Ces dernières semaines, la plateforme de prise de rendez-vous en ligne, Doctolib, a fait parler d’elle pour avoir fait la promotion de pratiques non reconnues et parfois considérées comme charlatanesques.
Doctolib se voit principalement reprocher d’avoir donné accès à la naturopathie, une pratique prisée par les Français mais qui n’est pas encadrée.
« Or, une plateforme dédiée à la prise de rendez-vous médicaux ne peut en aucun cas être mise sur le même plan que les plateformes ″bien-être″ car elle ressence principalement des professionnels issus de professions ordinales ou des professionnels juridiquement reconnus », explique Véronique Suissa, directrice de l’Agence des médecines complémentaires et alternatives (A-MCA).
Et d’ajouter : « Néanmoins, il faut reconnaître que la polémique est disproportionnée car dans le champ des médecines complémentaires, l’offre de Doctolib est particulièrement minime sans parler du fait qu’elle concerne principalement des pratiques réglementées par la loi telles que l’ostéopathie, l’acupuncture et l’homéopathie proposées par des professionnels de la santé. »
Et ce, contrairement à d’autres plateformes bien-être, qui proposent des pratiques dénuées de normes telles que du magnétisme, du reiki, du coaching ou encore de l’hypnose spirituelle par des praticiens rarement médecins, ouvrant ainsi la voie vers un exercice illégal de la médecine.
« Autrement dit, en termes d’accès ″aux médecines complémentaires″, Doctolib est actuellement bien plus adaptée et sécurisée que les plateformes dites ″spécialisées″ dans le domaine », estime la directrice de l’A-MCA.
Une reconnaissance possible
Si la naturopathie n’a, a priori, rien à faire sur Doctolib, pour l’A-MCA, cela ne veut pas dire pour autant que toutes les médecines complémentaires sont à bannir des plateformes médicales.
Celles encadrées par la loi et/ou réservées à des médecins ou professionnels de santé y ont toute leur place. Dans ce cadre, l’accès numérique « médical » peut tout à fait avoir du sens.
Et ce d’autant plus que nombre de médecines complémentaires sont déjà intégrées dans l’écosystème de santé : en oncologie, de nombreuses pratiques se démocratisent dans le cadre des soins de supports ; elles sont également très bien accueillies par les résidents d’Ehpad tout comme elles se déploient favorablement en psychiatrie ou dans les services de douleurs.
De plus, certaines répondent à des normes de formations reconnues par l’État et/ou l’Université. « De fait, bon nombre de praticiens (art-thérapeutes, sophrologues, réflexologues, ostéopathes, chiropracteurs, acupuncteurs, etc.) ont toute légitimité pour intervenir dès lors qu’ils sont dûment formés », soutient Véronique Suissa.
Et d’ajouter : « Dans ce cas, les proposer au sein de Doctolib ou de plateformes apparentées peut tout à fait être fondé et permet de répondre à une demande sociétale difficile à satisfaire en toute sécurité. »
Néanmoins, la boîte de Pandore recouvre un amas de pratiques et de praticiens aux compétences disparates, ce qui n’est évidemment pas sans risques pour les usagers, notamment avec l’existence des plateformes bien-être aux pratiques douteuses.
Agir de façon raisonnée et raisonnable
Aujourd’hui, les médecines complémentaires sont utilisées par près d’un Français sur deux. Si certains prônent un accès diversifié, d’autres rejettent ces pratiques et exigent « des preuves », alors qu’aucun moyen n’est alloué à la recherche.
Faute « de preuves », doit-on interdire à l’hôpital, la socio-esthétique aux femmes atteintes de cancer ou le soutien spirituel que réclament de nombreux patients en soins palliatifs ?
« Incontestablement, les décideurs politiques ont une responsabilité et un devoir d’action, estime Véronique Suissa.
Le vote de la proposition de résolution déposée en mars 2021 à l’initiative d’Agnès Firmin Le Bodo, ancienne députée et actuelle ministre déléguée, invitant à créer une agence gouvernementale d’évaluation des approches complémentaires adaptées et de contrôle des dérives thérapeutiques et des pratiques alternatives, permettrait cette avancée. »
D’ailleurs, dans un contexte de remue-ménage, l’A-MCA est actuellement sollicitée par différentes plateformes pour apporter son expertise. « Nous échangeons avec différents acteurs du numérique en santé/prévention santé pour les aider à réfléchir et entrevoir des pistes d’accès plus cohérentes », indique-t-elle.
Quoi qu’il en soit, face à la demande sociétale et au manque de repères, face aux risques de dérives, et à l’essor des charlatans en santé, il devient plus que nécessaire d’agir et de faire le tri, c’est-à-dire de « répertorier plus clairement les pratiques réglementées, informer et agir autour des normes de formations, établir des critères d’inclusion/d’exclusion, évaluer les méthodes, donc de structurer ce mouvement avec des actions à la fois au niveau sociétal, médical et scientifique », plaide Véronique Suissa.
