019 de doubler le montant des financements privés caritatifs.
En quoi consiste-t-il exactement ?
L’appel à projets a été lancé auprès de l’ensemble des laboratoires de recherche académique français. Les demandes sont évaluées par un comité de sélection constitué de spécialistes internationaux et présidé par Thierry Galli.
Les projets proposés doivent être pluridisciplinaires (2 équipes de 2 disciplines différentes à minima dont une travaillant déjà dans le champ de la maladie d’Alzheimer) et démontrer une intégration des équipes et non relever d’une simple juxtaposition de compétences.
Ce sont les apports mutuels entre disciplines, la coexistence de différents points de vue qui pourront, selon nous, aboutir à des hypothèses nouvelles. Sur le fond, les projets proposés s’attacheront à décrypter les mécanismes fondamentaux de la maladie et devront porter sur les aspects moléculaires, cellulaires, translationnels et intégrés de la physiopathologie et de l’évolution de la maladie d’Alzheimer et des pathologies apparentées.
À quoi serviront concrètement les 5 millions d’euros ?
Nous pensons pouvoir financer au total entre 8 et 10 projets de recherche avec une dotation maximale de 600 000 € par projet. Cet apport financier permettra de financer durant 2 ou 3 ans les salaires de chercheurs et leurs frais d’équipement et de fonctionnement.
Quelle est la légitimité de la FRM sur le sujet ?
Historiquement engagée dans la recherche, nous travaillons depuis toujours sur ces sujets. Nous engageons chaque année environ 1 million d’euros sur une dizaine de projets ciblés sur la maladie d’Alzheimer et avec des avancées à la clé.
Citons par exemple, les recherches menées par l’équipe de Ronald Melki qui travaille sur la propagation des agrégats protéiques toxiques dans le cerveau et a mis en évidence des cibles de ces agrégats sur les neurones sains : ces dernières pourraient s’avérer de futures cibles thérapeutiques. Ou encore l’équipe de Dominique Campion qui cherche à identifier de nouveaux gènes impliqués dans les formes précoces de la maladie d’Alzheimer et comprendre leur rôle dans les dysfonctions des neurones des malades.
Combien de projets avez-vous déjà reçus et sélectionnés ?
Nous avons reçu 52 dossiers, ce qui est un très bon résultat et recouvre quasiment toute la communauté scientifique travaillant sur la maladie d’Alzheimer en France. A date, 19 d’entre eux ont déjà été présélectionnés pour une sélection finale prévue le 13 décembre 2019.
Pour 14 de ces 19 dossiers, il s’agit d’une première collaboration entre des équipes n’ayant encore jamais travaillé ensemble. Et pour 9 d’entre eux, l’équipe co-porteuse du projet n’a jamais travaillé sur la maladie d’Alzheimer. Nous nous en réjouissons car cela devrait aboutir à de nouvelles hypothèses et faire émerger de nouveaux concepts.
Il est aussi à parier que les équipes ayant initié un projet via notre action le poursuivront, et ce au-delà du financement alloué. Ce qui est une très bonne chose pour la recherche française.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples de projets emblématiques ?
Les thématiques abordées sont assez variées mais toutes ont pour objet de mieux comprendre les mécanismes de la maladie. L’un des projets présélectionnés va ainsi s’intéresser à la façon dont la membrane du neurone se comporte en présence d’agrégats protéiques toxiques. D’autres projets vont s’attacher à comprendre le rôle du système immunitaire dans le développement de la maladie. On suppose en effet que l’inflammation chronique pourrait participer au développement de la maladie.
Un autre projet aura pour objet d’identifier de nouveaux facteurs génétiques liés à la maladie, pouvant permettre de mieux la diagnostiquer. Les différences entre femmes et hommes face à la maladie seront aussi explorées, les femmes connaissant un déclin cognitif plus rapide que les hommes avant le déclenchement de la maladie. Il sera instructif de comprendre pourquoi.
Enfin, certains projets traiteront du rôle du microbiote intestinal (micro-organismes vivant dans
le tube digestif) dans le développement de la maladie.
La FRM a décidé de donner une impulsion particulière à la recherche sur les maladies neurodégénératives et notamment sur la maladie d’Alzheimer. Les maladies neurodégénératives touchent en effet un nombre important de personnes, à différents âges de la vie, et parmi elles, la maladie d’Alzheimer est la plus fréquente : 900 000 personnes en souffrent actuellement en France.
Mais à ce jour, aucun traitement curatif n’a encore été trouvé et nous n’arrivons toujours pas à poser de diagnostic précoce avant même les premiers symptômes. Les chercheurs peinent encore à comprendre les mécanismes à l’origine de la maladie. Enfin, côté recherche privée, il est à déplorer l’absence de centres de recherches dédiés et le manque de moyens alloués.
Quels sont ses objectifs ?
