Comment êtes-vous arrivé sur le film ?
J'ai eu la grande chance de découvrir la pièce à Broadway. Je l'ai d'ailleurs vue plusieurs fois, et j'ai été emballé.
Et pourtant, à l'époque, je n'imaginais pas du tout que je puisse être sollicité pour en réaliser l'adaptation. Un jour, alors que je déjeunais avec Harvey Weinstein avec qui j'avais collaboré sur The company men, nous avons parlé d'acteurs que nous aimions bien.
Je lui ai parlé d'un comédien que j'appréciais et qui n'avait pas fait partie du casting, et Harvey m'a répondu : « Il serait formidable dans Un été à Osage County. Et ça a été aussi simple et rapide que ça. On a enchaîné quelques rendez-vous, et j'ai fini par rencontrer Tracy Letts, l'auteur de la pièce –récompensée par le prix Pulitzer– et du scénario. Tandis qu'il avançait sur le script, j'ai rencontré Meryl (Streep) et Julia (Roberts), et on a décidé de faire le film ensemble.
Qu'est-ce qui vous a intéressé dans l'histoire et dans la pièce ?
La pièce, qui a remporté de très nombreux prix, s'inscrit merveilleusement dans une tradition littéraire américaine, qu'on retrouve à la fois au théâtre et au cinéma, qui me plaît beaucoup. Je viens moi-même du théâtre, si bien que j'étais fasciné par les pièces antérieures qu'a écrites Tracy.
Mais surtout, cette histoire parle de rapports familiaux. Elle parle de la manière dont nous rions ensemble de situations tragiques, et de la manière dont nous nous faisons du mal, tout en étant présents les uns pour les autres. C'est une pièce d'une grande humanité et d'une grande beauté, et très drôle par moments. Ce qui m'a séduit, c'est qu'elle m'a fait penser aux relations que les familles –mais pas forcément la mienne !– entretiennent.
Je m'en étais aperçu en voyant la pièce à Broadway. Par la suite, tous les gens de mon entourage m'ont dit qu'elle leur rappelait leur propre famille – tel personnage les faisait penser à leur frère et tel autre à leur mère… Ils ne pensaient pas toujours à un de leurs proches en particulier, mais l'écriture de Tracy est très réaliste, et je crois que c'est qui nous a tous séduits.
Pouvez-vous nous parler du casting et de la direction d'acteurs ?
Bien entendu, nous avons eu une chance folle de réunir de tels comédiens. Cela s'explique par le fait que plusieurs d'entre eux avaient vu la pièce et été séduits par les rôles qui sont remarquablement bien écrits. Tracy est lui-même comédien, en plus d'être dramaturge, et c'est ce qui lui a permis d'écrire des rôles aussi formidables. C'est l'un des castings les plus simples que j'aie jamais connus – pas le plus rapide, mais le plus simple dans la mesure où beaucoup d'acteurs voulaient faire partie de l'aventure, si bien que j'ai vu de nombreuses stars pousser la porte de mon bureau !
Quand j'ai rencontré Meryl, elle avait déjà vu la pièce et s'intéressait au projet. On a parlé du rôle, de sa manière de l'envisager, de ses inquiétudes, et des écueils qui pouvaient la guetter si elle participait au film. J'ai également discuté avec Julia des mêmes enjeux. Et puis, nous avons rencontré d'autres comédiens. J'avais déjà dirigé Chris Cooper, et j'avais très envie qu'il joue Charlie, et j'ai été ravi qu'il nous dise oui. Bien entendu, je connaissais la filmographie de Margo et d'Ewan, mais aussi de Dermot qui, autrefois, habitait en face de chez moi.
J'ai déjà travaillé avec Julianne Nicholson, et Juliette Lewis avait travaillé avec mon frère qui, pendant longtemps, a été directeur de production. Et ma mère a été sa prof d'art dramatique quand elle avait 15 ans. Abigail Breslin est formidable. Alors que j'avais encore une vision d'elle à 10 ans, j'ai découvert une jeune fille de 15 ans qui, lorsqu'elle est venue pour son audition, correspondait parfaitement au rôle. Je ne connaissais pas bien les films dans lesquels a joué Benedict, même si je l'avais vu dans la série qu'il a tournée pour la BBC. Il a fait un essai sur un iPhone et, dès l'instant où on l'a vu, on l'a trouvé juste, très émouvant et drôle. Du coup, on l'a choisi sans même le rencontrer, à partir de ce petit enregistrement qu'il avait fait sur son iPhone.
