D’où est née l’idée de ce sujet ?
C’est vraiment venu d’une angoisse. J’ai fait mon dossier de retraite et l’angoisse m’a pris.
Je me suis dit : et si demain, que le qu’en soit la raison : parce que je suis malade physiquement, ou bien trop has been et qu’on ne me donne plus de financements, je n’arrive plus à me consacrer à ce qui est la grande passion de ma vie, faire des films, qu’est-ce que je ferai du reste de ma vie ?
Je ne fais que penser au cinéma depuis l’adolescence, de voir des films, de lire sur des films, d’essayer d’en écrire et d’en faire. Ça a été une passion chronophage. Je n’ai pas eu d’enfant, j’ai sacrifié beaucoup à cette passion.
Donc je me suis demandé : si demain je n’avais plus ça, qu’est-ce que je ferais ? En échangeant avec Marion autour de cette question, petit à petit, l’idée du film s’est formée. C’est un vrai postulat de comédie classique, c’est-à-dire que, d’un fait tragique, on fait une comédie.
La comédie, c’est toujours un inversé de désespoir, c’est prendre des choses tragiques par le biais de l’humour. Cela permet de dire les choses sans pathos, tout en tordant le cou au tragique. C’est pour cela que j’aime les comédies.
Elles permettent d’aborder des sujets graves tout en offrant aux spectateurs une espèce de joie qui les rend heureux. C’est ce que j’admire chez Billy Wilder par exemple. Dans ses films, le postulat est souvent sombre et mélancolique mais il réussit à nous faire rire.
La comédie, c’est aussi une forme de pudeur ?
Je crois que c’est lié à ma personnalité. Je suis comme ça dans la vie. L’humour c’est une façon de dire des choses très intimes dans les sentiments. Ce personnage n’est pas si loin de moi. C’est certes un chanteur connu mais c’est aussi un solitaire.
J’en reviens toujours à ce type de personnage, seul, sans enfant, très égocentré. Et, c’est ce qui relie tous mes films, j’essaye toujours de voir comment un personnage solitaire arrive à se lier à d’autres, jusqu’à retrouver le goût de la vie.
C’est un postulat qui n’est pas sans évoquer « L’Emmerdeur » d’Édouard Molinaro, avec Ventura qui veut avoir la paix et Brel qui chamboule sa vie.
Dans notre film, le chanteur ne croit plus à la vie, et il croise une femme délurée, qui a une envie de vivre aussi forte que maladroite. Là encore j’aime ces personnages de femmes qui sont toujours trop fragiles, trop émotives. Donc je pars d’un homme qui a décidé d’en finir et j’en fait une comédie que j’espère fine et drôle.
Une fois l’idée centrale posée, comment avancez-vous ?
On travaille beaucoup sur la structure. Là, ce qui était très plaisant à écrire, c’est qu’il s’agit d’un road movie. Un homme part en Suisse, où il a rendez-vous pour mourir, et dans le train, il fait une rencontre qui va faire dérailler ses plans.
On aime tous les films de train, comme disait Truffaut. Ensuite, on s’est renseigné, on a rencontré l’association Exit, et on a appris notamment qu’on n’était pas obligé d’être au dernier stade de la maladie et de la souffrance pour faire appel à eux.
C’est de là qu’est née l’hypothèse qu’on a inventée pour mon personnage de chanteur. Sa passion, il ne peut plus l’exercer, et sans chanter, la vie pour lui n’a plus de sens. Son personnage à elle a toujours été celui d’une fille qui s’échappe.
Elle a le droit d’être en permission, mais pas celui de quitter le territoire. Elle, c’est une fêlée de l’âme. Donc ils sont en fuite tous les deux, mais pas pour les mêmes raisons et pas dans le même but. Donc les voici face à face, elle, irrésistible, lui ronchon, et là on a les composantes d’une comédie romantique.
Deux personnages mal assortis mais on voit tout de suite ce que chacun peut apporter à l’autre. On a envie qu’ils soient ensemble, on sait qu’ils finiront ensemble, et le suspens c’est : quel chemin vont-ils emprunter avant de comprendre qu’ils sont faits pour être ensemble ?
Ils ont l’âge de la maturité, ce qui permet aussi de raconter la dernière chance, ce le qu’on ne voit pas venir parce qu’on n’attend plus rien de la vie. Le film raconte cela également : quand il se passe quelque chose d’inattendu, il faut s’en saisir et ne pas laisser passer l’aventure.
