En quoi a consisté cette première réunion du comité d’appui pour l’encadrement des PSNC ?
Introduite par la ministre Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé, la réunion a été l’occasion, pour la tutelle, de rappeler ses travaux initiés dans le domaine en 2009 et sa volonté de relancer cette dynamique autour des médecines complémentaires.
Son objectif est d’agir pour la qualité et la sécurité des soins des usagers du système de santé.
De nombreux acteurs étaient présents autour de la table : instances gouvernementales (Direction générale de la santé, Haute Autorité de santé, Inserm), représentants des professionnels de santé avec des Ordres professionnels (ordres des médecins, des infirmiers, des pharmaciens…), des associations de patients telles que La Ligue contre le cancer.
Enfin, il y a une petite représentativité d’associations œuvrant dans le domaine avec le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic), représenté notamment par le Pr Julien Nizard, une autre association qui philosophiquement se présente contre l’ensemble de ces pratiques et enfin l’A-MCA, qui détient une expertise transversale et pointue du sujet.
Chacun a pu présenter sa structure et exposer ses travaux et ses missions. L’A-MCA a notamment présenté ses deux rapports collectifs élaborés par ses experts.
Le premier de 2021 visant à donner des repères et recommandations autour des grands enjeux dans le domaine : définitions, formation des praticiens, critères d’intégration/d’exclusion, grille de risques et de dérives.
Le second de 2022 proposant des critères qualité et sécurité des pratiques du point de vue des praticiens, des usagers et des organisations. Elle a également pu présenter sa raison d’être, ses objectifs et ses actions dans le domaine.
Son objectif est d’agir pour la qualité et la sécurité des soins des usagers du système de santé.
De nombreux acteurs étaient présents autour de la table : instances gouvernementales (Direction générale de la santé, Haute Autorité de santé, Inserm), représentants des professionnels de santé avec des Ordres professionnels (ordres des médecins, des infirmiers, des pharmaciens…), des associations de patients telles que La Ligue contre le cancer.
Enfin, il y a une petite représentativité d’associations œuvrant dans le domaine avec le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic), représenté notamment par le Pr Julien Nizard, une autre association qui philosophiquement se présente contre l’ensemble de ces pratiques et enfin l’A-MCA, qui détient une expertise transversale et pointue du sujet.
Chacun a pu présenter sa structure et exposer ses travaux et ses missions. L’A-MCA a notamment présenté ses deux rapports collectifs élaborés par ses experts.
Le premier de 2021 visant à donner des repères et recommandations autour des grands enjeux dans le domaine : définitions, formation des praticiens, critères d’intégration/d’exclusion, grille de risques et de dérives.
Le second de 2022 proposant des critères qualité et sécurité des pratiques du point de vue des praticiens, des usagers et des organisations. Elle a également pu présenter sa raison d’être, ses objectifs et ses actions dans le domaine.
Quels sont les axes de travail annoncés par le ministère de la Santé et quel est votre avis dessus ?
Trois axes spécifiques vont être travaillés collectivement : l’enjeu d’une cartographie des pratiques et de leur évaluation ; la notion de formation des praticiens issus d’une profession de santé ; le parcours patients et l’accès aux pratiques complémentaires.
Ces enjeux sont clairement fondamentaux car si un consensus ressort des réunions trimestrielles entre les membres du comité, il offrirait aux usagers du système de santé une meilleure lisibilité du parcours patient en général.
Cela étant, ces enjeux impliquent pour l’A-MCA, d’autres aspects à explorer qui sont intimement liés à ces trois axes. Nous les ferons naturellement remonter de manière structurée tel que cela a été proposé par le Ministère à tous les membres du comité.
Nous pouvons tous être force de propositions en lien avec nos expertises respectives, ce qui est sans doute l’une des forces de la démarche.
Ainsi, la notion de cartographie implique de s’entendre préalablement sur ce que sont les pratiques complémentaires. Par exemple, le comité intègre-t-il des pratiques actuellement recommandées par les autorités sans pour autant être validés tels que la socio-esthétique largement déployés dans le cadre des soins de support ?
Concernant l’évaluation des pratiques, il est nécessaire de rappeler que le temps de la recherche n’est pas celui du terrain. Si l’usage est immédiat, la recherche, elle, se conçoit dans la durée. De fait, que faut-il évaluer en priorité ? Que faire des pratiques qui bénéficient de normes de formations sans pour autant être validées ? Constituent-elles des pratiques prioritaires pour la recherche ?
