Il craint en effet de ne plus pouvoir assurer correctement son négoce et préfère passer la main à une personne non juive dont il connaît l’honnêteté et le talent. En échange, il lui demande de le cacher dans sa cave, en attendant des jours meilleurs.
Après une rapide négociation avec son épouse Isabelle, Pierre accepte le marché de Monsieur Haffmann mais lui en propose un autre : étant lui-même stérile, il ne peut donner à sa femme ce que celle-ci espère tant et demande donc au bijoutier, déjà père de quatre enfants, d’accomplir le travail à sa place…
Sujet scabreux ? Ce serait sans compter avec l’habileté de Jean-Philippe Daguerre qui signe le texte de cette pièce et en assure aussi la mise en scène. Mélangeant habilement la fiction et la réalité -Otto Abbetz a réellement été ambassadeur d’Allemagne à Paris et fut effectivement rappelé à Berlin fin 1942- l’auteur brosse un portrait sans complaisance de ces heures noires de notre histoire.
Pendant les quatre-vingt-dix minutes où nos trois personnages, bientôt rejoints par deux autres, occupent la scène, de nombreux thèmes forts sont abordés. Thèmes de cette époque-là bien sûr, les mesures confiscatoires prises envers la population juive, le marché noir et les privations. Mais aussi des thèmes bien d’actualité, la paternité par autrui par exemple.
Et des thèmes de toujours, comment un homme cultivé, pacifiste et réconciliateur peut si facilement absoudre les atrocités nazis, ou comment un autre s’accommode aussi facilement d’une vie facile faite de compromissions.
Mais tous ces thèmes, si dramatiques soient-ils, sont traités avec beaucoup de légèreté, de finesse et d’humour, sans jamais toutefois sombrer dans le désinvolte ou la facilité. Et on rit beaucoup, du début jusqu’à la fin, des tribulations parfois cocasses de ces cinq personnages.
La mise en scène sert remarquablement le propos, légère et sautillante dans la première partie, faite de scénettes qui se succèdent à un rythme très soutenu, en opposition avec la scène finale, toute en continuité, une scène d’anthologie qui fera date dans le répertoire.
Les acteurs sont excellents. Difficile de les citer tous car la plupart sont en alternance, certains soirs c’est Jean-Philippe Daguerre lui-même qui tient le rôle de l’ambassadeur. Mention particulière cependant pour Franck Desmedt, Molière du second rôle et Julie Cavanna, Molière de la révélation féminine.
Après une saison triomphale au Petit Théâtre Montparnasse puis un remarqué passage à Avignon, la pièce est reprise au Théâtre Rive Gauche pour plusieurs mois. Une occasion de plus de la découvrir, ou de la redécouvrir car elle mérite bien qu’on la voit deux fois.
Axel Kiev
Après une rapide négociation avec son épouse Isabelle, Pierre accepte le marché de Monsieur Haffmann mais lui en propose un autre : étant lui-même stérile, il ne peut donner à sa femme ce que celle-ci espère tant et demande donc au bijoutier, déjà père de quatre enfants, d’accomplir le travail à sa place…
Sujet scabreux ? Ce serait sans compter avec l’habileté de Jean-Philippe Daguerre qui signe le texte de cette pièce et en assure aussi la mise en scène. Mélangeant habilement la fiction et la réalité -Otto Abbetz a réellement été ambassadeur d’Allemagne à Paris et fut effectivement rappelé à Berlin fin 1942- l’auteur brosse un portrait sans complaisance de ces heures noires de notre histoire.
Pendant les quatre-vingt-dix minutes où nos trois personnages, bientôt rejoints par deux autres, occupent la scène, de nombreux thèmes forts sont abordés. Thèmes de cette époque-là bien sûr, les mesures confiscatoires prises envers la population juive, le marché noir et les privations. Mais aussi des thèmes bien d’actualité, la paternité par autrui par exemple.
Et des thèmes de toujours, comment un homme cultivé, pacifiste et réconciliateur peut si facilement absoudre les atrocités nazis, ou comment un autre s’accommode aussi facilement d’une vie facile faite de compromissions.
Mais tous ces thèmes, si dramatiques soient-ils, sont traités avec beaucoup de légèreté, de finesse et d’humour, sans jamais toutefois sombrer dans le désinvolte ou la facilité. Et on rit beaucoup, du début jusqu’à la fin, des tribulations parfois cocasses de ces cinq personnages.
La mise en scène sert remarquablement le propos, légère et sautillante dans la première partie, faite de scénettes qui se succèdent à un rythme très soutenu, en opposition avec la scène finale, toute en continuité, une scène d’anthologie qui fera date dans le répertoire.
Les acteurs sont excellents. Difficile de les citer tous car la plupart sont en alternance, certains soirs c’est Jean-Philippe Daguerre lui-même qui tient le rôle de l’ambassadeur. Mention particulière cependant pour Franck Desmedt, Molière du second rôle et Julie Cavanna, Molière de la révélation féminine.
Après une saison triomphale au Petit Théâtre Montparnasse puis un remarqué passage à Avignon, la pièce est reprise au Théâtre Rive Gauche pour plusieurs mois. Une occasion de plus de la découvrir, ou de la redécouvrir car elle mérite bien qu’on la voit deux fois.
Axel Kiev
Adieu Monsieur Haffmann, de Jean-Philippe Daguerre
Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaité
75014 Paris
Du mardi au samedi 19h dimanche 17h30
Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaité
75014 Paris
Du mardi au samedi 19h dimanche 17h30