Poussière d’Adrian N. Bravi : j’épands, donc j’essuie

Spinoza, dont l’exergue ouvre cette courte comédie, plaçait la liberté comme une nécessité intérieure ; la contrainte comme une nécessité extérieure. La liberté n’est pas de faire ce que l’on veut, mais elle est d’ajuster et d’insérer sa nécessité dans celle du monde. Aussi s’insurgeait-il contre la prétention de l’homme de se croire libre d’échapper aux lois de la nature.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 21/09/2009

C’est l’histoire d’un personnage spinozien que nous présente Adrian N. Bravi.

Anselmo est un être falot et phallocrate. C’est un obsédé de la propreté qui pousse sa maniaquerie le plus loin qu’il peut. Et il l’assume pleinement : « Moi, ça m’est bien égal. Si l’on pense que je suis devenue fou parce que je m’en fais pour une fine pluie de poussière qui se dépose sur les objets, ça me va très bien ».

A son coté vit une femme qui subit sa lubie, acquiesce à l’hystérie (l’autre préjugé spinozien est la faiblesse des femmes) et se réfugie dans l’alcoolisme.

Chaque jour, elle se fait réprimander par son mari car elle ne fait pas correctement le ménage, ce qui donne de belles pages sur le sadisme et la descente dans la folie.

Dans ce roman aux allures kafkaïennes, la poussière est élevée au rang d’élément philosophique, s’ajoutant à l’eau, au feu, à la terre, à l’air. Comme elle est composée d’une infinie multitude de matériaux, elle est « la seule chose vraiment multiethnique et multicolore, multicentrique et multiséculaire, multiarticulée et multiforme, elle est même la chose la plus inclassable de l’espace terrestre et intersidéral, elle est la chose, enfin, la plus cosmopolite et cosmoplanétaire de tout l’espace… »

Au fil des pages se profile le dessein d’Ansolmo. Il est d’« ordonner le réel et de réduire le chaos à travers une langue qui puisse s’imposer comme un code universel de la connaissance ».

Ordonner jusqu’à la folie ? C’est du propre !

Poussière
Adrian N. Bravi
(traduit de l’italien par Danièle Valin)
Editions Rivages
152 pages
16 euros
Poussière d’Adrian N. Bravi










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