« Dans le domaine des pratiques complémentaires, la réglementation actuelle présente des failles, rappelle Véronique Suissa, directrice de l’A-MCA. Dès lors que des pratiques ne sont pas interdites, elles peuvent donc être autorisées à condition qu’il n’y ait pas d’abus ou d’exercice illégal de la médecine ».
Cela étant, l’exercice illégal de la médecine est une dérive parmi de nombreuses autres : recommandations inadaptées, usage de termes connexes au champ médical et psychologique, phénomène de culpabilisation, etc.
« Les dérives sont souvent à tort associées au phénomène sectaire mais en réalité elles sont plus souvent de nature thérapeutiques et involontaires. Elles n’en sont pas moins des dérives mais il y a peu de leviers d’action pour agir », ajoute la Directrice de l’A-MCA.
Plusieurs écueils sont constatés, du côté des centres de formation par exemple, autorisés et ce malgré les formations express proposées, ce qui ouvre la brèche à l’essor de pratiques et de praticiens (soignants ou non), ainsi qu’à la confusion entre ce qui est potentiellement vertueux/douteux voire dangereux.
« De façon générale, les dérives sont majoritairement exercées par des praticiens non soignants justement parce qu’ils n’ont pas de formation suffisamment solide en matière de fragilités humaines », informe Véronique Suissa. Certains soignants peuvent aussi exercer des pratiques douteuses.
« Une même pratique peut donc être proposée par un professionnel bien formé, un praticien de bonne foi en manque de compétence propice à la dérive ou un charlatan volontairement déviant », soulève Véronique Suissa.
Limiter les dérives
Trois piliers permettraient de limiter les dérives : la norme de formation, qui permet d’assurer des compétences et de délimiter les domaines d’interventions ; la réglementation, afin de conditionner l’exercice à des professionnels dûment formés et spécialisés ; la validation scientifique pour assurer la cohérence d’un déploiement.
« Le problème, c’est que les pratiques complémentaires sont actuellement associées à l’un et/ou l’autre de ces trois piliers sans jamais détenir les trois », regrette-t-elle.
Par exemple, l’art-thérapie, très déployée en Ehpad, bénéficie de normes de formation sans pour autant être réglementée, ce qui conduit à la présence de praticiens non qualifiés auprès des seniors.
« En l’absence de cadre, il convient de sensibiliser les dirigeants comme les soignants à ce que sont ou non les pratiques complémentaires adaptées », recommande Véronique Suissa.
Loi contre les dérives et recommandations de l’AMCA
La loi contre les dérives ne fait actuellement pas consensus. « Dans tout cela, on oublie souvent les premiers concernés : les personnes ont leurs propres croyances, plus ou moins irrationnelles, rappelle Véronique Suissa. Quid des patients qui adhèrent, sans être en situation d’emprise, à des pratiques aux conceptions très éloignées de la médecine ? »
L’articulation entre « liberté » et « sécurité » est une question de fond. « L’irrationnel tient une place certaine, y compris dans le soin, comme le soulève les travaux menés sur le sujet par l’Académie nationale de médecine, indique-t-elle.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y aurait bien des façons de pouvoir agir concrètement contre les dérives, mais on ne peut pas dire que cela avance tandis que les usagers n’ont pas de vrais repères. »
L’AMCA recommande donc une classification par critères. « Si la loi définit des critères officiels de dérives quel que soit la pratique, cela permettrait d’interdire leur déploiement », indique Véronique Suissa.
L’obtention d’un titre devrait également être conditionné à une formation certifiée, ce qui impose de clarifier les critères de formations aujourd’hui quasi inexistants et hétérogènes.
Autre enjeu : définir, sur un plan réglementaire, ce qui relève du bien-être et du thérapeutique pour clarifier juridiquement « qui peut faire quoi et à quel moment ».
« Il faudrait également interdire la possibilité pour les professionnels de santé d’user de leur titre de soignant pour proposer une pratique considérée comme déviante mais à l’inverse faciliter les professionnels de santé qui proposent des pratiques adaptées », estime Véronique Suissa.
Et de pointer : « Au-delà de la formation et de la recherche, la loi représente la pierre angulaire des usages sécurisés puisqu’elle permet à la fois d’interdire ce qui est déviant dès lors où les critères sont établis mais aussi ″d’autoriser sous conditions″ dès lors que le cadre est structurant comme c’est le cas pour plusieurs pratiques recommandées par la Haute Autorité de santé (HAS).