Enfin, la méthode d’évaluation a été évoquée par l’INSERM avec l’importance d’intégrer le patient dans la démarche. Cette réflexion renvoie à l’articulation pertinente des méthodes quantitatives et qualitatives et des sciences médicales, humaines et sociales.
Pour l’axe formation, il est effectivement essentiel d’homogénéiser les formations universitaires des praticiens issus des professions de santé et le Pr Nizard qui œuvre dans ce sens depuis des années l’a d’ailleurs rappelé lors de sa prise de parole.
Sur un volet connexe, si l’on souhaite pleinement répondre à l’enjeu qualité/sécurité, il importe aussi de se positionner concernant les formations non universitaires. Notamment celles habilitées à délivrer le titre RNCP relevant du Ministère du Travail.
Les modèles de formations hors université sont multiples, et les praticiens issus des métiers du bien-être sont actuellement plus nombreux que les professionnels de santé qui les proposent. Le fait est aussi qu’une fois sorti de l’hôpital, un patient cherche à s’orienter vers des praticiens dont nombreux sont issus de professions du « bien-être ».
En l’absence de cadre et d’homogénéité des formations, le risque de se retrouver face à un praticien formé en un week-end est considérable…
Autrement dit, dans les deux cas de formation (universitaire ou non), elles sont hétérogènes et ce même pour une seule pratique. J’espère que le comité ne fera pas l’impasse sur cette question, ne serait-ce que pour clarifier le « qui peut faire quoi, comment, quand et sous quelles conditions » ?
Le parcours patient est un aspect fondamental car il permettrait de mieux structurer les pratiques en milieu de soin.
Mais à l’ère du ministère de la santé et de la prévention il importe également d’avoir une réflexion plus large en intégrant aussi les usagers en santé, car nombre de personnes ont recours aux pratiques complémentaires dans une visée de bien-être et non uniquement à des fins thérapeutiques.
En tenir compte permettrait d’assurer la qualité/sécurité en dehors des milieux de soin, ce qui est essentiel au regard de la multiplication des pratiques dans notre société.
Enfin, la question de la réglementation des pratiques est également centrale et étroitement reliée à celle de la formation car elle permet de délimiter clairement les champs d’interventions des professionnels.
Cela permettrait de poser les fondamentaux et de distinguer les compétences des professionnels s’inscrivant dans le domaine du bien-être pour les praticiens ou dans une dimension thérapeutique spécifique aux professionnels du soin.
Oser autoriser ou interdire n’est pas chose aisée mais cela peut permettre d’initier une véritable démarche qualité/sécurité. Par exemple en autorisant certains métiers du bien-être sous condition de formation solidement établies ou au contraire en interdisant l’existence de formation express.
Ces enjeux sont clairement fondamentaux car si un consensus ressort des réunions trimestrielles entre les membres du comité, il offrirait aux usagers du système de santé une meilleure lisibilité du parcours patient en général.
Cela étant, ces enjeux impliquent pour l’A-MCA, d’autres aspects à explorer qui sont intimement liés à ces trois axes. Nous les ferons naturellement remonter de manière structurée tel que cela a été proposé par le Ministère à tous les membres du comité.
Nous pouvons tous être force de propositions en lien avec nos expertises respectives, ce qui est sans doute l’une des forces de la démarche.
Ainsi, la notion de cartographie implique de s’entendre préalablement sur ce que sont les pratiques complémentaires. Par exemple, le comité intègre-t-il des pratiques actuellement recommandées par les autorités sans pour autant être validés tels que la socio-esthétique largement déployés dans le cadre des soins de support ?
Concernant l’évaluation des pratiques, il est nécessaire de rappeler que le temps de la recherche n’est pas celui du terrain. Si l’usage est immédiat, la recherche, elle, se conçoit dans la durée. De fait, que faut-il évaluer en priorité ? Que faire des pratiques qui bénéficient de normes de formations sans pour autant être validées ? Constituent-elles des pratiques prioritaires pour la recherche ?
Enfin, la méthode d’évaluation a été évoquée par l’INSERM avec l’importance d’intégrer le patient dans la démarche. Cette réflexion renvoie à l’articulation pertinente des méthodes quantitatives et qualitatives et des sciences médicales, humaines et sociales.
