Dis-moi combien tu bois, je te dirai l’état de tes reins par le professeur Marc Fantino

A l’occasion des Journées Francophones de Nutrition (JFN), Marc Fantino, Professeur à la faculté de Médecine de Dijon et membre de l’Observatoire Hydratation et Santé de Danone Eaux France, a animé un symposium sur la thématique « Boire plus d’eau, quel impact pour notre santé ? ». Tribune libre.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Mercredi 18 Décembre 2013

La canicule de 2003 nous a appris que la déshydratation par insuffisance d’apports d’eau pouvait avoir de graves conséquences pour la santé, parfois mortelles par déshydratation aiguë pour les sujets les plus fragiles, notamment les personnes âgées.
 
Mais la population à risque est beaucoup plus large. Fautes d’études scientifiques, la relation entre consommation hydrique et santé rénale fut un thème longtemps négligé. Mais des travaux récents indiquent qu’un faible apport d’eau chronique peut être très délétère pour le rein qui a besoin d’eau pour bien fonctionner.
 
Certes la lithiase rénale et l’infection urinaire, favorisées par une consommation hydrique quotidienne insuffisante, étaient des risques classiquement documentés. Mais un autre danger, beaucoup plus insidieux, résulte d’une modification du métabolisme propre des cellules des tubules rénaux lorsque leur travail de concentration des urines est accru pour compenser un déficit hydrique.
 
Le professeur Tack indique, entre autres, que des données épidémiologiques récentes montrent une association négative entre le volume hydrique quotidiennement consommé et la fréquence des maladies rénales chroniques. Mais si ces études épidémiologiques ne peuvent que susciter l’hypothèse qu’un habituel faible apport d’eau favorise l’apparition de ces néphropathies, seul le décryptage des mécanismes physiopathologiques peut en apporter la confirmation.
 
Or, des travaux en cours, d’équipes nord et centre-américaines, permettent d’entrevoir comment une hypo-hydratation récurrente peut provoquer une atteinte tubulo-interstitielle rénale en modifiant le métabolisme du fructose dont la production endogène est accrue par l’hyper-osmolarité due à la déshydratation.
 
Ces observations posent la double question des apports hydriques nécessaires pour se prémunir de tels dommages rénaux, et de savoir si les apports habituels de nos concitoyens couvrent ces besoins. En ce qui concerne les recommandations officielles, on ne peut qu’être surpris que ni le PNNS, ni l’INPES ne proposent, à côté des recommandations en matière d’activité physique et d’alimentation, d’utiles repères de consommation hydrique pour la population générale. D’autres agences officielles, notamment l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) recommandent un apport quotidien de 2 litres d’eau pour les femmes et de 2,5 litres pour les hommes.
 
Or, les données de consommations, comme le montre Pascale Hébel (Crédoc), indiquent qu’une proportion notable de la population française reste très éloignée de ces niveaux d’apports de sécurité. Il apparaît donc absolument nécessaire et urgent de disposer en France de repères de consommation hydriques clairs et simples. Aussi souhaitons que, dans le cadre de la réactualisation en 2014 des « Apports Nutritionnels Recommandés pour la population française », l’ANSES comble cette lacune et qu’un repère de consommation PNNS suive sans tarder




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