Parkinson et les pesticides : une relation toxique

​France Parkinson tire la sonnette d’alarme face à une maladie qui ne cesse d’augmenter et qui devrait connaître une croissance substantielle dans les décennies à venir au niveau mondial. En 2021, près de 12 millions de personnes étaient concernées à travers le monde, chiffre initialement prévu pour 2040. D’ici à 2050, le nombre de malades devrait atteindre 25,2 millions, soit une hausse de 112% par rapport à 2021.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Mercredi 16 Avril 2025

Selon Ray Dorsey, professeur de neurologie à l’université de Rochester dans l’Etat de New-York, la maladie de Parkinson « est la maladie du cerveau qui connaît la croissance la plus rapide au monde. Le risque au cours de notre vie de développer la maladie est six à sept fois plus élevé que celui de mourir d’un accident de voiture. Presque tout le monde sera affecté, directement ou indirectement ».
 
Ces dernières décennies, la maladie de Parkinson a en effet connu la progression la plus forte en termes de prévalence, avec une hausse estimée à 274% entre 1990 et 2021 ! Le nombre de personnes touchées dans le monde est ainsi passé de 3,15 à 11,8 millions.
 
Le vieillissement de la population reste le principal facteur à l’origine de l’augmentation des cas de maladie de Parkinson. Cela devrait contribuer à 89% de sa prévalence d’ici à 2050.
 
Néanmoins, le rôle de l’exposition aux pesticides dans le développement de la maladie a été mis en évidence et peut favoriser son augmentation. Dès 2012, la France a fait figurer la maladie de Parkinson sur le tableau des maladies professionnelles du régime agricole.  
 
En effet, une intensification du risque de développer la maladie de Parkinson a été observée chez les personnes exposées professionnellement aux pesticides comme les agriculteurs.

Mais les professionnels ne seraient pas les seuls concernés : tous les habitants d'une zone où l'activité agricole est dense encourraient eux aussi un risque plus élevé de développer la maladie.
 
Ces faits ont été confirmés en 2017, dans le cadre d’une étude menée notamment par le docteur Alexis Elbaz, neurologue et directeur de recherche à l’Inserm. Il est ainsi arrivé à la conclusion que plus la proportion de surface d'un territoire allouée à l’agriculture est élevée, plus le nombre de nouveaux cas annuel de Parkinson dans ce territoire est élevé. 
 
Certaines cultures comme la viticulture induisent un risque majeur. La présence de vignobles augmente l'incidence locale de la maladie d'environ 10%.
 
La viticulture "conventionnelle", la plus gourmande en pesticides, englobe 20% de l'utilisation totale de ces substances en France, alors qu’elle n’occupe que 3% des surfaces cultivées. Par exemple, rien que sur le vignoble bordelais, 2.700 tonnes de pesticides seraient épandues chaque année.
 
Les Pays-Bas9, qui se classent en deuxième position des exportateurs de produits alimentaires après les États-Unis, ont fait le choix d’une production intensive rendue possible grâce à une utilisation massive de pesticides. Ils détiennent d’ailleurs le record européen du plus gros utilisateur de produits chimiques.
 
Le professeur Bas Bloem, neurologue spécialiste de la maladie de Parkinson à l’université de Radboud, établit un lien clair entre l’utilisation des pesticides et la maladie : les cas de Parkinson provoqués par ces produits toxiques ont augmenté de 30% en dix ans. 
 
« Si on expose les cellules à un seul pesticide, c’est toxique à partir d’une certaine quantité de produit. Mais quand il y a deux pesticides, alors il suffit d’une toute petite quantité pour que ce soit très toxique. Je suis spécialiste du Parkinson, l’impact de ces substances dans cette maladie est alarmant et on sait que ces mêmes pesticides provoquent des cancers, c’est très inquiétant », alerte-t-il.
 
Ainsi, les pesticides toxiques pour le système nerveux, en particulier ceux qui sont liés à la maladie de Parkinson, ont conduit l'Union européenne à interdire ou restreindre l'usage de plusieurs produits chimiques.
 
Le paraquat et le dieldrine sont parmi les plus notables de cette liste, et les préoccupations concernant la neurotoxicité des pesticides ont entraîné des mesures de plus en plus strictes pour protéger la santé publique.
 
Cependant, dans de nombreux pays, la production de pesticides interdits sur le sol européen continue pour être exportés ailleurs. L’Union européenne avait pourtant promis d’interdire ces exportations.

Et le 22 novembre 2023, le Parlement européen qui prévoyait de réduire de 50% les pesticides sur le sol européen d’ici à 2030 a rejeté ce texte clé du Pacte vert.
 
En 2023, l’Union européenne a représenté le plus grand marché d’exportation de pesticides au monde. À ce jour, seules la France et la Belgique ont cessé d’exporter ces substances.








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