Pour l’axe formation, il est effectivement essentiel d’homogénéiser les formations universitaires des praticiens issus des professions de santé et le Pr Nizard qui œuvre dans ce sens depuis des années l’a d’ailleurs rappelé lors de sa prise de parole.
Sur un volet connexe, si l’on souhaite pleinement répondre à l’enjeu qualité/sécurité, il importe aussi de se positionner concernant les formations non universitaires. Notamment celles habilitées à délivrer le titre RNCP relevant du Ministère du Travail.
Les modèles de formations hors université sont multiples, et les praticiens issus des métiers du bien-être sont actuellement plus nombreux que les professionnels de santé qui les proposent. Le fait est aussi qu’une fois sorti de l’hôpital, un patient cherche à s’orienter vers des praticiens dont nombreux sont issus de professions du « bien-être ».
En l’absence de cadre et d’homogénéité des formations, le risque de se retrouver face à un praticien formé en un week-end est considérable…
Autrement dit, dans les deux cas de formation (universitaire ou non), elles sont hétérogènes et ce même pour une seule pratique. J’espère que le comité ne fera pas l’impasse sur cette question, ne serait-ce que pour clarifier le « qui peut faire quoi, comment, quand et sous quelles conditions » ?
Le parcours patient est un aspect fondamental car il permettrait de mieux structurer les pratiques en milieu de soin.
Mais à l’ère du ministère de la santé et de la prévention il importe également d’avoir une réflexion plus large en intégrant aussi les usagers en santé, car nombre de personnes ont recours aux pratiques complémentaires dans une visée de bien-être et non uniquement à des fins thérapeutiques.
En tenir compte permettrait d’assurer la qualité/sécurité en dehors des milieux de soin, ce qui est essentiel au regard de la multiplication des pratiques dans notre société.
Enfin, la question de la réglementation des pratiques est également centrale et étroitement reliée à celle de la formation car elle permet de délimiter clairement les champs d’interventions des professionnels.
Cela permettrait de poser les fondamentaux et de distinguer les compétences des professionnels s’inscrivant dans le domaine du bien-être pour les praticiens ou dans une dimension thérapeutique spécifique aux professionnels du soin.
Oser autoriser ou interdire n’est pas chose aisée mais cela peut permettre d’initier une véritable démarche qualité/sécurité. Par exemple en autorisant certains métiers du bien-être sous condition de formation solidement établies ou au contraire en interdisant l’existence de formation express.
Pour les seniors, votre point de vue, quels apports peut constituer le bilan de ce comité ?
De nombreux apports potentiels naturellement. Avant tout, celui de réduire les risques liés à certaines pratiques qui abusent de la fragilité de personnes fragiles et âgées.
Mais aussi celui de favoriser l’accès à des pratiques adaptées qui seraient proposées par des praticiens solidement formés et qui interviendraient exclusivement dans leurs domaines de compétences. Enfin, à un niveau institutionnel, cela permettrait aux Ehpad, résidences services ou associations de patients qui déploient déjà de nombreuses pratiques de mieux structurer leur démarche.
La demande de terrain est importante. Par exemple, je suis récemment intervenue pour la Croix Rouge dans le cadre d’un partenariat avec l’A-MCA. À la Croix Rouge, de nombreux dirigeants ont depuis longtemps intégré différentes pratiques au sein de leur établissements respectifs : yoga, aromathérapie, zoothérapie, art-thérapie…
J’ai été peu étonnée des nombreuses réflexions des dirigeants fortement engagés pour la thématique mais en demande de repères et de critères pour faciliter leur action. En l’absence de structuration, ce type d’initiatives réclame une démarche solidement réfléchie et coordonnée et peu aisée.
Mais aussi celui de favoriser l’accès à des pratiques adaptées qui seraient proposées par des praticiens solidement formés et qui interviendraient exclusivement dans leurs domaines de compétences. Enfin, à un niveau institutionnel, cela permettrait aux Ehpad, résidences services ou associations de patients qui déploient déjà de nombreuses pratiques de mieux structurer leur démarche.
