Aujourd’hui, chacun doit trouver et faire sa place, s’intégrer, s’insérer par soi-même et se faire accepter par les autres. Chacun choisit ses relations, il est en retour choisi ou pas. Aucune place n’est semble-t-il acquise, octroyée naturellement, garantie à personne. Les individus sont de moins en moins définis par des appartenances héritées. Pourtant être en relation est indispensable pour exister : c’est l’exercice de l’altérité qui donne à la personne la capacité d’être un sujet. L’accès de chacun à de nombreuses ressources (accès aux services, aux droits, à l’emploi…) dépend de l’appui de son réseau ou de son entourage qui ouvre les portes, traduit les complexités, indique les chemins à prendre ou assure une médiation.
Les réseaux relationnels sont accessibles à ceux qui sont reconnus facilement par les autres, pour leur rôle, leur culture, leur utilité sociale ou pour ce qu’ils apportent potentiellement en retour ; ils peuvent choisir et sont plus facilement eux-mêmes choisis. Mais pour les plus pauvres, les plus fragiles d’entre nous, l’accès aux relations devient une vraie difficulté. La solitude se referme sur beaucoup d’entre nous lorsque l’on est sans emploi, pas compétitif ou, lorsqu’avec l’avancée en âge, les capacités physiques et intellectuelles pour s’adapter et l’énergie affective pour accepter les ruptures et conquérir de nouvelles relations, s’amenuisent. L’isolement devient profond et, lorsque l’on aborde seul la fin de sa vie, inhumain.
Celui qui reste seul se pense banni. Il doit se battre contre l’a priori social et le sentiment qu’il mérite cette mise à part. Cette perte de l’estime de soi entraine dépression et désespérance. Devant ce manque réel de convivialité et le nombre massif de personnes concernées par cette nouvelle souffrance sociale, il faut éviter l’amalgame entre individualisation et montée des égoïsmes. Les nouvelles formes d’engagement sont en marche, des initiatives citoyennes apparaissent, une économie de l’échange et de la gratuité se réinvente. Des réseaux de voisinage, de proximité, les plus accessibles à ceux qui n’ont que peu de moyens d’accéder à des relations électives, se reconfigurent et tentent de reconstituer de l’entraide proche dans notre société d’individus mobiles.
D’autres logiques communautaires ancestrales et inquiétantes réapparaissent aussi dans le même temps pour répondre au vide d’appartenance. Les nouvelles technologies de l’information favorisent les échanges, rapprochent les mondes et les gens, multiplient les offres identitaires, d’engagements et de croyances, ouvrent de nouveaux espaces d’échanges. Elles servent et facilitent les innovations sociales qui renforcent la République mais favorisent aussi, indifféremment et sans distinction, les retours aux archaïsmes, terreau des engagements extrêmes.
Renforcer la fraternité, c’est réinventer, déployer et rendre accessible à tous des modes de relations proches, conviviales, soutenantes, choisies, ouvertes, réciproques, respectueuses des différences. Ces innovations sociales sont indispensables, elles doivent être soutenues, multipliées, accélérées. C’est une véritable urgence de société. Elles sont le fruit de l’initiative et de l’engagement de citoyens qui, quels que soient leur âge ou leur situation, s’engagent librement, volontairement et avec leurs convictions propres et dans le respect de la valeur intrinsèque et inestimable de chaque personne humaine.
Ce retournement de la question sociale -de la lutte pour l’émancipation à la lutte contre l’isolement social- déconcerte. Les moyens de l’Etat providence pour émanciper, éduquer, solvabiliser les citoyens pour les libérer des emprises communautaires n’ont pas été conçus pour les protéger de l’isolement social. Une alliance renouvelée et réaffirmée entre les solidarités publiques et les solidarités d’engagement des citoyens s’impose. Il devient clair que sans fraternité, il est impossible de garantir la liberté et l’égalité.
La fraternité républicaine doit s’inventer avec et pour la liberté individuelle et l’égalité de tous.