À quel moment vous réfléchissez aux acteurs qui pourraient les incarner ?
Ils se sont imposés assez naturellement. Je voulais vraiment un acteur qui soit aussi chanteur, c’était important, et il n’y en a pas tant que ça. J’ai eu la chance de réaliser un film avec Jacques Dutronc, j’ai adoré cet homme.
Donc, en cherchant un acteur-chanteur, j’ai rapidement pensé à Gérard Darmon. Ce que j’aime notamment chez lui, c’est sa grande capacité d’autodérision. Il n’y a pas beaucoup d’acteurs qui soient comme ça.
Et puis, c’est un chanteur-crooner comme j’en rêvais pour ce personnage. Valérie Lemercier, j’adore évidemment son humour et son charme. J’aime énormément ses films, notamment « Aline ».Et ses personnages sur scènes sont toujours des femmes fragiles, fêlées, en marge.
On envoie le scénario à midi aux deux, et le soir, on a leur accord.
La chanson « Mambo Italiano », elle était déjà dans le scénario ?
C’est venu en écoutant les albums de Gérard Darmon. Bien sûr. Il a fait trois albums au début des années2000,dont un album de reprise de standards américains, où figure « Mambo Italiano ». J’adorais cette chanson à l’origine chantée par Dean Martin que j’adore.
L’avantage, c’est que, dès le début, en le voyant l’interpréter, on sait qu’on entre en fantaisie. C’est un tube planétaire. Et il a cette façon un tout petit peu décalée de la chanter, qui est irrésistible.
C’est un cadeau du ciel, un tube pareil, pour un chanteur. Mais le personnage de Darmon, ça finit par lui peser, qu’on le ramène toujours à ce tube-là, comme s’il résumait sa carrière. Autre tube, la chanson de François Valery qui donne son titre au film.
J’adore cette chanson, et elle résume exactement ce que raconte le film « N’attendons pas que la mort nous trouve du talent ». Et quand on l’entend à la fin du film, j’espère qu’elle donnera aux spectateurs l’envie de danser…
C’est vraiment venu d’une angoisse. J’ai fait mon dossier de retraite et l’angoisse m’a pris.
Je me suis dit : et si demain, que le qu’en soit la raison : parce que je suis malade physiquement, ou bien trop has been et qu’on ne me donne plus de financements, je n’arrive plus à me consacrer à ce qui est la grande passion de ma vie, faire des films, qu’est-ce que je ferai du reste de ma vie ?
Je ne fais que penser au cinéma depuis l’adolescence, de voir des films, de lire sur des films, d’essayer d’en écrire et d’en faire. Ça a été une passion chronophage. Je n’ai pas eu d’enfant, j’ai sacrifié beaucoup à cette passion.
Donc je me suis demandé : si demain je n’avais plus ça, qu’est-ce que je ferais ? En échangeant avec Marion autour de cette question, petit à petit, l’idée du film s’est formée. C’est un vrai postulat de comédie classique, c’est-à-dire que, d’un fait tragique, on fait une comédie.
La comédie, c’est toujours un inversé de désespoir, c’est prendre des choses tragiques par le biais de l’humour. Cela permet de dire les choses sans pathos, tout en tordant le cou au tragique. C’est pour cela que j’aime les comédies.
Elles permettent d’aborder des sujets graves tout en offrant aux spectateurs une espèce de joie qui les rend heureux. C’est ce que j’admire chez Billy Wilder par exemple. Dans ses films, le postulat est souvent sombre et mélancolique mais il réussit à nous faire rire.
La comédie, c’est aussi une forme de pudeur ?
Je crois que c’est lié à ma personnalité. Je suis comme ça dans la vie. L’humour c’est une façon de dire des choses très intimes dans les sentiments. Ce personnage n’est pas si loin de moi. C’est certes un chanteur connu mais c’est aussi un solitaire.
J’en reviens toujours à ce type de personnage, seul, sans enfant, très égocentré. Et, c’est ce qui relie tous mes films, j’essaye toujours de voir comment un personnage solitaire arrive à se lier à d’autres, jusqu’à retrouver le goût de la vie.