C'était génial de travailler avec Sam Shepard. Il a un rôle essentiel, bien que ce ne soit pas l'un des protagonistes principaux. J'ai monté pas mal de pièces quand j'étais à la fac, et du coup, c'était comme un rêve de le rencontrer et de le diriger dans un film.
Dans l'une des scènes du film, qui est sur toutes les lèvres, la quasi-totalité des acteurs sont réunis –à l'exception de Sam Shepard– autour d'une table dans la salle à manger. Pouvez-vous nous en parler ?
Absolument. Il s'agit d'une scène-clé du scénario, d'une longueur de 19 pages, qui réunit toute la famille autour de la table de la salle à manger. Je crois qu'on avait tous quelques craintes parce qu'on savait qu'on allait se retrouver là pendant un long moment à contempler le même poulet ! Mais comme on avait beaucoup répété, c'est devenu très ludique.
Comme on tournait en décors réels, et qu'on n'était pas en studio, les acteurs se sont tout simplement assis et ont commencé à dîner. L'ambiance était familiale et on avait le sentiment d'être en présence de gens qui se connaissaient bien et qui avaient des tas de souvenirs en commun –d'événements qui les avaient énervés et d'autres qui les avaient mis de bonne humeur. Et puis, il s'est produit ce qui devait se produire… On avait tous l'impression d'avoir déjà participé à un dîner comme celui-là. Pas exactement le même bien sûr, mais le genre de repas, où l'on rend hommage à la mémoire d'un être cher qui n'est plus là, et qui prend une tournure totalement inattendue.
J'ai eu la grande chance de découvrir la pièce à Broadway. Je l'ai d'ailleurs vue plusieurs fois, et j'ai été emballé.
Et pourtant, à l'époque, je n'imaginais pas du tout que je puisse être sollicité pour en réaliser l'adaptation. Un jour, alors que je déjeunais avec Harvey Weinstein avec qui j'avais collaboré sur The company men, nous avons parlé d'acteurs que nous aimions bien.
Je lui ai parlé d'un comédien que j'appréciais et qui n'avait pas fait partie du casting, et Harvey m'a répondu : « Il serait formidable dans Un été à Osage County. Et ça a été aussi simple et rapide que ça. On a enchaîné quelques rendez-vous, et j'ai fini par rencontrer Tracy Letts, l'auteur de la pièce –récompensée par le prix Pulitzer– et du scénario. Tandis qu'il avançait sur le script, j'ai rencontré Meryl (Streep) et Julia (Roberts), et on a décidé de faire le film ensemble.
Qu'est-ce qui vous a intéressé dans l'histoire et dans la pièce ?
La pièce, qui a remporté de très nombreux prix, s'inscrit merveilleusement dans une tradition littéraire américaine, qu'on retrouve à la fois au théâtre et au cinéma, qui me plaît beaucoup. Je viens moi-même du théâtre, si bien que j'étais fasciné par les pièces antérieures qu'a écrites Tracy.
Mais surtout, cette histoire parle de rapports familiaux. Elle parle de la manière dont nous rions ensemble de situations tragiques, et de la manière dont nous nous faisons du mal, tout en étant présents les uns pour les autres. C'est une pièce d'une grande humanité et d'une grande beauté, et très drôle par moments. Ce qui m'a séduit, c'est qu'elle m'a fait penser aux relations que les familles –mais pas forcément la mienne !– entretiennent.
Je m'en étais aperçu en voyant la pièce à Broadway. Par la suite, tous les gens de mon entourage m'ont dit qu'elle leur rappelait leur propre famille – tel personnage les faisait penser à leur frère et tel autre à leur mère… Ils ne pensaient pas toujours à un de leurs proches en particulier, mais l'écriture de Tracy est très réaliste, et je crois que c'est qui nous a tous séduits.
Pouvez-vous nous parler du casting et de la direction d'acteurs ?