Jean-François Serres
Référent national Monalisa
Bertrand Ousset
Président de l’association Monalisa
Les réseaux relationnels sont accessibles à ceux qui sont reconnus facilement par les autres, pour leur rôle, leur culture, leur utilité sociale ou pour ce qu’ils apportent potentiellement en retour ; ils peuvent choisir et sont plus facilement eux-mêmes choisis. Mais pour les plus pauvres, les plus fragiles d’entre nous, l’accès aux relations devient une vraie difficulté. La solitude se referme sur beaucoup d’entre nous lorsque l’on est sans emploi, pas compétitif ou, lorsqu’avec l’avancée en âge, les capacités physiques et intellectuelles pour s’adapter et l’énergie affective pour accepter les ruptures et conquérir de nouvelles relations, s’amenuisent. L’isolement devient profond et, lorsque l’on aborde seul la fin de sa vie, inhumain.
Celui qui reste seul se pense banni. Il doit se battre contre l’a priori social et le sentiment qu’il mérite cette mise à part. Cette perte de l’estime de soi entraine dépression et désespérance. Devant ce manque réel de convivialité et le nombre massif de personnes concernées par cette nouvelle souffrance sociale, il faut éviter l’amalgame entre individualisation et montée des égoïsmes. Les nouvelles formes d’engagement sont en marche, des initiatives citoyennes apparaissent, une économie de l’échange et de la gratuité se réinvente. Des réseaux de voisinage, de proximité, les plus accessibles à ceux qui n’ont que peu de moyens d’accéder à des relations électives, se reconfigurent et tentent de reconstituer de l’entraide proche dans notre société d’individus mobiles.
D’autres logiques communautaires ancestrales et inquiétantes réapparaissent aussi dans le même temps pour répondre au vide d’appartenance. Les nouvelles technologies de l’information favorisent les échanges, rapprochent les mondes et les gens, multiplient les offres identitaires, d’engagements et de croyances, ouvrent de nouveaux espaces d’échanges. Elles servent et facilitent les innovations sociales qui renforcent la République mais favorisent aussi, indifféremment et sans distinction, les retours aux archaïsmes, terreau des engagements extrêmes.
Renforcer la fraternité, c’est réinventer, déployer et rendre accessible à tous des modes de relations proches, conviviales, soutenantes, choisies, ouvertes, réciproques, respectueuses des différences. Ces innovations sociales sont indispensables, elles doivent être soutenues, multipliées, accélérées. C’est une véritable urgence de société. Elles sont le fruit de l’initiative et de l’engagement de citoyens qui, quels que soient leur âge ou leur situation, s’engagent librement, volontairement et avec leurs convictions propres et dans le respect de la valeur intrinsèque et inestimable de chaque personne humaine.
Ce retournement de la question sociale -de la lutte pour l’émancipation à la lutte contre l’isolement social- déconcerte. Les moyens de l’Etat providence pour émanciper, éduquer, solvabiliser les citoyens pour les libérer des emprises communautaires n’ont pas été conçus pour les protéger de l’isolement social. Une alliance renouvelée et réaffirmée entre les solidarités publiques et les solidarités d’engagement des citoyens s’impose. Il devient clair que sans fraternité, il est impossible de garantir la liberté et l’égalité.
La fraternité républicaine doit s’inventer avec et pour la liberté individuelle et l’égalité de tous.
Jean-François Serres
Référent national Monalisa
Bertrand Ousset
Président de l’association Monalisa
L’isolement des personnes âgées en France est une réalité. On estime ainsi que de nos jours, 1,5 millions d’ainés doit faire face à la solitude dans notre pays. Une solitude qui nous indigne plus particulièrement en ces fêtes de fin d’année mais contre laquelle il faut lutter au jour le jour… Dans cet esprit, le collectif Monalisa a lancé fin 2014 une grande campagne de lutte contre l’isolement des seniors.