Mis à part les albums de Tintin et Milou qu’enfant, je dévorais avec un plaisir fou, ceux de Blueberry ou encore ceux de Gaston Lagaffe que j’ai failli incarner il y a une trentaine d’années pour le cinéma, exceptées aussi quelques productions d’Enki Bilal, je ne suis pas un grand lecteur de BD.
Cela, pour dire que lorsque j’ai reçu le scénario des Vieux Fourneaux, je n’avais aucune idée de son contenu. Comme il y avait le mot « vieux » dans le titre, j’ai ouvert le script avec circonspection : j’ai craint qu’il ne s’agisse d’un de ces rôles que je refuse systématiquement, ceux de personnes âgées enchainées à une perfusion et arrimées à un déambulateur.
Moi, je veux bien jouer les vieux, à condition qu’ils soient rigolos, irrespectueux, emmerdeurs, contestataires, en quelque sorte, insupportables. Avec Pierrot, j’étais comblé !
J’ai été d’autant plus enthousiaste que, premièrement, ce vieux rebelle fantasque était confronté à deux autres gaillards du même acabit, (ça promettait de déménager sur le plateau !), et que, deuxièmement, l’histoire de ces trois-là s’embarquant pour un incroyable road-movie du sud-ouest jusqu’en Italie, était, jusqu’au mot « fin », d’un burlesque à la fois pétaradant et transgressif, très architecturé aussi, et sans « ventre mou » !
Pour comble de bonheur, les dialogues étaient tellement bons que j’avais l’impression de lire du Michel Audiard ou de l’Alphonse Boudard.
Je me suis immédiatement précipité sur la BD, qu’évidemment, j’ai adoré. J’ai vite compris pourquoi le film et l’album avaient la même drôlerie et la même force subversive : Leur auteur était une seule et même personne, Wilfrid Lupano ! Je fais cette précision pour les fans de BD qui redoutent, souvent à juste titre, que le passage de celle-ci au grand écran par une tierce personne, ne se traduise par un amoindrissement de leur contenu.
Outre la perspective de devenir ce Pierrot, qui, tout sauf, lunaire, distrait et malchanceux, me changeait de mes rôles habituels, ce qui me réjouissait dans cette aventure c’était de la partager avec Eddy Mitchell et Roland Giraud. Je n’avais encore jamais travaillé avec eux, avais tout juste, jadis, croisé Roland à moto, mais j’avais la certitude que notre trio allait bien fonctionner. Je ne me suis pas trompé.
Bien que nos méthodes de travail soient assez différentes (Roland et moi, qui sommes des angoissés, préparons beaucoup, Eddy, qui est plus décontracté, fonctionne plus à l’instinct), on s’est follement amusés. Ensemble, et chacun dans son personnage. Je me suis surtout découvert une formidable affinité de jeu avec Eddy avec lequel je jouais, pour ainsi dire, en binôme, puisque le scénario voulait que nous courions tous les deux après Roland pour l’empêcher de faire des conneries.
Avec lui, j’ai eu l’impression de former un vrai couple de cinéma, un tandem à la Laurel et Hardy ou à la de Funès-Bourvil. Je n’avais pas éprouvé cela depuis les films tournés avec Gérard Depardieu. Notre duo avec Eddy fonctionnait même lorsque nous ne tournions pas. Il suffisait qu’on arrive ensemble quelque part pour aimanter les regards. C’était très inattendu. Ça a été plus qu’agréable.
Jouer avec Alice Pol s’est avéré également délicieux. Sans doute parce qu’elle est très drôle, on a dit d’Alice qu’elle est un peu mon double féminin. Mais elle peut être aussi très émouvante.
Dans la BD, Pierrot est, visuellement, un drôle de coco. Il est myope comme une taupe, porte de grosses lunettes, a le front très dégarni, est habillé comme l’as de pique et tire sur des clopes roulées main. Je n’ai pas eu à pousser trop ma nature profonde pour lui ressembler. Dans la vie, je ne suis pas l’homme le plus coquet du monde, il m’arrive de porter des lunettes, notamment pour aller au théâtre et jusqu’à ce que j’arrête de fumer, je roulais aussi mes cigarettes. Mis à part le caractère, le sien étant beaucoup plus rebelle et bougon que le mien (Rire), Pierrot et moi, on était assez voisins.
Un autre des grands bonheurs de ce tournage a été de travailler sous la direction de Christophe Duthuron. Bien que je le connaisse depuis plus de vingt ans et que j’ai déjà fait trois spectacles avec lui, il a quand même réussi à m’épater.
C’était son premier film, mais il nous a tout le temps fait croire qu’il connaissait par cœur, depuis longtemps, la « machine cinéma ». Sa direction d’acteurs m’a fait penser à celles de Francis Veber et d’Yves Robert, jusqu’à présent inégalées pour moi. Elle est d’une précision méticuleuse, presque maniaque, ce qui a l’énorme avantage, pour un interprète de toujours savoir où il va. Christophe est en outre un être aussi exquis qu’intelligent, et il est doté aussi d’un grand sens de l’humour. Je trouve que toutes ces qualités se ressentent dans le film.
Je suis content d’avoir participé à ces Vieux Fourneaux. Sa charge comique poétique et provocatrice m’enchante. C’est de la « belle ouvrage et je ne dis pas cela de tout ce que je tourne. ».