Bien entendu, nous avons eu une chance folle de réunir de tels comédiens. Cela s'explique par le fait que plusieurs d'entre eux avaient vu la pièce et été séduits par les rôles qui sont remarquablement bien écrits. Tracy est lui-même comédien, en plus d'être dramaturge, et c'est ce qui lui a permis d'écrire des rôles aussi formidables. C'est l'un des castings les plus simples que j'aie jamais connus – pas le plus rapide, mais le plus simple dans la mesure où beaucoup d'acteurs voulaient faire partie de l'aventure, si bien que j'ai vu de nombreuses stars pousser la porte de mon bureau !
Quand j'ai rencontré Meryl, elle avait déjà vu la pièce et s'intéressait au projet. On a parlé du rôle, de sa manière de l'envisager, de ses inquiétudes, et des écueils qui pouvaient la guetter si elle participait au film. J'ai également discuté avec Julia des mêmes enjeux. Et puis, nous avons rencontré d'autres comédiens. J'avais déjà dirigé Chris Cooper, et j'avais très envie qu'il joue Charlie, et j'ai été ravi qu'il nous dise oui. Bien entendu, je connaissais la filmographie de Margo et d'Ewan, mais aussi de Dermot qui, autrefois, habitait en face de chez moi.
J'ai déjà travaillé avec Julianne Nicholson, et Juliette Lewis avait travaillé avec mon frère qui, pendant longtemps, a été directeur de production. Et ma mère a été sa prof d'art dramatique quand elle avait 15 ans. Abigail Breslin est formidable. Alors que j'avais encore une vision d'elle à 10 ans, j'ai découvert une jeune fille de 15 ans qui, lorsqu'elle est venue pour son audition, correspondait parfaitement au rôle. Je ne connaissais pas bien les films dans lesquels a joué Benedict, même si je l'avais vu dans la série qu'il a tournée pour la BBC. Il a fait un essai sur un iPhone et, dès l'instant où on l'a vu, on l'a trouvé juste, très émouvant et drôle. Du coup, on l'a choisi sans même le rencontrer, à partir de ce petit enregistrement qu'il avait fait sur son iPhone.
C'était génial de travailler avec Sam Shepard. Il a un rôle essentiel, bien que ce ne soit pas l'un des protagonistes principaux. J'ai monté pas mal de pièces quand j'étais à la fac, et du coup, c'était comme un rêve de le rencontrer et de le diriger dans un film.
Dans l'une des scènes du film, qui est sur toutes les lèvres, la quasi-totalité des acteurs sont réunis –à l'exception de Sam Shepard– autour d'une table dans la salle à manger. Pouvez-vous nous en parler ?
Absolument. Il s'agit d'une scène-clé du scénario, d'une longueur de 19 pages, qui réunit toute la famille autour de la table de la salle à manger. Je crois qu'on avait tous quelques craintes parce qu'on savait qu'on allait se retrouver là pendant un long moment à contempler le même poulet ! Mais comme on avait beaucoup répété, c'est devenu très ludique.
Comme on tournait en décors réels, et qu'on n'était pas en studio, les acteurs se sont tout simplement assis et ont commencé à dîner. L'ambiance était familiale et on avait le sentiment d'être en présence de gens qui se connaissaient bien et qui avaient des tas de souvenirs en commun –d'événements qui les avaient énervés et d'autres qui les avaient mis de bonne humeur. Et puis, il s'est produit ce qui devait se produire… On avait tous l'impression d'avoir déjà participé à un dîner comme celui-là. Pas exactement le même bien sûr, mais le genre de repas, où l'on rend hommage à la mémoire d'un être cher qui n'est plus là, et qui prend une tournure totalement inattendue.
La maison est-elle, d'une certaine façon, un personnage à part entière ?
Je n'aurais jamais imaginé tourner dans l'Oklahoma, et encore moins à Osage County, tout simplement parce que c'est une région un peu enclavée pour la profession du cinéma que je ne connaissais pas. J'ai déjà traversé l'Oklahoma en voiture, puisque je suis du Colorado, et je connaissais donc la région des plaines. Je me suis d'abord rendu sur place pour voir à quoi ça ressemblait, si bien que lorsqu'on est allé dans d'autres États pour les repérages, j'avais une idée précise de ce que je recherchais. Et puis, on est arrivé dans cette région, et j'ai trouvé que les paysages avaient une beauté sauvage qui leur était propre. Et j'ai soudain pris conscience que la région et les habitants, à travers leur élocution notamment, étaient tellement à part qu'on aurait beaucoup de mal à trouver un autre site semblable. Du coup, on a commencé à envisager sérieusement d'y tourner le film.
