Plus de vingt ans après sa mort, le 14 avril 1986, Simone de Beauvoir reste incontestablement LE modèle de la femme libérée du 20ème siècle. Le « castor », comme la surnommait son compagnon, le philosophe Jean-Paul Sartre a été la plus jeune agrégée de son temps.
Elle a ensuite enseigné la philosophie et publié son premier roman, « L'invitée », en 1943. Six ans plus tard, la femme au chignon surmonté d’un éternel ruban va publier le « Deuxième sexe » dont les chapitres sur la sexualité et l'homosexualité féminine font scandale et suscite de furieux débats. Traduits en 40 langues, chacun des deux tomes de l'ouvrage s'est vendu depuis à plus d'un million d'exemplaires.
Elle obtient le prix Goncourt en 1951 avec son roman intitulé « Les mandarins ». Mais elle publie également en 1970 un essai intitulé « La vieillesse ». La célèbre philosophe, qui est également l’un des écrivains les plus lus au monde, s’attaque dans cet ouvrage à la société de consommation qui traite ses vieillards en parias, les condamnant à la misère, à la solitude, au désespoir.
« Tout le monde le sait, écrivait-elle à l’époque : la condition des vieilles gens est aujourd’hui scandaleuse ». Un livre malheureusement toujours d’actualité presque quarante ans plus tard… A lire. (voir encadré ci-dessous) .../...
Elle a ensuite enseigné la philosophie et publié son premier roman, « L'invitée », en 1943. Six ans plus tard, la femme au chignon surmonté d’un éternel ruban va publier le « Deuxième sexe » dont les chapitres sur la sexualité et l'homosexualité féminine font scandale et suscite de furieux débats. Traduits en 40 langues, chacun des deux tomes de l'ouvrage s'est vendu depuis à plus d'un million d'exemplaires.
Elle obtient le prix Goncourt en 1951 avec son roman intitulé « Les mandarins ». Mais elle publie également en 1970 un essai intitulé « La vieillesse ». La célèbre philosophe, qui est également l’un des écrivains les plus lus au monde, s’attaque dans cet ouvrage à la société de consommation qui traite ses vieillards en parias, les condamnant à la misère, à la solitude, au désespoir.
« Tout le monde le sait, écrivait-elle à l’époque : la condition des vieilles gens est aujourd’hui scandaleuse ». Un livre malheureusement toujours d’actualité presque quarante ans plus tard… A lire. (voir encadré ci-dessous) .../...
La vieillesse de Simone de Beauvoir : note de l’éditeur
Les vieillards sont-ils des hommes ? À voir la manière dont notre société les traite, il est permis d'en douter. Elle admet qu'ils n'ont ni les mêmes besoins ni les mêmes droits que les autres membres de la collectivité puisqu'elle leur refuse le minimum que ceux-ci jugent nécessaire ; elle les condamne délibérément à la misère, aux taudis, aux infirmités, à la solitude, au désespoir.
Pour apaiser sa conscience, ses idéologues ont forgé des mythes, d'ailleurs contradictoires, qui incitent l'adulte à voir dans le vieillard non pas son semblable mais un autre. Il est le Sage vénérable qui domine de très haut ce monde terrestre. Il est un vieux fou qui radote et extravague. Qu'on le situe au-dessus ou en dessous de notre espèce, en tout cas on l'en exile. Mais plutôt que de déguiser la réalité, on estime encore préférable de radicalement l'ignorer : la vieillesse est un secret honteux et un sujet interdit. Quand j'ai dit que j'y consacrais un livre, on s'est le plus souvent exclamé : « Quelle idée ! C'est triste ! C'est morbide ! »
C'est justement pourquoi j'ai écrit ces pages. J'ai voulu décrire en vérité la condition de ces parias et la manière dont ils la vivent, j'ai voulu faire entendre leur voix ; on sera obligé de reconnaître que c'est une voix humaine. On comprendra alors que leur malheureux sort dénonce l'échec de toute notre civilisation : impossible de le concilier avec la morale humaniste que professe la classe dominante. Celle-ci n'est pas seulement responsable d'une « politique de la vieillesse » qui confine à la barbarie. Elle a préfabriqué ces fins de vie désolées ; elles sont l'inéluctable conséquence de l'exploitation des travailleurs, de l'atomisation de la société, de la misère d'une culture réservée à un mandarinat.