La demande de terrain est importante. Par exemple, je suis récemment intervenue pour la Croix Rouge dans le cadre d’un partenariat avec l’A-MCA. À la Croix Rouge, de nombreux dirigeants ont depuis longtemps intégré différentes pratiques au sein de leur établissements respectifs : yoga, aromathérapie, zoothérapie, art-thérapie…
J’ai été peu étonnée des nombreuses réflexions des dirigeants fortement engagés pour la thématique mais en demande de repères et de critères pour faciliter leur action. En l’absence de structuration, ce type d’initiatives réclame une démarche solidement réfléchie et coordonnée et peu aisée.
Au regard des thématiques abordées, l’A-MCA a donc toute sa place au sein de ce comité…
Tout à fait. En raison de ses différentes missions et de l’étendue des acteurs avec lesquels elle travaille (universitaires, usagers, praticiens, institutionnels) ou coopère (Ehpad, associations, écoles…), l’A-MCA est au fait des pratiques et des situations complexes.
Elle mesure au quotidien la place des médecines complémentaires sur le terrain, dans le quotidien des usagers comme des praticiens. Nous sommes au fait de situations alarmantes (pseudo pratiques, formations express, dérives de praticiens…) mais avons peu de leviers d’actions. Nous sommes aussi au fait des initiatives structurantes et innovantes dans le domaine.
Je pense par exemple au centre intégratif au CHU de Bordeaux porté par le Dr Marie FLOCCIA en faveur notamment de personnes âgées dépendantes. Ce sont ces démarches qu’il importe naturellement de soutenir.
Nous sommes ravis de contribuer à ce travail collectif. Bien-sûr, les sensibilités sont variées et nous avons pu entendre des positions souvent très fermées à l’égard des pratiques complémentaires. Les arguments sont variés et lorsqu’ils se fondent sur des risques de dérives, il y a clairement des points de convergence.
La démarche d’interdiction et de répression devrait donc assez naturellement faire consensus. Concernant le regard plus positif à l’égard de ces pratiques, comme l’a rappelé le Pr Ninot, « le combat visant à les interdire est perdu » du fait de l’engouement des français envers ces pratiques.
En effet, l’enjeu n’est pas d’interdire philosophiquement mais d’estimer ce qui peut être autorisé ou non dans une démarche articulant qualité et sécurité. Concernant l’enjeu d’évaluation et formations que nous partageons avec le CUMIC et l’INSERM, ce sera au comité dans son ensemble de se positionner.
Quoi qu’il en soit, la démarche initiée par le ministère est salutaire, espérons qu’elle puisse être vertueuse. Nous sommes pleinement engagés en ce sens et nous œuvrons d’ores et déjà en interne pour faire remonter des propositions concrètes et structurées.
Elle mesure au quotidien la place des médecines complémentaires sur le terrain, dans le quotidien des usagers comme des praticiens. Nous sommes au fait de situations alarmantes (pseudo pratiques, formations express, dérives de praticiens…) mais avons peu de leviers d’actions. Nous sommes aussi au fait des initiatives structurantes et innovantes dans le domaine.
Je pense par exemple au centre intégratif au CHU de Bordeaux porté par le Dr Marie FLOCCIA en faveur notamment de personnes âgées dépendantes. Ce sont ces démarches qu’il importe naturellement de soutenir.
Nous sommes ravis de contribuer à ce travail collectif. Bien-sûr, les sensibilités sont variées et nous avons pu entendre des positions souvent très fermées à l’égard des pratiques complémentaires. Les arguments sont variés et lorsqu’ils se fondent sur des risques de dérives, il y a clairement des points de convergence.
La démarche d’interdiction et de répression devrait donc assez naturellement faire consensus. Concernant le regard plus positif à l’égard de ces pratiques, comme l’a rappelé le Pr Ninot, « le combat visant à les interdire est perdu » du fait de l’engouement des français envers ces pratiques.
En effet, l’enjeu n’est pas d’interdire philosophiquement mais d’estimer ce qui peut être autorisé ou non dans une démarche articulant qualité et sécurité. Concernant l’enjeu d’évaluation et formations que nous partageons avec le CUMIC et l’INSERM, ce sera au comité dans son ensemble de se positionner.
Quoi qu’il en soit, la démarche initiée par le ministère est salutaire, espérons qu’elle puisse être vertueuse. Nous sommes pleinement engagés en ce sens et nous œuvrons d’ores et déjà en interne pour faire remonter des propositions concrètes et structurées.