C’est un postulat qui n’est pas sans évoquer « L’Emmerdeur » d’Édouard Molinaro, avec Ventura qui veut avoir la paix et Brel qui chamboule sa vie.
Dans notre film, le chanteur ne croit plus à la vie, et il croise une femme délurée, qui a une envie de vivre aussi forte que maladroite. Là encore j’aime ces personnages de femmes qui sont toujours trop fragiles, trop émotives. Donc je pars d’un homme qui a décidé d’en finir et j’en fait une comédie que j’espère fine et drôle.
Une fois l’idée centrale posée, comment avancez-vous ?
On travaille beaucoup sur la structure. Là, ce qui était très plaisant à écrire, c’est qu’il s’agit d’un road movie. Un homme part en Suisse, où il a rendez-vous pour mourir, et dans le train, il fait une rencontre qui va faire dérailler ses plans.
On aime tous les films de train, comme disait Truffaut. Ensuite, on s’est renseigné, on a rencontré l’association Exit, et on a appris notamment qu’on n’était pas obligé d’être au dernier stade de la maladie et de la souffrance pour faire appel à eux.
C’est de là qu’est née l’hypothèse qu’on a inventée pour mon personnage de chanteur. Sa passion, il ne peut plus l’exercer, et sans chanter, la vie pour lui n’a plus de sens. Son personnage à elle a toujours été celui d’une fille qui s’échappe.
Elle a le droit d’être en permission, mais pas celui de quitter le territoire. Elle, c’est une fêlée de l’âme. Donc ils sont en fuite tous les deux, mais pas pour les mêmes raisons et pas dans le même but. Donc les voici face à face, elle, irrésistible, lui ronchon, et là on a les composantes d’une comédie romantique.
Deux personnages mal assortis mais on voit tout de suite ce que chacun peut apporter à l’autre. On a envie qu’ils soient ensemble, on sait qu’ils finiront ensemble, et le suspens c’est : quel chemin vont-ils emprunter avant de comprendre qu’ils sont faits pour être ensemble ?
Ils ont l’âge de la maturité, ce qui permet aussi de raconter la dernière chance, ce le qu’on ne voit pas venir parce qu’on n’attend plus rien de la vie. Le film raconte cela également : quand il se passe quelque chose d’inattendu, il faut s’en saisir et ne pas laisser passer l’aventure.
À quel moment vous réfléchissez aux acteurs qui pourraient les incarner ?
Ils se sont imposés assez naturellement. Je voulais vraiment un acteur qui soit aussi chanteur, c’était important, et il n’y en a pas tant que ça. J’ai eu la chance de réaliser un film avec Jacques Dutronc, j’ai adoré cet homme.
Donc, en cherchant un acteur-chanteur, j’ai rapidement pensé à Gérard Darmon. Ce que j’aime notamment chez lui, c’est sa grande capacité d’autodérision. Il n’y a pas beaucoup d’acteurs qui soient comme ça.
Et puis, c’est un chanteur-crooner comme j’en rêvais pour ce personnage. Valérie Lemercier, j’adore évidemment son humour et son charme. J’aime énormément ses films, notamment « Aline ».Et ses personnages sur scènes sont toujours des femmes fragiles, fêlées, en marge.
On envoie le scénario à midi aux deux, et le soir, on a leur accord.
La chanson « Mambo Italiano », elle était déjà dans le scénario ?
C’est venu en écoutant les albums de Gérard Darmon. Bien sûr. Il a fait trois albums au début des années2000,dont un album de reprise de standards américains, où figure « Mambo Italiano ». J’adorais cette chanson à l’origine chantée par Dean Martin que j’adore.
L’avantage, c’est que, dès le début, en le voyant l’interpréter, on sait qu’on entre en fantaisie. C’est un tube planétaire. Et il a cette façon un tout petit peu décalée de la chanter, qui est irrésistible.
C’est un cadeau du ciel, un tube pareil, pour un chanteur. Mais le personnage de Darmon, ça finit par lui peser, qu’on le ramène toujours à ce tube-là, comme s’il résumait sa carrière. Autre tube, la chanson de François Valery qui donne son titre au film.
J’adore cette chanson, et elle résume exactement ce que raconte le film « N’attendons pas que la mort nous trouve du talent ». Et quand on l’entend à la fin du film, j’espère qu’elle donnera aux spectateurs l’envie de danser…