L'équipe Repérages a déniché cette magnifique maison qui se situe à une quarantaine de minutes en voiture de Bartlesville. Quand on est allés la visiter, je me suis dit : « Elle est exactement telle que je me l'imaginais ». Une fois à l'intérieur, je me suis rendu compte qu'elle était parfaitement aménagée pour les besoins du tournage, grâce à ses immenses et magnifiques vérandas et à son terrain. On l'a carrément achetée à ses propriétaires qui l'avaient mise en vente et qui l'occupaient.
C'était une formidable expérience pour nous tous car on a vraiment le sentiment que la maison fait partie intégrante de la famille. Des gens y avaient vécu. Pendant les répétitions, on a d'ailleurs demandé aux acteurs de passer quelques nuits dans leurs chambres d'enfants. Ils s'y sont donc installés et y ont vécu. Et ils dînaient dans la salle à manger. Cela leur a permis de bien s'imprégner des lieux et, à mon avis, cela se voit dans l'intimité que les personnages entretiennent avec cette maison.
Comment avez-vous abordé le travail d'adaptation pour le cinéma ?
La plus grande difficulté quand on s'attelle à l'adaptation d'une pièce pour le grand écran, c'est qu'on se retrouve dans un décor relativement clos, et qu'il s'agit de trouver un style visuel cinématographique. Ceci dit, le scénario se prêtait très bien aux scènes d'extérieurs. L'avantage de tourner à Osage County, c'est qu'on a pu y tourner les scènes en voiture et les lieux où se rendent nos personnages –et cela nous a permis de nous donner une idée de l'étendue de la région.
D'une certaine façon, ces plaines ont fait des habitants des survivants. À bien des égards, la pièce et le film parlent de notre volonté de nous en sortir, quelles que soient les circonstances. En tournant en extérieurs et en situant l'intrigue dans cette région magnifique mais sauvage, on arrive à se représenter les pionniers qui ont habité ces lieux et les efforts qu'ils ont dû faire pour survivre. On a pris pas mal de décisions importantes en discutant avec Tracy pour savoir si telle ou telle scène devait, en toute logique, être tournée à tel ou tel endroit, en intérieur ou en extérieur. J'y ai pris beaucoup de plaisir, et je crois que cela a enrichi la dramaturgie du film. Les comédiens nous ont dit qu'en tournant en décors réels, ils ont bien mieux compris ce que leurs personnages et la famille ont enduré.
Ce qui est formidable lorsque des acteurs tournent en décors réels, et notamment quand ils campent une famille, c'est qu'ils nouent des liens familiaux, puisqu'ils prennent leurs repas ensemble et qu'ils passent beaucoup de temps les uns avec les autres. Ils trouvent des choses à faire ensemble et il se crée une proximité entre eux, comme à chaque fois qu'on est loin de chez soi. Et puis, quand on vit pendant quelque temps sur place, que l'on rencontre les habitants d'Osage County et qu'on apprend à les connaître, ou que l'on fréquente les restaurants du coin, on commence à comprendre ses habitants.
La région a souvent été caricaturée sur le plan politique, et on se fait en général une idée stéréotypée de ses habitants. Et pourtant, quand on passe du temps dans une région et qu'on y rencontre les gens, on se rend compte qu'on n'est pas si différent d'eux et qu'on a connu les mêmes difficultés. Car bien qu'on ne vienne pas du même endroit, certaines épreuves sont universelles. Le film raconte une histoire universelle sur la famille et la manière dont les familles se rassemblent. Je suis très sensible au fait que les acteurs se soient imprégnés des lieux de tournage, plutôt qu'ils ne s'appuient que sur l'idée qu'ils s'en font.
Vous aviez déjà travaillé avec George Clooney, qui fait partie des producteurs du film ?