Elles prouvent que tout est à reprendre dès le départ : le système mutilant qui est le nôtre doit être radicalement bouleversé. C'est pourquoi on évite si soigneusement d'aborder la question du dernier âge. C'est pourquoi il faut briser la conspiration du silence : je demande à mes lecteurs de m'y aider.
La vieillesse de Simone de Beauvoir
Essai
604 pages
27,50 euros
Gallimard, 1970
Quelques livres lui sont consacrés à l'occasion du 100e anniversaire de sa naissance.
Notamment, « Beauvoir dans tous ses états » d'Ingrid Galster (Tallandier), « Castor de guerre » de Danielle Sallenave (Gallimard), « Simone de Beauvoir » d'Huguette Bouchardeau (Flammarion), « Simone de Beauvoir, Une femme de son siècle » de Marianne Stjepanovic-Pauly (Jasmin) et « Simone de Beauvoir. Le goût d'une vie » de Jean-Luc Moreau (Ecritures). Plusieurs de ses écrits sont également réédités, notamment dans la collection Folio.
Pour apaiser sa conscience, ses idéologues ont forgé des mythes, d'ailleurs contradictoires, qui incitent l'adulte à voir dans le vieillard non pas son semblable mais un autre. Il est le Sage vénérable qui domine de très haut ce monde terrestre. Il est un vieux fou qui radote et extravague. Qu'on le situe au-dessus ou en dessous de notre espèce, en tout cas on l'en exile. Mais plutôt que de déguiser la réalité, on estime encore préférable de radicalement l'ignorer : la vieillesse est un secret honteux et un sujet interdit. Quand j'ai dit que j'y consacrais un livre, on s'est le plus souvent exclamé : « Quelle idée ! C'est triste ! C'est morbide ! »
C'est justement pourquoi j'ai écrit ces pages. J'ai voulu décrire en vérité la condition de ces parias et la manière dont ils la vivent, j'ai voulu faire entendre leur voix ; on sera obligé de reconnaître que c'est une voix humaine. On comprendra alors que leur malheureux sort dénonce l'échec de toute notre civilisation : impossible de le concilier avec la morale humaniste que professe la classe dominante. Celle-ci n'est pas seulement responsable d'une « politique de la vieillesse » qui confine à la barbarie. Elle a préfabriqué ces fins de vie désolées ; elles sont l'inéluctable conséquence de l'exploitation des travailleurs, de l'atomisation de la société, de la misère d'une culture réservée à un mandarinat.
Elles prouvent que tout est à reprendre dès le départ : le système mutilant qui est le nôtre doit être radicalement bouleversé. C'est pourquoi on évite si soigneusement d'aborder la question du dernier âge. C'est pourquoi il faut briser la conspiration du silence : je demande à mes lecteurs de m'y aider.
La vieillesse de Simone de Beauvoir
Essai
604 pages
27,50 euros
Gallimard, 1970
Quelques livres lui sont consacrés à l'occasion du 100e anniversaire de sa naissance.
Notamment, « Beauvoir dans tous ses états » d'Ingrid Galster (Tallandier), « Castor de guerre » de Danielle Sallenave (Gallimard), « Simone de Beauvoir » d'Huguette Bouchardeau (Flammarion), « Simone de Beauvoir, Une femme de son siècle » de Marianne Stjepanovic-Pauly (Jasmin) et « Simone de Beauvoir. Le goût d'une vie » de Jean-Luc Moreau (Ecritures). Plusieurs de ses écrits sont également réédités, notamment dans la collection Folio.