Avant de conclure : « Il importe de ne plus tout mélanger, de raisonner le débat, d’apporter de la nuance, de sortir de la bien-pensance, d’oser agir et surtout de revenir à l’essence et d’intégrer plus intelligemment le ″prendre soin″ (care) dans le ″soin″ (cure). »
Doctolib se voit principalement reprocher d’avoir donné accès à la naturopathie, une pratique prisée par les Français mais qui n’est pas encadrée.
« Or, une plateforme dédiée à la prise de rendez-vous médicaux ne peut en aucun cas être mise sur le même plan que les plateformes ″bien-être″ car elle ressence principalement des professionnels issus de professions ordinales ou des professionnels juridiquement reconnus », explique Véronique Suissa, directrice de l’Agence des médecines complémentaires et alternatives (A-MCA).
Et d’ajouter : « Néanmoins, il faut reconnaître que la polémique est disproportionnée car dans le champ des médecines complémentaires, l’offre de Doctolib est particulièrement minime sans parler du fait qu’elle concerne principalement des pratiques réglementées par la loi telles que l’ostéopathie, l’acupuncture et l’homéopathie proposées par des professionnels de la santé. »
Et ce, contrairement à d’autres plateformes bien-être, qui proposent des pratiques dénuées de normes telles que du magnétisme, du reiki, du coaching ou encore de l’hypnose spirituelle par des praticiens rarement médecins, ouvrant ainsi la voie vers un exercice illégal de la médecine.
« Autrement dit, en termes d’accès ″aux médecines complémentaires″, Doctolib est actuellement bien plus adaptée et sécurisée que les plateformes dites ″spécialisées″ dans le domaine », estime la directrice de l’A-MCA.
Une reconnaissance possible
Si la naturopathie n’a, a priori, rien à faire sur Doctolib, pour l’A-MCA, cela ne veut pas dire pour autant que toutes les médecines complémentaires sont à bannir des plateformes médicales.
Celles encadrées par la loi et/ou réservées à des médecins ou professionnels de santé y ont toute leur place. Dans ce cadre, l’accès numérique « médical » peut tout à fait avoir du sens.
Et ce d’autant plus que nombre de médecines complémentaires sont déjà intégrées dans l’écosystème de santé : en oncologie, de nombreuses pratiques se démocratisent dans le cadre des soins de supports ; elles sont également très bien accueillies par les résidents d’Ehpad tout comme elles se déploient favorablement en psychiatrie ou dans les services de douleurs.
De plus, certaines répondent à des normes de formations reconnues par l’État et/ou l’Université. « De fait, bon nombre de praticiens (art-thérapeutes, sophrologues, réflexologues, ostéopathes, chiropracteurs, acupuncteurs, etc.) ont toute légitimité pour intervenir dès lors qu’ils sont dûment formés », soutient Véronique Suissa.
Et d’ajouter : « Dans ce cas, les proposer au sein de Doctolib ou de plateformes apparentées peut tout à fait être fondé et permet de répondre à une demande sociétale difficile à satisfaire en toute sécurité. »
Néanmoins, la boîte de Pandore recouvre un amas de pratiques et de praticiens aux compétences disparates, ce qui n’est évidemment pas sans risques pour les usagers, notamment avec l’existence des plateformes bien-être aux pratiques douteuses.
Agir de façon raisonnée et raisonnable
Aujourd’hui, les médecines complémentaires sont utilisées par près d’un Français sur deux. Si certains prônent un accès diversifié, d’autres rejettent ces pratiques et exigent « des preuves », alors qu’aucun moyen n’est alloué à la recherche.
Faute « de preuves », doit-on interdire à l’hôpital, la socio-esthétique aux femmes atteintes de cancer ou le soutien spirituel que réclament de nombreux patients en soins palliatifs ?
« Incontestablement, les décideurs politiques ont une responsabilité et un devoir d’action, estime Véronique Suissa.
Le vote de la proposition de résolution déposée en mars 2021 à l’initiative d’Agnès Firmin Le Bodo, ancienne députée et actuelle ministre déléguée, invitant à créer une agence gouvernementale d’évaluation des approches complémentaires adaptées et de contrôle des dérives thérapeutiques et des pratiques alternatives, permettrait cette avancée. »
D’ailleurs, dans un contexte de remue-ménage, l’A-MCA est actuellement sollicitée par différentes plateformes pour apporter son expertise. « Nous échangeons avec différents acteurs du numérique en santé/prévention santé pour les aider à réfléchir et entrevoir des pistes d’accès plus cohérentes », indique-t-elle.
Quoi qu’il en soit, face à la demande sociétale et au manque de repères, face aux risques de dérives, et à l’essor des charlatans en santé, il devient plus que nécessaire d’agir et de faire le tri, c’est-à-dire de « répertorier plus clairement les pratiques réglementées, informer et agir autour des normes de formations, établir des critères d’inclusion/d’exclusion, évaluer les méthodes, donc de structurer ce mouvement avec des actions à la fois au niveau sociétal, médical et scientifique », plaide Véronique Suissa.
Avant de conclure : « Il importe de ne plus tout mélanger, de raisonner le débat, d’apporter de la nuance, de sortir de la bien-pensance, d’oser agir et surtout de revenir à l’essence et d’intégrer plus intelligemment le ″prendre soin″ (care) dans le ″soin″ (cure). »