Oui, ça fait longtemps qu'on se connaît, George et moi. On s'est rencontrés sur la série Urgences qui, aussi difficile à croire que ça puisse paraître, remonte à une vingtaine d'années ! Bien évidemment, depuis notre collaboration, George a connu une carrière d'acteur fulgurante, mais aussi de réalisateur, de producteur et de scénariste. Lorsque The Weinstein Company a acquis les droits d'adaptation, on a cherché quelqu'un pour produire le film. Avec Harvey, on s'est souvenu que George et Grant s'intéressaient au projet. Du coup, on leur a envoyé le scénario pour voir s'ils étaient toujours intéressés. Ce qui est formidable, c'est qu'ils nous ont apporté tout leur savoir-faire. Jean Doumanian et Steve Traxler, qui avaient produit la pièce à Broadway et participé au développement du scénario, ont aussi fait partie de l'aventure.
Quel est votre meilleur souvenir de ce tournage ?
Comme toujours, ce sont les gens avec qui j'ai travaillé. Dans le cas de ce film, je pense au chef-décorateur, à la chef-costumière et au chef-opérateur, qui sont tous formidables. Sans parler des comédiens. Franchement, quand on tourne une scène de repas, et qu'on se rend compte qu'on a Meryl Streep, Julia Roberts, Dermot Mulroney, Chris Cooper, Abigail Breslin, Julianne Nicholson, Juliette Lewis, Margo Martindale et Ewan McGregor autour de la table, on se dit qu'on a une chance hallucinante ! C'est un vrai bonheur de voir ce scénario magnifique se concrétiser à l'image et ces acteurs s'approprier leurs personnages.
Un été à Osage County, un film de John Wells,
avec Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor, Chris Cooper, Abigail Breslin, Benedict Cumberbatch, Juliette Lewis, Margo Martindale, Dermot Mulroney, Julianne Nicholson, Sam Shepard et Misty Upham
Sortie le 26 février 2014
Durée : 1h59
D’après la pièce « August : Osage County de Tracy Letts », lauréate du prix Pulitzer et du Tony Award
Je n'aurais jamais imaginé tourner dans l'Oklahoma, et encore moins à Osage County, tout simplement parce que c'est une région un peu enclavée pour la profession du cinéma que je ne connaissais pas. J'ai déjà traversé l'Oklahoma en voiture, puisque je suis du Colorado, et je connaissais donc la région des plaines. Je me suis d'abord rendu sur place pour voir à quoi ça ressemblait, si bien que lorsqu'on est allé dans d'autres États pour les repérages, j'avais une idée précise de ce que je recherchais. Et puis, on est arrivé dans cette région, et j'ai trouvé que les paysages avaient une beauté sauvage qui leur était propre. Et j'ai soudain pris conscience que la région et les habitants, à travers leur élocution notamment, étaient tellement à part qu'on aurait beaucoup de mal à trouver un autre site semblable. Du coup, on a commencé à envisager sérieusement d'y tourner le film.
L'équipe Repérages a déniché cette magnifique maison qui se situe à une quarantaine de minutes en voiture de Bartlesville. Quand on est allés la visiter, je me suis dit : « Elle est exactement telle que je me l'imaginais ». Une fois à l'intérieur, je me suis rendu compte qu'elle était parfaitement aménagée pour les besoins du tournage, grâce à ses immenses et magnifiques vérandas et à son terrain. On l'a carrément achetée à ses propriétaires qui l'avaient mise en vente et qui l'occupaient.
C'était une formidable expérience pour nous tous car on a vraiment le sentiment que la maison fait partie intégrante de la famille. Des gens y avaient vécu. Pendant les répétitions, on a d'ailleurs demandé aux acteurs de passer quelques nuits dans leurs chambres d'enfants. Ils s'y sont donc installés et y ont vécu. Et ils dînaient dans la salle à manger. Cela leur a permis de bien s'imprégner des lieux et, à mon avis, cela se voit dans l'intimité que les personnages entretiennent avec cette maison.
Comment avez-vous abordé le travail d'adaptation pour le cinéma ?
La plus grande difficulté quand on s'attelle à l'adaptation d'une pièce pour le grand écran, c'est qu'on se retrouve dans un décor relativement clos, et qu'il s'agit de trouver un style visuel cinématographique. Ceci dit, le scénario se prêtait très bien aux scènes d'extérieurs. L'avantage de tourner à Osage County, c'est qu'on a pu y tourner les scènes en voiture et les lieux où se rendent nos personnages –et cela nous a permis de nous donner une idée de l'étendue de la région.