« Dans le domaine des pratiques complémentaires, la réflexion est certes utile mais il s’agit aussi d’oser concrètement passer à l’action pour répondre à une demande évidente de société », conclut Véronique Suissa.
Cela étant, l’exercice illégal de la médecine est une dérive parmi de nombreuses autres : recommandations inadaptées, usage de termes connexes au champ médical et psychologique, phénomène de culpabilisation, etc.
« Les dérives sont souvent à tort associées au phénomène sectaire mais en réalité elles sont plus souvent de nature thérapeutiques et involontaires. Elles n’en sont pas moins des dérives mais il y a peu de leviers d’action pour agir », ajoute la Directrice de l’A-MCA.
Plusieurs écueils sont constatés, du côté des centres de formation par exemple, autorisés et ce malgré les formations express proposées, ce qui ouvre la brèche à l’essor de pratiques et de praticiens (soignants ou non), ainsi qu’à la confusion entre ce qui est potentiellement vertueux/douteux voire dangereux.
« De façon générale, les dérives sont majoritairement exercées par des praticiens non soignants justement parce qu’ils n’ont pas de formation suffisamment solide en matière de fragilités humaines », informe Véronique Suissa. Certains soignants peuvent aussi exercer des pratiques douteuses.
« Une même pratique peut donc être proposée par un professionnel bien formé, un praticien de bonne foi en manque de compétence propice à la dérive ou un charlatan volontairement déviant », soulève Véronique Suissa.
Limiter les dérives
Trois piliers permettraient de limiter les dérives : la norme de formation, qui permet d’assurer des compétences et de délimiter les domaines d’interventions ; la réglementation, afin de conditionner l’exercice à des professionnels dûment formés et spécialisés ; la validation scientifique pour assurer la cohérence d’un déploiement.
« Le problème, c’est que les pratiques complémentaires sont actuellement associées à l’un et/ou l’autre de ces trois piliers sans jamais détenir les trois », regrette-t-elle.
Par exemple, l’art-thérapie, très déployée en Ehpad, bénéficie de normes de formation sans pour autant être réglementée, ce qui conduit à la présence de praticiens non qualifiés auprès des seniors.
« En l’absence de cadre, il convient de sensibiliser les dirigeants comme les soignants à ce que sont ou non les pratiques complémentaires adaptées », recommande Véronique Suissa.
Loi contre les dérives et recommandations de l’AMCA
La loi contre les dérives ne fait actuellement pas consensus. « Dans tout cela, on oublie souvent les premiers concernés : les personnes ont leurs propres croyances, plus ou moins irrationnelles, rappelle Véronique Suissa. Quid des patients qui adhèrent, sans être en situation d’emprise, à des pratiques aux conceptions très éloignées de la médecine ? »
L’articulation entre « liberté » et « sécurité » est une question de fond. « L’irrationnel tient une place certaine, y compris dans le soin, comme le soulève les travaux menés sur le sujet par l’Académie nationale de médecine, indique-t-elle.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y aurait bien des façons de pouvoir agir concrètement contre les dérives, mais on ne peut pas dire que cela avance tandis que les usagers n’ont pas de vrais repères. »
L’AMCA recommande donc une classification par critères. « Si la loi définit des critères officiels de dérives quel que soit la pratique, cela permettrait d’interdire leur déploiement », indique Véronique Suissa.
L’obtention d’un titre devrait également être conditionné à une formation certifiée, ce qui impose de clarifier les critères de formations aujourd’hui quasi inexistants et hétérogènes.
Autre enjeu : définir, sur un plan réglementaire, ce qui relève du bien-être et du thérapeutique pour clarifier juridiquement « qui peut faire quoi et à quel moment ».
« Il faudrait également interdire la possibilité pour les professionnels de santé d’user de leur titre de soignant pour proposer une pratique considérée comme déviante mais à l’inverse faciliter les professionnels de santé qui proposent des pratiques adaptées », estime Véronique Suissa.
Et de pointer : « Au-delà de la formation et de la recherche, la loi représente la pierre angulaire des usages sécurisés puisqu’elle permet à la fois d’interdire ce qui est déviant dès lors où les critères sont établis mais aussi ″d’autoriser sous conditions″ dès lors que le cadre est structurant comme c’est le cas pour plusieurs pratiques recommandées par la Haute Autorité de santé (HAS).
« Dans le domaine des pratiques complémentaires, la réflexion est certes utile mais il s’agit aussi d’oser concrètement passer à l’action pour répondre à une demande évidente de société », conclut Véronique Suissa.