Notre réflexion s’est articulée autour de 3 axes. Le premier est que pour faire avancer la recherche sur la maladie, il faut croiser les points de vue et faire intervenir de nouveaux acteurs, mettre en relation des chercheurs qui travaillent déjà en neurosciences avec d’autres disciplines comme l’immunologie, la chimie, la biologie structurale, la biologie des systèmes, l’épidémiologie, l’imagerie…
Cet aspect pluridisciplinaire est d’ailleurs l’une des caractéristiques de la FRM qui soutient des recherches dans tous les domaines. Le deuxième est qu’il faut financer des projets qui permettront de mieux comprendre les mécanismes de la maladie et de trouver de nouvelles pistes de causalité au-delà des pistes évoquées jusqu’ici comme les agrégats toxiques de protéines anormales.
Le troisième est de pallier le manque de moyens alloués à la recherche contre la maladie d’Alzheimer.
Dans le domaine des financements caritatifs français, environ 5 millions d’euros sont dédiés chaque année à cette maladie. Notre appel à projets, mené en partenariat avec la Fondation Alzheimer, dont le budget s’élèvera à 5 millions d’euros, permettra ainsi en 2019 de doubler le montant des financements privés caritatifs.
En quoi consiste-t-il exactement ?
L’appel à projets a été lancé auprès de l’ensemble des laboratoires de recherche académique français. Les demandes sont évaluées par un comité de sélection constitué de spécialistes internationaux et présidé par Thierry Galli.
Les projets proposés doivent être pluridisciplinaires (2 équipes de 2 disciplines différentes à minima dont une travaillant déjà dans le champ de la maladie d’Alzheimer) et démontrer une intégration des équipes et non relever d’une simple juxtaposition de compétences.
Ce sont les apports mutuels entre disciplines, la coexistence de différents points de vue qui pourront, selon nous, aboutir à des hypothèses nouvelles. Sur le fond, les projets proposés s’attacheront à décrypter les mécanismes fondamentaux de la maladie et devront porter sur les aspects moléculaires, cellulaires, translationnels et intégrés de la physiopathologie et de l’évolution de la maladie d’Alzheimer et des pathologies apparentées.
À quoi serviront concrètement les 5 millions d’euros ?
Nous pensons pouvoir financer au total entre 8 et 10 projets de recherche avec une dotation maximale de 600 000 € par projet. Cet apport financier permettra de financer durant 2 ou 3 ans les salaires de chercheurs et leurs frais d’équipement et de fonctionnement.
Quelle est la légitimité de la FRM sur le sujet ?
Historiquement engagée dans la recherche, nous travaillons depuis toujours sur ces sujets. Nous engageons chaque année environ 1 million d’euros sur une dizaine de projets ciblés sur la maladie d’Alzheimer et avec des avancées à la clé.
Citons par exemple, les recherches menées par l’équipe de Ronald Melki qui travaille sur la propagation des agrégats protéiques toxiques dans le cerveau et a mis en évidence des cibles de ces agrégats sur les neurones sains : ces dernières pourraient s’avérer de futures cibles thérapeutiques. Ou encore l’équipe de Dominique Campion qui cherche à identifier de nouveaux gènes impliqués dans les formes précoces de la maladie d’Alzheimer et comprendre leur rôle dans les dysfonctions des neurones des malades.
Combien de projets avez-vous déjà reçus et sélectionnés ?
Nous avons reçu 52 dossiers, ce qui est un très bon résultat et recouvre quasiment toute la communauté scientifique travaillant sur la maladie d’Alzheimer en France. A date, 19 d’entre eux ont déjà été présélectionnés pour une sélection finale prévue le 13 décembre 2019.
Pour 14 de ces 19 dossiers, il s’agit d’une première collaboration entre des équipes n’ayant encore jamais travaillé ensemble. Et pour 9 d’entre eux, l’équipe co-porteuse du projet n’a jamais travaillé sur la maladie d’Alzheimer. Nous nous en réjouissons car cela devrait aboutir à de nouvelles hypothèses et faire émerger de nouveaux concepts.
Il est aussi à parier que les équipes ayant initié un projet via notre action le poursuivront, et ce au-delà du financement alloué. Ce qui est une très bonne chose pour la recherche française.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples de projets emblématiques ?
Les thématiques abordées sont assez variées mais toutes ont pour objet de mieux comprendre les mécanismes de la maladie. L’un des projets présélectionnés va ainsi s’intéresser à la façon dont la membrane du neurone se comporte en présence d’agrégats protéiques toxiques. D’autres projets vont s’attacher à comprendre le rôle du système immunitaire dans le développement de la maladie. On suppose en effet que l’inflammation chronique pourrait participer au développement de la maladie.
Un autre projet aura pour objet d’identifier de nouveaux facteurs génétiques liés à la maladie, pouvant permettre de mieux la diagnostiquer. Les différences entre femmes et hommes face à la maladie seront aussi explorées, les femmes connaissant un déclin cognitif plus rapide que les hommes avant le déclenchement de la maladie. Il sera instructif de comprendre pourquoi.
Enfin, certains projets traiteront du rôle du microbiote intestinal (micro-organismes vivant dans
le tube digestif) dans le développement de la maladie.