La Serva Amorosa de Carlo Goldoni au Théâtre de la Porte Saint-Martin : une femme de tête et de coeur

La pièce, créée à Bologne en 1752, est une des plus célèbres, sinon la plus jouée, du dramaturge italien. Catherine Hiégel, qui signe la mise en scène de cette nouvelle production, en tint le rôle-titre au Français il y a quelques décennies dans une mise en scène de Jacques Lassalle.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 18/11/2024

La Serva Amorosa ©Carlo Goldoni/Théâtre de la Porte Saint-Martin
Plus récemment, Christophe Lidon en avait donné une version mémorable au Théâtre Hébertot, avec Clémentine Célarié, Claire Nadeau et le regretté Robert Hirsch.

L’intrigue est dans le style de la comédie italienne : le vieil Ottavio, riche bourgeois de Vérone s’est remarié avec la cupide Béatrice qui a tout fait pour éloigner le fils Florindo de son actuel époux pour mettre à sa place son propre fils Lélio. Sentant faiblir les forces de son mari, elle fait tout pour lui faire signer un testament en sa faveur qui déshériterait le fils légitime.

C’est sans compter sur la malicieuse Coraline, jeune veuve et ancienne domestique de la maison qui a recueilli chez elle le malheureux Florindo et compte bien, par tous les moyens s’il le faut, lui faire restituer ses droits…

La pièce est enjouée, les dialogues bien écrits se succèdent sans qu’on s’ennuie un seul instant, dans un spectacle de plus de deux heures, avec entracte qui plus est.

Nous le savions déjà mais ici plus aucun doute : Isabelle Carré est décidément une très grande comédienne de théâtre.

Parfaitement à son aise dans ce rôle, elle délivre un portrait de femme de tête, mais aussi de cœur, forte de ses convictions qu’elle nous présente avec cran, sans aucune forfanterie, laissant planer toute fois l’ambigüité de son personnage : amorosa, traduit ici par aimante, veut aussi dire amoureuse, double sens que la mise en scène de Catherine Hiégel, brillante en tous points, n’écarte pas.

Les autres comédiens sont au diapason de cette nouvelle version.

Le rôle d’Ottavio est tenu par Jacky Berroyer. Bougonnant, un peu lâche mais aussi rusé, il n’est pas sans rappeler le regretté Michel Galabru dans Les Rustres, du même auteur.

Hélène Babu, pétillante sans être caricaturale, est son épouse Béatrice. Presque sympathique au début, elle le devient beaucoup moins lorsqu’elle elle dévoile peu à peu ses véritables projets.

Les autres acteurs, dont le touchant Antoine Hamel dans le rôle de Florindo, contribuent à la réussite du spectacle. Mention toute particulière au sautillant Arlequin, qui nous rappelle que la Commedia dell’arte n’est jamais bien loin.

La mise en scène de Catherine Hiégel, virevoltante sans aucun excès, donne toute sa légèreté et sa finesse à ce spectacle.
 
Elle est bien aidée par les beaux décors tournants de Catherine Rankl, qui sait utiliser habilement tout l’espace dont elle dispose pour permettre d’habiles changements à vue. Les éclairages, spécialement ceux du dernier acte, sont particulièrement réussis.

Mais l’atout majeur de cette production est sans conteste la prestation d’Isabelle Carré qui donne ici une tout autre dimension de son talent. Sensible et déterminée à la fois, elle conclut le spectacle par une tirade qu’on croirait sortie d’une pièce contemporaine.

Courrez à la Porte Saint-Martin, vous y serez particulièrement bien reçus, avec en plus un bar au rez-de-chaussée qui propose une petite restauration avant le spectacle.


Alex Kiev
 
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 Boulevard Saint-Martin 75010 Paris
2h30 avec entracte
Mercredi-Vendredi 20 h
Samedi 16h – 20h30
Dimanche




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