D'une certaine façon, ces plaines ont fait des habitants des survivants. À bien des égards, la pièce et le film parlent de notre volonté de nous en sortir, quelles que soient les circonstances. En tournant en extérieurs et en situant l'intrigue dans cette région magnifique mais sauvage, on arrive à se représenter les pionniers qui ont habité ces lieux et les efforts qu'ils ont dû faire pour survivre. On a pris pas mal de décisions importantes en discutant avec Tracy pour savoir si telle ou telle scène devait, en toute logique, être tournée à tel ou tel endroit, en intérieur ou en extérieur. J'y ai pris beaucoup de plaisir, et je crois que cela a enrichi la dramaturgie du film. Les comédiens nous ont dit qu'en tournant en décors réels, ils ont bien mieux compris ce que leurs personnages et la famille ont enduré.
Ce qui est formidable lorsque des acteurs tournent en décors réels, et notamment quand ils campent une famille, c'est qu'ils nouent des liens familiaux, puisqu'ils prennent leurs repas ensemble et qu'ils passent beaucoup de temps les uns avec les autres. Ils trouvent des choses à faire ensemble et il se crée une proximité entre eux, comme à chaque fois qu'on est loin de chez soi. Et puis, quand on vit pendant quelque temps sur place, que l'on rencontre les habitants d'Osage County et qu'on apprend à les connaître, ou que l'on fréquente les restaurants du coin, on commence à comprendre ses habitants.
La région a souvent été caricaturée sur le plan politique, et on se fait en général une idée stéréotypée de ses habitants. Et pourtant, quand on passe du temps dans une région et qu'on y rencontre les gens, on se rend compte qu'on n'est pas si différent d'eux et qu'on a connu les mêmes difficultés. Car bien qu'on ne vienne pas du même endroit, certaines épreuves sont universelles. Le film raconte une histoire universelle sur la famille et la manière dont les familles se rassemblent. Je suis très sensible au fait que les acteurs se soient imprégnés des lieux de tournage, plutôt qu'ils ne s'appuient que sur l'idée qu'ils s'en font.
Vous aviez déjà travaillé avec George Clooney, qui fait partie des producteurs du film ?
Oui, ça fait longtemps qu'on se connaît, George et moi. On s'est rencontrés sur la série Urgences qui, aussi difficile à croire que ça puisse paraître, remonte à une vingtaine d'années ! Bien évidemment, depuis notre collaboration, George a connu une carrière d'acteur fulgurante, mais aussi de réalisateur, de producteur et de scénariste. Lorsque The Weinstein Company a acquis les droits d'adaptation, on a cherché quelqu'un pour produire le film. Avec Harvey, on s'est souvenu que George et Grant s'intéressaient au projet. Du coup, on leur a envoyé le scénario pour voir s'ils étaient toujours intéressés. Ce qui est formidable, c'est qu'ils nous ont apporté tout leur savoir-faire. Jean Doumanian et Steve Traxler, qui avaient produit la pièce à Broadway et participé au développement du scénario, ont aussi fait partie de l'aventure.
Quel est votre meilleur souvenir de ce tournage ?
Comme toujours, ce sont les gens avec qui j'ai travaillé. Dans le cas de ce film, je pense au chef-décorateur, à la chef-costumière et au chef-opérateur, qui sont tous formidables. Sans parler des comédiens. Franchement, quand on tourne une scène de repas, et qu'on se rend compte qu'on a Meryl Streep, Julia Roberts, Dermot Mulroney, Chris Cooper, Abigail Breslin, Julianne Nicholson, Juliette Lewis, Margo Martindale et Ewan McGregor autour de la table, on se dit qu'on a une chance hallucinante ! C'est un vrai bonheur de voir ce scénario magnifique se concrétiser à l'image et ces acteurs s'approprier leurs personnages.
Un été à Osage County, un film de John Wells,
avec Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor, Chris Cooper, Abigail Breslin, Benedict Cumberbatch, Juliette Lewis, Margo Martindale, Dermot Mulroney, Julianne Nicholson, Sam Shepard et Misty Upham
Sortie le 26 février 2014
Durée : 1h59
D’après la pièce « August : Osage County de Tracy Letts », lauréate du prix Pulitzer et du Tony Award