Mes projets ? A court terme, sans doute une reprise de mon Petit Eloge de la nuit au théâtre de l’Atelier. A plus longue échéance, j’espère, un film « road-movie » sous la direction d’Olivier Rosenberg.
Cela, pour dire que lorsque j’ai reçu le scénario des Vieux Fourneaux, je n’avais aucune idée de son contenu. Comme il y avait le mot « vieux » dans le titre, j’ai ouvert le script avec circonspection : j’ai craint qu’il ne s’agisse d’un de ces rôles que je refuse systématiquement, ceux de personnes âgées enchainées à une perfusion et arrimées à un déambulateur.
Moi, je veux bien jouer les vieux, à condition qu’ils soient rigolos, irrespectueux, emmerdeurs, contestataires, en quelque sorte, insupportables. Avec Pierrot, j’étais comblé !
J’ai été d’autant plus enthousiaste que, premièrement, ce vieux rebelle fantasque était confronté à deux autres gaillards du même acabit, (ça promettait de déménager sur le plateau !), et que, deuxièmement, l’histoire de ces trois-là s’embarquant pour un incroyable road-movie du sud-ouest jusqu’en Italie, était, jusqu’au mot « fin », d’un burlesque à la fois pétaradant et transgressif, très architecturé aussi, et sans « ventre mou » !
Pour comble de bonheur, les dialogues étaient tellement bons que j’avais l’impression de lire du Michel Audiard ou de l’Alphonse Boudard.
Je me suis immédiatement précipité sur la BD, qu’évidemment, j’ai adoré. J’ai vite compris pourquoi le film et l’album avaient la même drôlerie et la même force subversive : Leur auteur était une seule et même personne, Wilfrid Lupano ! Je fais cette précision pour les fans de BD qui redoutent, souvent à juste titre, que le passage de celle-ci au grand écran par une tierce personne, ne se traduise par un amoindrissement de leur contenu.
Outre la perspective de devenir ce Pierrot, qui, tout sauf, lunaire, distrait et malchanceux, me changeait de mes rôles habituels, ce qui me réjouissait dans cette aventure c’était de la partager avec Eddy Mitchell et Roland Giraud. Je n’avais encore jamais travaillé avec eux, avais tout juste, jadis, croisé Roland à moto, mais j’avais la certitude que notre trio allait bien fonctionner. Je ne me suis pas trompé.
Bien que nos méthodes de travail soient assez différentes (Roland et moi, qui sommes des angoissés, préparons beaucoup, Eddy, qui est plus décontracté, fonctionne plus à l’instinct), on s’est follement amusés. Ensemble, et chacun dans son personnage. Je me suis surtout découvert une formidable affinité de jeu avec Eddy avec lequel je jouais, pour ainsi dire, en binôme, puisque le scénario voulait que nous courions tous les deux après Roland pour l’empêcher de faire des conneries.
Avec lui, j’ai eu l’impression de former un vrai couple de cinéma, un tandem à la Laurel et Hardy ou à la de Funès-Bourvil. Je n’avais pas éprouvé cela depuis les films tournés avec Gérard Depardieu. Notre duo avec Eddy fonctionnait même lorsque nous ne tournions pas. Il suffisait qu’on arrive ensemble quelque part pour aimanter les regards. C’était très inattendu. Ça a été plus qu’agréable.
Jouer avec Alice Pol s’est avéré également délicieux. Sans doute parce qu’elle est très drôle, on a dit d’Alice qu’elle est un peu mon double féminin. Mais elle peut être aussi très émouvante.
Dans la BD, Pierrot est, visuellement, un drôle de coco. Il est myope comme une taupe, porte de grosses lunettes, a le front très dégarni, est habillé comme l’as de pique et tire sur des clopes roulées main. Je n’ai pas eu à pousser trop ma nature profonde pour lui ressembler. Dans la vie, je ne suis pas l’homme le plus coquet du monde, il m’arrive de porter des lunettes, notamment pour aller au théâtre et jusqu’à ce que j’arrête de fumer, je roulais aussi mes cigarettes. Mis à part le caractère, le sien étant beaucoup plus rebelle et bougon que le mien (Rire), Pierrot et moi, on était assez voisins.
Un autre des grands bonheurs de ce tournage a été de travailler sous la direction de Christophe Duthuron. Bien que je le connaisse depuis plus de vingt ans et que j’ai déjà fait trois spectacles avec lui, il a quand même réussi à m’épater.
C’était son premier film, mais il nous a tout le temps fait croire qu’il connaissait par cœur, depuis longtemps, la « machine cinéma ». Sa direction d’acteurs m’a fait penser à celles de Francis Veber et d’Yves Robert, jusqu’à présent inégalées pour moi. Elle est d’une précision méticuleuse, presque maniaque, ce qui a l’énorme avantage, pour un interprète de toujours savoir où il va. Christophe est en outre un être aussi exquis qu’intelligent, et il est doté aussi d’un grand sens de l’humour. Je trouve que toutes ces qualités se ressentent dans le film.
Je suis content d’avoir participé à ces Vieux Fourneaux. Sa charge comique poétique et provocatrice m’enchante. C’est de la « belle ouvrage et je ne dis pas cela de tout ce que je tourne. ».
Mes projets ? A court terme, sans doute une reprise de mon Petit Eloge de la nuit au théâtre de l’Atelier. A plus longue échéance, j’espère, un film « road-movie » sous la direction d’Olivier Rosenberg.